Un livre personnel et saisissant sur la fratrie de l’autrice.
Tout part du décès de la mère de l’autrice. Un décès qui agit chez Delphine de Vigan comme un déclic. Elle sent que son prochain livre aura sa mère pour personnage central. Elle sent qu’il ne peut pas en être autrement. C’est le second récit à ce moment-là qu’elle écrit d’une manière aussi personnelle, après « Jours sans faim » inspiré d’un épisode d’hospitalisation plus jeune.
Sa mère peut alors devenir un personnage et l’autrice se lance dans l’écriture de « Rien ne s’oppose à la nuit ». Un livre fort qui décrit une famille, sa famille. Des vies qu’elle reconstitue au fil des témoignages qu’elle recueille. Des trajectoires de vie affectées par les non-dits, des trajectoires de vie impactées par la santé mentale, qui a une place prépondérante dans la fratrie. C’est aussi un livre qui décrit son processus d’écriture, ce qu’il entraine et ce qu’il met en branle chez la romancière. Dans plusieurs passages Delphine de Vigan parle à la première personne pour prendre du recul par rapport à son projet, par rapport au passé de sa mère. Un recul qui apparait de plus en plus nécessaire au fur et à mesure qu’elle avance dans l’écriture de « Rien ne s’oppose à la nuit ». Un livre saisissant.
extraits : « L’écriture ne peut rien. Tout au plus permet-elle de poser les questions et d’interroger la mémoire. »
« Mais plus j’avance, plus j’ai l’intime conviction que je devais le faire, non pas pour réhabiliter, honorer, prouver, rétablir, révéler ou réparer quoi que ce fût, seulement pour m’approcher. À la fois pour moi-même et pour mes enfants – sur lesquels pèse, malgré moi, l’écho des peurs et des regrets – je voulais revenir à l’origine des choses.
Et que de cette quête, aussi vaine fût-elle, il reste une trace. »
Rien ne s’oppose à la nuit, ed. Le livre de poche, 7,90 euros, 408 pages.