L’Ange rouge / François Médéline

Un roman noir (très) sombre et prenant dans la ville des gones.

Alain Dubak et son équipe de la police criminelle vont se retrouver sur une affaire sordide fin des années 90. Un cadavre est retrouvé alors qu’il dérive sur la Saône sur un radeau. Mutilé, il est retrouvé dans une mise en scène glauque et Alain Dubak n’est pas au bout de ses peines pour donner du sens à ce premier meurtre qui en appelle d’autres. Le commandant peut compter sur son équipe. Flic intègre et qui traîne ses vieux démons notamment lorsqu’il travaillait pour les STUPS ou lorsqu’il pense encore à son ex compagne, il ne va rien lâcher. Entre les médias aux aguets et la hiérarchie qui préfère trouver un coupable au plus vite, l’équipe de Dubak va être embarquée dans une enquête complexe. Le tueur n’a pas prévu de s’arrêter. C’est rythmé, sombre et très efficace. On sent que François Médéline a une affection toute particulière pour Ellroy. « L’ange rouge » est un pur roman noir qui ne s’essouffle pas et qui nous montre une part sombre de Lyon. La ville et son atmosphère font parties intégrantes du récit tout comme la politique. Les personnages sortent de l’ordinaire et restent ambivalents tout au long de l’histoire. Mention spéciale à Mamy, seconde dans l’équipe de Dubak et lucide comme jamais sur ce qui se déroule devant leurs yeux. J’avais un très bon souvenir de « Les rêves de guerre » et je retrouve avec plaisir François Médéline dans « L’ange rouge », un polar qui envoie du bois et à la construction précise. On est à la limite du thriller et on a beaucoup de mal à lâcher ce roman noir. Redoutable.

L’Ange rouge, ed. La manufacture de livres, 20,90 euros, 506 pages.

Le Ladies Football Club / Stefano Massini

Un essai très bien amené qui aborde la naissance d’une équipe de foot féminin pendant la première guerre.

1917. Première guerre mondiale. Les hommes sont au front et dans une usine d’armement en Angleterre, des ouvrières s’organisent pour former une équipe de football. Lors d’une pause casse-croute, elles découvrent le football avec une fausse bombe qui sert de prototype habituellement. Tout part de là. L’équipe se forme avec onze joueuses aux personnalités marquantes. Plusieurs matchs se mettent alors en place avec des adversaires plutôt variés. Le foot féminin tout comme leurs conditions de femme ne valent pas grand-chose et les ouvrières vont en faire les frais. Elles sont pourtant pleines d’énergie et remettent en question ce qui les enclave. Le foot peut devenir une transgression. Elles finissent par devenir des pionnières et rencontrent un certain succès. Le Ladies football club est un document plein de bonnes idées dans sa forme et qui aborde un sujet méconnu. A découvrir !

Traduit de l’italien par Nathalie Bauer.

Le Ladies Football Club, ed. Globe, 20 euros, 192 pages.

Chambre 2 / Julie Bonnie

Auxiliaire de puéricultrice, Bénédicte raconte son travail auprès des mères et son grand huit des émotions.

Bénédicte travaille dans un hôpital et est auxiliaire de puéricultrice. Elle raconte dans ce récit des moments marquants au contact des mères qui accouchent, au contact des pères, des bébés ou encore des équipes soignantes. Entre ces chapitres sur le soin et sur le corps des femmes, se glissent des chapitres sur le passé de Bénédicte. Un passé de danseuse dans une troupe itinérante. Un passé qu’elle se remémore comme en écho avec sa vie moins aventureuse et actuelle, à l’hôpital.

Julie Bonnie écrit un roman réaliste et plein de lucidité sur la maternité et sur tout ce que peut représenter un accouchement, aussi bien les bons moments que les moments plus compliqués voire dramatiques. L’hôpital, son personnel, les sages femmes, et donc les auxiliaire de puéricultrice sont le réceptacle de ces émotions, parfois de ce trop plein. Julie Bonnie livre à travers son personnage des réflexions sur le personnel soignant et ne s’arrête pas aux mères et aux patientes. Son ton est sans concession. Ce roman tisse un pont entre deux vies vécus par le personnage et touche le lecteur et la lectrice.

J’ai préféré les parties sur l’hôpital même si le tout forme un beau roman. Paru en 2013, il pourrait être écrit aujourd’hui lorsqu’il met en évidence les conditions de travail épuisantes et qui se dégradent du personnel soignant (cadence, rentabilité des soins, manque de matériels, sous effectifs, locaux inadaptés, etc.). Le mouvement de grève récent des sages femme peut en attester.

Chambre 2, ed. Belfond, 17,50 euros, 192 pages.

Police / Hugo Boris

Une reconduite à la frontière qui va s’avérer bien plus complexe que prévue pour les trois gardiens de la paix.

Trois gardiens de la paix font équipe et se retrouvent sur une mission inhabituelle, reconduire un réfugié à la frontière. C’est à partir de cet évènement que l’auteur décrit et suit les pensées des personnages. Notamment les relations qu’ils entretiennent et leurs réactions face à cette injonction hiérarchique. La tension monte progressivement et les certitudes vacillent. Hugo Boris écrit un roman haletant, qu’on ne lâche pas et qui fait réfléchir.

Police, ed. Grasset, 17,50 euros, 198 pages.

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