Cherry / Nico Walker

Des dialogues d’enfer et une charge cinglante contre l’absurdité de la guerre.

Nico Walker restitue l’atmosphère de la guerre ou la dépendance aux drogues dans ce roman sombre, à l’écriture unique qui sonne juste du début à la fin. Pendant un long séjour en prison suite à plusieurs braquages de banque, l’auteur est contacté par un journaliste qui souhaite qu’il écrive un bouquin. Inspiré de sa vie dans laquelle l’auteur est parti faire la guerre en Irak pendant onze mois, « Cherry » dresse le portrait d’un jeune soldat enrôlé pour partir en Irak. Un troufion assez détestable à certains moments et plutôt attachant à d’autres. On suit l’arrivée dans les études de son personnage avant de le suivre lors de ses classes dans l’armée. Il part ensuite sur le front en Irak, en tant que médic, pour aider ses pairs avec ses petites compétences et surtout pour voir ses collègues mourir dans le pire des cas. On suit les pensées de ce personnage torturé qui avec une lucidité désarmante décrit l’horreur de la guerre, l’attente insupportable sur le front. Mais aussi les traumas qui en découlent ou son rapport aux drogues compliqué, que ce soit avant son départ pour l’Irak ou à son retour. « Cherry » est un roman qui sonne le lecteur dès les premières pages, une lecture marquante.

Cherry, ed. Les Arènes, coll. Equinox, 20 euros, 432 pages.

Comme un léger tremblement / Gilles Pialoux

Un très beau roman qui aborde un sujet rarement traité en fiction, la SLA.

Philippe travaille dans un grand journal et a une vie de famille épanouie. D’un naturel curieux, il profite de ses temps libres en croquant par ci par là des scènes de la vie quotidienne sur son carnet. Il aime profiter des choses et s’entoure de nombreux copains. Un jour ou plutôt une nuit, sa conjointe lui fait remarquer qu’il a des tremblements lorsqu’il dort. Il se réveille le matin sans douleur et ne se rend compte de rien. C’est le début d’une découverte difficile à entendre, Philippe est atteint de la maladie de Charcot. Une maladie dégénérative où les muscles sont inutilisables les uns après les autres. La personne touchée peut de moins en moins se mobiliser et ne peut que constater l’irréversibilité de la maladie jour après jour. Philippe décide alors de vivre sa vie et de s’adapter en fonction des difficultés toujours plus nombreuses qu’il va rencontrer.

Ce roman inspiré d’une histoire vraie aborde avec justesse cette maladie, les effets qu’elle peut avoir sur l’entourage du patient ou la capacité de résilience dont certains patient.e.s font preuve. Le personnage principal en est un bel exemple, il fait passer au lecteur un souffle de vie malgré le sujet grave et les choses qui se compliquent au fil des mois pour lui. Il est d’une lucidité désarmante. C’est tout un rapport au corps qui est revu à la suite de l’apparition des premiers symptômes. Ce sont aussi des rapports qui se renouvellent avec l’entourage du patient, pas toujours pour le meilleur. Il y a de très beaux moments dans ce roman, dans ce récit plein de pudeur. Les courts chapitres servent bien le propos et alterne entre des passages où l’on côtoie une forme de poésie et des constats plus grave sur la maladie de Philippe. Gilles Pialoux livre un roman touchant et qui interpelle sur la sclérose latérale amyotrophique, sur la fin de vie. Merci à Babelio pour la découverte de ce livre reçu dans le cadre d’une Masse critique.

Comme un léger tremblement, ed. Mialet Barrault, 18 euros, 174 pages.

Les enfants sont rois / Delphine De Vigan

Une plongée dans les méandres de YouTube et des enfants stars.

Si vous ne connaissez pas les chaînes Youtube où des parents réalisent des vidéos avec leurs enfants sur leur quotidien, alors penchez vous sur le dernier livre de Delphine De Vigan. Ce sera pour vous l’occasion d’y voir plus clair sur ce monde où les enfants sont des stars et où les visionnages des vidéos du quotidien se compte en millions. Quel quotidien ? Celui des pranks où les enfants à travers des mises en scène piègent leurs parents, celui des placements de produits où l’on ne compte plus le nombre de partenariats avec des marques, mais aussi celui plus intime de la vie d’une famille. Cette nouvelle façon de faire des vidéos YouTube qui questionne évidemment, rencontre un très grand succès chez les jeunes et cela donne le sujet du roman. Au sein d’une de ses familles justement, un des enfants est enlevé et cela va constituer le point de départ du livre. L’histoire est prenante sans être non plus très originale. Le thème traité est vraiment intéressant et mériterait d’être repris dans d’autres fictions. Au-delà des réseaux sociaux, Delphine De Vigan s’attarde sur un usage encore méconnu chez les plus jeunes lorsqu’ils et elles passent du temps devant un écran. À lire.

Les enfants sont rois, Ed. Gallimard, 20 euros, 352 pages.

Sans alcool / Claire Touzard

Un récit plein de justesse sur la lutte pour arrêter sa consommation d’alcool.

Un témoignage rare sur l’alcool et l’abstinence. Claire Touzard se livre sans tomber dans le pathos ni dans un discours moraliste. Elle aborde la question de la consommation d’alcool et de ses excès à travers de nombreux angles (les relations sociales, la famille, le question du genre). Avec du recul sur ses pratiques, sur les normes qui régissent nos vies et sur les injonctions qu’elle a repérées, l’autrice écrit un témoignage qui fait réfléchir. Plein de sincérité et en même temps sans détour, j’ai pris une petite claque à la lecture de ce récit.

Sans alcool, Ed. Flammarion, 19,90 euros, 336 pages.

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