Dans un futur pas si lointain, le monde a vrillé en raison d’une pandémie. Le climat est difficile et ne facilite pas le quotidien des populations épargnées. Chacun tente de sauver sa peau et il n’y a même plus de moyen pour savoir comment se passent les choses à l’international. L’isolement est roi tout comme la débrouille. L’électricité saute régulièrement dans le pays, les hommes et les femmes tentent de survivre, que ce soit à la campagne en s’isolant ou dans les villes où les tensions sont exacerbées. Les forces de l’ordre deviennent une faction ennemie, la guerre guette, la famine aussi. Hervé Le Corre dresse le tableau d’un monde dévasté dans lequel de petits groupes tentent de continuer à avancer. Une femme et son bébé. Un père et son fils. Le monde de l’auteur fait ressurgir au grand jour les émotions, les tensions, les faces sombres de ses personnages. « Qui après nous vivrez » est d’une noirceur rare. Une fiction qui mêle le roman noir et la dystopie, le tout avec la très belle plume de l’auteur qui ne laisse rien au hasard dans le rythme de son livre, difficile à lâcher. L’auteur pousse les curseurs assez loin et s’attarde avec la justesse qu’on lui connait sur les réactions de ses personnages, sur le désir de vengeance, sur les enjeux autour du collectif lorsque plus rien ne va. Les pauvres étant les plus touchés. Les inégalités augmentent comme jamais dans le contexte qui se déploie sous les yeux du lecteur. C’est parfois violent, souvent tragique. Cela donne un roman noir qui brouille les pistes du genre et qui prolonge l’œuvre d’un auteur à part.
Qui après nous vivrez, ed. Rivages, 21,90 euros, 340 pages.