Pour mourir, le monde / Yan Lespoux

Un pur roman d’aventure qui embarque le lecteur au large.

Dans la grande tradition des romans d’aventure, « Pour mourir, le monde » offre une fresque épique au XVIIe siècle. On suit des personnages embarqués dans la grande histoire, des hommes et des femmes qui survivent dans des conditions difficiles, sur mer et sur terre. L’empire colonial portugais est vaste durant cette période et s’étend du Brésil à l’Inde. Fernando Teixeira est un soldat qui va embarquer dans ce contexte sur un navire qui se dirige vers Goa. Sur le chemin du retour, Fernando fait naufrage. On le découvre en train d’essayer de survivre au début du roman, peu de temps après le naufrage. La suite de l’histoire est un long flash-back qui retrace le parcours du voyageur, avec son lot de rebondissements et de rencontres. On pense à des ambiances comme dans les romans de Stevenson. Un réel plaisir de lecture.

Pour mourir, le monde, ed. Agullo, 23,50 euros, 432 pages.

Nid de vipères / Edyr Augusto

Une jeune femme cherche à venger sa famille et rien ne pourra l’arrêter.

Retour dans l’état du Para au nord du Brésil pour ce roman d’Edyr Augusto. Un riche homme d’affaires qui ne recule devant rien pour obtenir ce qu’il veut décide de récupérer une scierie. La scierie de la famille Pastri. Il viole la femme d’Alfredo Pastri et frappe ce dernier devant leurs enfants, Isabela et Fred. Le traumatisme est d’une violence rare et des années plus tard alors que Fred a tourné la page en allant vivre aux États-Unis avec sa compagne, une grande star de la musique, Isabela décide d’assouvir son désir de vengeance. Commence alors un long chemin de croix pour la jeune femme qui a un unique but, venger sa famille de Wlamir Turvel, l’escroc violent et sans limite à l’origine du traumatisme. Les politiques sont corrompus, les marginaux n’ont rien demandé à personne, mais subissent. Pas de doute on est bien dans un roman d’Edyr Augusto. Un roman noir tendu et violent comme il sait le faire. Les pages défilent et chaque mot est pesé.

Nid de vipèrestè, ed. Asphalte, 15 euros, 160 pages.

Moscow / Edyr Augusto

Un court roman noir tendu et violent. Une claque.

Moscow est le surnom de l’île de Mosqueiro, une île dans l’état brésilien du Para. Une île qui voit sa population tripler grâce au tourisme et à une jeunesse qui vient de Belém pour faire la fête. Un groupe de jeune qui vit la majorité du temps la nuit en profite pour faire les 400 coups sur l’île, terroriser les touristes ou se servir là où ils trouvent de l’argent. Tinho Santos fait partie de cette bande et c’est loin d’être le moins agressif du lot. Tinho avec un détachement bien à lui profite avec ses potes de sa jeunesse. Et ce personnage cache en plus en lui des démons qu’il a parfois bien du mal à maîtriser. Ajoutez à cela le talent et la plume d’Edyr Augusto qui mélange la narration et les dialogues sans un temps mort, et on a un petit bouquin redoutable. Un excellent roman noir. À noter le très bon travail de Diniz Galhos à la traduction.

Moscow, ed. Asphalte, 12 euros, 144 pages.

Casino Amazonie / Edyr Augusto

Le dernier roman d’Edyr Augusto, une plongée dans les bas-fonds de Belém au Brésil.

Quel plaisir de retrouver la plume d’Edyr Augusto dans « Casino Amazonie ». Nous sommes de nouveau à Bélem, au Brésil. Une ville avec ses trafics et ses truands. Comme dans ses précédents romans, on retrouve une atmosphère tendue où les choses peuvent dégénérer rapidement. Tout part d’un auteur de roman qui cherche à rencontrer un grand bandit local. Ce dernier méfiant dans un premier temps finit par se décider à lui raconter toute son histoire. C’est là que l’on découvre des personnages plantés en quelques lignes, du docteur qui décide de varier ses activités en ouvrant des salles de jeux clandestines au jeune homme qui vient de la rue et qui gravit les échelons en passant par la jeune fille surdouée pour le poker. J’ai toujours apprécié le travail de cet auteur et une nouvelle fois ce roman noir est une réussite. On est embarqués et surpris par les revirements alors même que l’on sait que l’on s’engage dans un récit rythmé qui va envoyer du bois. Le lecteur est au cœur des trafics, de la corruption ou des combines des forces de l’ordre de la ville amazonienne. Les dialogues sont fondus dans la narration ce qui participe au rythme du récit. « Casino Amazonie » est un roman noir qui marque et qui laisse un goût amer lorsque que l’on quitte ces personnages. A noter l’excellent travail de traduction de Diniz Galhos qui restitue toutes les nuances du roman et ce style dans l’écriture.

PS : Je vous conseille le visionnage de la rencontre littéraire « Vleel » sur youtube, avec l’auteur et son traducteur pour compléter la lecture. Et si vous ne connaissiez pas l’auteur, penchez vous sur ces premiers romans noirs (Moscow, Belém, Pssica et Nid de vipères).

Casino Amazonie, ed. Asphalte, 20 euros, 208 pages.

Éloge de l’esquive / Olivier Guez

Une histoire du dribble via le Brésil. Passionnante.

On sent tout de suite la plume du passionné dans ce court essai d’Olivier Guez sur le football brésilien. À travers l’histoire du dribble, de la feinte, de l’esquive, on distingue l’histoire de tout un pays. C’est une véritable philosophie cette façon d’appréhender le football au Brésil et Olivier Guez parvient avec beaucoup de justesse à retranscrire cette passion et cette ferveur qui habitent les Brésiliens lorsqu’il est question du ballon rond. Derrière le football il y a un sport qui a été joué par toutes les classes sociales, mais il y a aussi un sport qui n’est pas sans ambiguïté lorsque très tôt il a été le vecteur de comportements racistes et synonyme de ségrégation. Un court bouquin passionnant et riche qui vaut le détour, notamment le petit texte sur Zidane à la fin.

Éloge de l’esquive, ed. Le livre de poche, 7,20 euros, 128 pages.

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