Après avoir questionné avec beaucoup de talent l’industrie du tabac dans « Leur âme au diable », Marin Ledun s’attèle à décortiquer dans son dernier roman noir un business de la bière au Nigeria. Une industrie qui brasse énormément d’argent et qui enrôle des prostitués pour représenter l’image de marque de la bière. On suit une journaliste française du « Monde » qui se rend au Nigeria pour approfondir la question, on suit un des dirigeants de l’entreprise qui produit la bière, un homme qui ne recule devant rien et aux méthodes managériales douteuses. On suit aussi plusieurs policiers plus ou moins corrompus qui naviguent autour des intrigues. Notamment un policier intègre qui cherche à rendre justice à deux femmes retrouvées mortes au début du roman. Deux prostitués dont tout le monde se fout. Et cela va devenir pour lui une affaire personnelle de remonter les raisons du crime. Marin Ledun écrit un roman noir d’une redoutable efficacité, qui ausculte avec beaucoup de précision une industrie qui broie des vies humaines (on sent le travail documentaire dense et rigoureux derrière l’intrigue). Free Queens s’inscrit dans la pure tradition des polars très sombres et réalistes et encore une fois l’auteur confirme roman après roman, dans ce genre qu’il affectionne tout particulièrement.
Free Queens, ed. Gallimard, coll. Série Noire, 21 euros, 416 pages.