L’agent Seventeen / John Brownlow

Un tueur à gages redoutable se retrouve dans un traquenard.

Il est redoutable et ne loupe jamais une mission. L’agent seventeen est le dix-septième d’une série d’agents secrets qui œuvrent dans l’ombre. On découvre un personnage à l’enfance difficile, avec son lot de traumas. Dans des chapitres courts et un récit ultra rythmé, l’auteur écrit un très bon divertissement, prenant. Seventeen est amené à recroiser un ancien agent au fil de l’histoire et cela ne va pas être de tout repos. Le bouquin est un juste dosage entre action et dialogues, cela donne au final un roman noir efficace. John Brownlow est en train d’écrire la suite et on a hâte de la découvrir.

L’agent Seventeen, ed. Gallimard, coll. Série Noire, 23 euros, 512 pages.

Une présence idéale / Eduardo Berti

Un bouquin émouvant sur le soin, dans un service de fin de vie.

L’auteur est accueilli dans un service de soins palliatifs pour rencontrer et écrire autour des professionnels de ce service de santé. Dans de courts textes dans lesquels les noms ont été changés, l’auteur relate (et romance aussi) des propos recueillis. Les propos d’une infirmière, d’une aide-soignante, d’un médecin, d’intervenants extérieurs, etc. On découvre des vies derrière les patients et comment l’approche de la mort dans ce cadre très précis joue sur la relation soignant/soigné. Tout est écrit avec beaucoup de justesse. Le ressenti des personnages. Les émotions. On y aborde l’humain, la mort, la relation. On est touchés par ces petits textes, des morceaux de vie marquants, notamment sur les soignantes et les soignants. Un gros coup de cœur.

Une présence idéale, ed. La contre allée, 8,50 euros, 160 pages.

D’autres vies que la mienne / Emmanuel Carrère

L’auteur écrit sur des drames que des proches à lui ont traversés.

Emmanuel Carrèrent part de son vécu et relate des événements marquants de sa vie. Des événements à travers lesquels il a constaté de la souffrance ou du traumatisme dans son entourage. Avec une langue bien à lui il commence par relater l’après tsunami au Sri Lanka lorsqu’il était sur place avec sa conjointe. L’auteur échappe au tsunami dans son hôtel mais des proches à lui perdent leur fille dans la catastrophe. Il devient le spectateur d’un couple qui tente de traverser la perte d’un enfant. C’est aussi un livre sur la maladie, celle d’une autre proche de l’auteur. Sur la capacité de chacun et chacune à avancer malgré les épreuves.

D’autres vies que la mienne, ed. Folio, 8,70 euros, 334 pages.

mères sans filtre / Collectif

Huit récits intimes de déclics féministes pour libérer la parole sur la maternité.

En questionnant leur maternité, les autrices de ce recueil reviennent sur les représentations qui ont traversé ou non leur maternité. En abordant la grossesse, les réactions de l’entourage, le post-partum, l’éducation des enfants, etc. on discerne comment la maternité peut devenir un objet politique. Chaque autrice décrypte comment la maternité a été un moment clé pour creuser les thématiques autour des inégalités de sexe. Un bouquin très riche et d’actualité qui brasse les derniers enjeux autour de la maternité et qui forme une excellente synthèse sur le sujet. Cela permet aussi de creuser les livres de chaque autrice si l’on veut poursuivre avec d’autres lectures. Exemple le livre de Renée Greusard « Choisir d’être mère » à lire ou encore le livre d’Iliana Weizman sur le post-partum.

Mères sans filtre, ed. Solar, 17,90 euros, 176 pages.

Aux fruits de la passion / Daniel Pennac

Je découvre la saga Malaussène. Un régal.

Premier Malaussène pour moi et je suis plus que convaincu. Daniel Pennac a des talents de conteur certains et dresse des personnages attachants. J’avais un très bon souvenir de « Chagrin d’école » lu il y a longtemps. Un livre qui revenait sur le rapport à l’école de l’auteur. Et je découvre cette saga un peu à la bourre (et pas dans l’ordre). On suit Benjamin Malaussène et toute sa clique à Belleville à Paris. Notamment sa sœur Thérèse qui s’apprête à se marier au début du roman. Et évidemment rien ne va se passer tranquillement. Malaussène à bien raison de se méfier et il sent rapidement qu’il y a anguille sous roche dans ce mariage avec un riche bonhomme. « Aux fruits de la passion » est un roman qui tend vers le roman noir et qui est un régal du début à la fin. De courts chapitres, un humour bien senti et des situations déjantées. Typiquement le genre de bouquin qui peut soigner d’une panne de lecture et qui se dévore. Hâte de lire un autre Malaussène.

Aux fruits de la passion, ed. Folio, 8,10 euros, 240 pages.

Reste / Adeline Dieudonné

Un couple traverse un drame et réagit en conséquence.

Dès le début on entre dans la tête d’une femme qui réalise ce qu’elle traverse. Elle relate à la première personne son histoire, ce qu’elle a vécu. Elle passe un moment avec son conjoint dans un coin reculé à la campagne et sans trop en dire, le personnage va traverser un drame qui va chambouler ce quotidien. Adeline Dieudonné écrit un roman tendu et très bien écrit, qui sort complètement le lecteur de sa zone de confort. Comme souvent ses personnages sont ambiguës et c’est prenant du début à la fin. On suit les pensées de la narratrice en allant de découverte en découverte. Un nouveau roman et une nouvelle réussite pour une romancière qui renouvelle avec beaucoup de talent le paysage littéraire.

Reste, ed. L’iconoclaste, 20 euros, 350 pages.

Les débuts / Claire Marin

Par où recommencer ?

Comme souvent chez Claire Marin on prend beaucoup de plaisir à lire ses réflexions sur les thèmes qu’elle aborde. C’est dense tout en étant accessible et en laissant à penser. C’était le cas dans « Ruptures » et « Être à sa place » et c’est encore une fois le cas ici avec « Les débuts ». Une notion que la philosophe et enseignante de français questionne en profondeur. A commencer par un début dans sa vie personnelle lorsqu’elle est devenue mère. La suite découle et on suit avec plaisir les digressions de l’autrice sans décrocher pour autant. Que se passe t-il dans un « début » ? Quels sentiments ressent-on ? A quoi cela nous renvoie ? Et est-ce que les jeunes ou les enfants sont les seuls à ressentir ses émotions singulières dans chaque début ? Claire Marin poursuit ses réflexions pour notre plus grand plaisir sans donner de réponse toute faite et sans donner de réponse tout court d’ailleurs. C’est aussi pour ça que l’on apprécie son travail. Si vous ne connaissez pas je vous invite à découvrir ses bouquins qui avec beaucoup de talent questionne nos quotidiens.

Les débuts, ed. Autrement, 19 euros, 192 pages.

Un garçon ordinaire / Joseph d’Anvers

Un roman sensible, sur un groupe de potes qui grandit dans les années 90.

Nous sommes en 1994 et le roman débute sur un groupe de jeunes qui apprend la mort de Kurt Cobain. On prend le point de vue d’un des jeunes qui vit ses premiers amours, ses premières expériences à fond avec ses potes. Notamment avec son groupe de musique. Le narrateur a 17 ans et grandit dans une ville de province banale. Il voit approcher le bac sans trop s’inquiéter mais en ayant tout de même le sentiment qu’une page de sa jeunesse va bientôt se tourner. Joseph d’Anvers restitue très bien toute l’atmosphère d’une époque mais aussi les questionnements que les jeunes rencontrent lors de cette période de leur vie. « Un garçon ordinaire » sonne juste et l’auteur arrête sa focale sur les micro évènements qui changent une vie à 17 ans. Un jolie roman sur une jeunesse qui tente maladroitement un passage vers l’âge adulte sans forcément saisir tout ce qu’il se joue.

Un garçon ordinaire, ed. Rivages, 20 euros, 219 pages.

Le Soldat désaccordé / Gilles Marchand

Une singulière enquête dans la France de l’après guerre.

Direction le Paris des années 20, dans l’après guerre. Un ancien soldat blessé tôt durant la première guerre mondiale est chargé de retracer le parcours de certains soldats perdus de vue par leurs familles. Il se transforme pet à petit en enquêteur dans ces étranges années d’après guerre. Il mène des enquêtes qui peuvent prendre des années, en mettant le nez dans les affaires de famille pour comprendre où peut être le soldat recherché ou s’il est encore vivant. Dans ce roman original et très bien écrit de Gilles Marchand, le narrateur écrit sur ses propres souvenirs de guerre et sur son enquête en cours. Un nouveau soldat disparu qui, il semblerait, cacherait une histoire d’amour. Le récit est d’une justesse rare sur la guerre, sur ses atrocités, sur l’état d’esprit des soldats parfois dépassés par les évènements. Ajoutez à cela l’humour caustique et la poésie de Gilles Marchand et vous avez un bouquin touchant avec « Le soldat désaccordé ». Un livre au ton unique qui offre un très bon moment de lecture.

Le Soldat désaccordé, ed. Aux forges de vulcain, 18 euros, 208 pages.

Soleil amer / Lilia Hassaine

Suivre une famille algérienne qui arrive en France dans les années 50 et qui assiste aux mutations du pays durant les décennies suivantes.

Tout débute à la fin des années 50 lorsqu’une mère de famille élève seule ses trois enfants en Algérie. Naja voit son mari Saïd partir en France pour travailler dans une usine Renault. On suit alors l’évolution de cette famille lorsque Saïd gagne assez d’argent pour faire venir sa famille en France. Malheureusement les choses ne vont pas être si simples pour la famille. Naja attend un nouveau bébé mais le couple ne peut plus se permettre d’avoir un nouvel enfant financièrement. Le lecteur voit la cellule familiale réagir à tous ces évènement et les années passent tant bien que mal. Mai 68 puis les années 70 et 80. On découvre l’accueil de cette famille algérienne en France et en même temps toutes les embuches, préjugés et comportements racistes qu’ils rencontrent. L’autrice s’attarde sur une société française en mutation en partant du point de vue d’une famille algérienne.

Soleil amer, ed. Folio, 7,50 euros, 192 pages.

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