Des hommes un peu réacs se retrouvent dans leur village pour des rondes citoyennes un peu grotesques. Non loin de là, une forêt mystérieuse véhicule pas mal de peurs à commencer par la présence d’une bête mystérieuse. On croise aussi la route de Blanche, une femme au bout du rouleau qui vit un calvaire au quotidien avec son mari et celle d’un homme seul qui erre dans le coin dans une fuite perpétuelle, non loin du village. On sent bien à travers cette galerie de personnages que ça peut dégénérer d’un moment à l’autre à Montcalme, le village de ce coin reculé. On passe d’un personnage à un autre selon les chapitres et Yvan Robin mène très bien sa barque lorsque le rythme s’accélère. Il plane un truc sur ce roman noir, un truc un peu sombre et mystérieux bien représenté par cette bête légendaire présente dans la forêt et qui fait beaucoup parler d’elle. À voir maintenant vers qui la colère qui affleure va se tourner lorsque les choses vont dégénérer et surtout d’où cette colère va provenir. « La Fauve » est un roman noir qui envoie du bois et en même temps qui délivre un sous-texte plus politique important. Un sous-texte dans lequel les personnages qui véhiculent des comportements virilistes, machos ou racistes à gerber risquent de déguster. On se doute qu’il va se passer quelque chose, mais qu’est-ce qui va déclencher le boxon ? La forêt est-elle l’unique danger dans le coin ? Pas certain.
Extrait : « La proximité de la finitude éloignait l’emprise psychologique de son mari. Comme si elle sortait d’une anesthésie générale. La lumière l’aveuglait. Face à la mort, elle parvenait presque à recouvrer un semblant d’honneur et de dignité. Un préambule au plein épanouissement que lui offrirait le cimetière, à n’en pas douter. »
La Fauve, ed. Lajouanie, 15 euros, 184 pages.