Les débuts / Claire Marin

Par où recommencer ?

Comme souvent chez Claire Marin on prend beaucoup de plaisir à lire ses réflexions sur les thèmes qu’elle aborde. C’est dense tout en étant accessible et en laissant à penser. C’était le cas dans « Ruptures » et « Être à sa place » et c’est encore une fois le cas ici avec « Les débuts ». Une notion que la philosophe et enseignante de français questionne en profondeur. A commencer par un début dans sa vie personnelle lorsqu’elle est devenue mère. La suite découle et on suit avec plaisir les digressions de l’autrice sans décrocher pour autant. Que se passe t-il dans un « début » ? Quels sentiments ressent-on ? A quoi cela nous renvoie ? Et est-ce que les jeunes ou les enfants sont les seuls à ressentir ses émotions singulières dans chaque début ? Claire Marin poursuit ses réflexions pour notre plus grand plaisir sans donner de réponse toute faite et sans donner de réponse tout court d’ailleurs. C’est aussi pour ça que l’on apprécie son travail. Si vous ne connaissez pas je vous invite à découvrir ses bouquins qui avec beaucoup de talent questionne nos quotidiens.

Les débuts, ed. Autrement, 19 euros, 192 pages.

Les motifs / Laurent Mauvignier

Entretiens sur l’écriture de Laurent Mauvignier avec Pascaline David.

J’avais adoré découvrir la plume de Laurent Mauvignier dans son roman « Histoires de la nuit ». Et j’étais curieux de découvrir ce petit bouquin édité chez Diagonale, qui retranscrit un entretien entre l’auteur et Pascaline David, une des deux fondatrices des éditions Diagonale (avec Ann-Gaëlle Dumont). Pascaline David prend le temps de questionner Laurent Mauvignier sur son parcours, sur son approche de l’écriture et sur sa façon d’aborder la construction de ses romans. C’est passionnant de bout en bout. L’auteur s’attarde sur ses procédés narratifs sans donner forcément de recettes. On entre dans les coulisses de ses livres (« Continuer », Histoires de la nuit », etc.) et c’est vraiment intéressant d’avoir son point de vue après lecture. On perçoit par exemple des personnages sous un nouveau jour. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas, Laurent Mauvignier a un ton bien à lui, une écriture singulière. On retrouve de longues phrases et toute une réflexion sur le rythme dans son travail. Et même si à première vue cela semble idéal pour perdre le lecteur ce n’est pas du tout le cas et on se laisse porter dans ses histoires. Dans « Les motifs » on retrouve toute la singularité de l’auteur et son sens du détail. Un riche entretien à découvrir.

Les motifs, ed. Diagonale,

Toute une moitié du monde / Alice Zeniter

Le nouvel essai d’Alice Zeniter qui questionne la représentation des femmes dans la fiction.

Alice Zeniter questionne la représentation des femmes dans la littérature et discute aussi sur ses propres expériences de lectrice. « Toute une moitié du monde » est un essai intéressant qui s’inscrit dans la lignée du précédent « Je suis une fille sans histoire ». L’autrice voit ses pratiques de lectrice évoluer depuis qu’elle est jeune, en questionnant la représentation des personnages féminins notamment via le test de Bechdel. Il est aussi question du désir et de la place du désir masculin dans les fictions. Un sujet peu abordé. On découvre au fil des pensées d’Alice Zeniter plusieurs autrices que l’on a envie de redécouvrir ou de relire (Toni Morrison, Chris Kraus, etc.). Un bouquin stimulant qui ouvre des perspectives.

Toute une moitié du monde, ed. Flammarion, 240 pages, 21 euros.

Génération Q / Dr Kpote

Chroniques.

Dr Kpote est militant et animateur de prévention en milieu scolaire. La maison d’édition La ville brûle a eu la très bonne idée de rassembler ses chroniques parues dans la magazine Causette entre 2012 et 2018. Des chroniques sur l’éducation à la sexualité et sur la vie affective des élèves.

Les rencontres avec les lycéens et lycéennes à l’origine des textes, sont aussi l’occasion pour l’auteur d’aborder de nombreux autres sujets au détour des discussions (l’égalité, le consentement, la religion, la prostitution, etc.).

C’est un livre important qui peut être une excellente entrée pour débattre et dialoguer avec les élèves (si l’on partage la lecture d’une chronique par exemple). Je ne suis pas d’accord sur tout notamment les questions autour du rap mais pour autant, c’est un petit bouquin précieux. Ces thèmes et ces questions sont peu (voire pas du tout) traités dans les essais en règle générale.

Génération Q, ed. La ville brûle, 15 euros, 184 pages.

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