Où vont les larmes quand elle sèchent / Baptiste Beaulieu

Chronique d’un médecin généraliste qui navigue entre portraits de patient et parcours personnel.

Jean B. a 36 ans, il est médecin généraliste et il décide d’écrire pour comprendre pourquoi il a tant de mal à pleurer au quotidien. Pour cela il retrace son parcours, à commencer par deux traumatismes, dont un à l’hôpital qui l’amène finalement à se réorienter vers la médecine de ville. C’est là que commence la description des différents portraits, des rencontres. Des portraits décrits avec beaucoup de justesse et d’empathie. On découvre la relation entre un soignant et un patient avec tout ce qu’elle peut recouvrir. Notamment les préjugés et les jugements hâtifs. Un livre qui fait penser aux romans de Martin Winckler dans sa façon d’aborder le sujet et dans le traitement des différents thèmes. On y retrouve la question des violences faites aux femmes, celle de la prise en considération des personnes âgées ou en fin de vie. Ce roman est à la fois une réflexion sur le soin et sur les relations humaines. Quel statut donne-t-on à l’écoute dans un soin ? À la parole ? On sent que l’expérience de l’auteur s’entremêle avec son personnage principal.

Où vont les larmes quand elles sèchent, ed. L’Iconoclaste, 20,90 euros, 271 pages.

Une présence idéale / Eduardo Berti

Un bouquin émouvant sur le soin, dans un service de fin de vie.

L’auteur est accueilli dans un service de soins palliatifs pour rencontrer et écrire autour des professionnels de ce service de santé. Dans de courts textes dans lesquels les noms ont été changés, l’auteur relate (et romance aussi) des propos recueillis. Les propos d’une infirmière, d’une aide-soignante, d’un médecin, d’intervenants extérieurs, etc. On découvre des vies derrière les patients et comment l’approche de la mort dans ce cadre très précis joue sur la relation soignant/soigné. Tout est écrit avec beaucoup de justesse. Le ressenti des personnages. Les émotions. On y aborde l’humain, la mort, la relation. On est touchés par ces petits textes, des morceaux de vie marquants, notamment sur les soignantes et les soignants. Un gros coup de cœur.

Une présence idéale, ed. La contre allée, 8,50 euros, 160 pages.

Réparer les vivants / Maylis De Kerangal

Un très beau roman sur le don d’organes et sur les soignant.e.s.

C’est l’histoire d’une transplantation cardiaque, une histoire qui se déroule sur 24 heures et qui est racontée au fil des personnages qui la compose. L’écriture est magnifique et on se laisse porter par l’atmosphère que campe l’autrice. Le lecteur est touché et rapidement au centre des sensations et des émotions des personnages, et cela dès le début du roman où l’on suit trois copains qui vont surfer à l’aube. J’avais un très bon souvenir de Corniche Kennedy, un précédent livre de la romancière qui mettait en scène des jeunes sur la côte Marseillaise. Cette façon bien à elle d’écrire était déjà présente, sur les corps, sur les atmosphères. Le corps a d’ailleurs souvent une place bien particulière dans les livres de Maylis de Kerangal et l’on retrouve cette façon d’aborder l’humain dans Réparer les vivants. Les descriptions sont précises et rien n’est laissé au hasard sans pour autant tomber dans une caricature par rapport au sujet. C’est aussi un livre sur les soignants et ce que peut représenter un soin, notamment dans les services où la mort est présente. Tout sonne juste dans ce récit et c’est au final sonné que l’on quitte cette lecture, belle et triste à la fois.

Réparer les vivants, ed. Verticales, 18,90 euros, 298 pages.

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