mères sans filtre / Collectif

Huit récits intimes de déclics féministes pour libérer la parole sur la maternité.

En questionnant leur maternité, les autrices de ce recueil reviennent sur les représentations qui ont traversé ou non leur maternité. En abordant la grossesse, les réactions de l’entourage, le post-partum, l’éducation des enfants, etc. on discerne comment la maternité peut devenir un objet politique. Chaque autrice décrypte comment la maternité a été un moment clé pour creuser les thématiques autour des inégalités de sexe. Un bouquin très riche et d’actualité qui brasse les derniers enjeux autour de la maternité et qui forme une excellente synthèse sur le sujet. Cela permet aussi de creuser les livres de chaque autrice si l’on veut poursuivre avec d’autres lectures. Exemple le livre de Renée Greusard « Choisir d’être mère » à lire ou encore le livre d’Iliana Weizman sur le post-partum.

Mères sans filtre, ed. Solar, 17,90 euros, 176 pages.

Fille / Camille Laurens

Ce que naître fille veut dire.

Laurence Barraqué grandit dans les années 60 à Rouen. Elle est la narratrice de ce roman qui dévoile dès les premières pages une rencontre avec une condition. Elle est une fille et perçoit progressivement qu’il aurait été plus simple pour elle qu’elle naisse garçon. Elle est une fille et elle comprend durant son enfance que c’est mieux qu’elle se taise, que c’est mieux pour elle qu’elle s’intéresse à certains sujets et pas d’autres. Elle comprend rapidement que sa relation aux hommes peut lui poser des difficultés voire pire. On suit la narratrice jusqu’au début des années 90 lorsqu’elle devient mère. Puis on voit grandir sa fille et la relation se tisse sous les yeux du lecteur avec sa mère. Une fille qui s’affirme et qui s’intéresse aux questions féministes contemporaines en offrant un nouveau prisme à sa mère. Une mère qui regarde comment grandit son enfant à l’orée de ce nouveau prisme, mais qui regarde aussi sa jeunesse avec ce nouveau prisme. « Fille » est un roman qui restitue comme rarement la condition féminine. Tout ce que peut traverser une femme dans une vie. Camille Laurens écrit un récit très juste et plein de petites observations, dans lequel la question du corps féminin est centrale. Le lecteur voit les petites mutations qui s’opèrent chez la narratrice et les luttes que cela sous-tend pour elle. Je lis un peu à la bourre ce bouquin qui avait eu un écho important à sa sortie. Je vous le conseille vivement.

Fille, ed. Folio, 8,70 euros, 256 pages.

Le Roman de Jim / Pierric Bailly

Un roman sensible sur la paternité et les enfants de divorcés.

Aymeric a 25 ans et sort de prison au début de ce roman. Il vaque à droite à gauche, de mission d’intérim en mission d’intérim et il a des difficultés à se remettre d’une rupture qui date un peu maintenant. Ce personnage qui est le narrateur du bouquin va rencontrer une femme, Florence, âgée de 15 ans de plus que lui. Florence attend un enfant lorsqu’Aymeric le rencontre et comme tout se passe bien entre eux, il va naturellement assister à la naissance avant de voir grandir le petit Jim. Au début il a du mal à composer avec cette singulière paternité car il n’est pas le père biologique mais en même temps il commence à s’attacher à Jim. Jusqu’au jour où le père biologique revient dans la danse. Aymeric et Florence vont tenter de former un nouveau ménage, une nouvelle famille tant bien que mal mais quelque chose déconne. Et cela ne va pas être aussi simple. Pierric Bailly aborde dans « Le roman de Jim » la paternité, la situation à part des enfants de divorcés qui ont deux pères notamment. L’auteur aborde cette complexité dans les relations, dans les non-dits ou dans les effets sur l’enfant. Ce roman touche en plein cœur et restitue très bien les sentiments des personnages. On sourit, on a la gorge serrée, on passe un peu par tous les états en suivant le narrateur et son récit. Un gros coup de cœur.

Le roman de Jim, Ed. P.O.L, 19 euros, 256 pages.

S’adapter / Clara Dupont-Monod

Cévennes. Dans les montagnes. Une fratrie recompose avec l’arrivée d’un enfant ayant plusieurs handicaps.

Un enfant nait avec des handicaps et bouleverse la famille dans laquelle il arrive. Plus particulièrement l’ainé et la cadette qui ne vont pas réagir de la même façon devant les différences de leur tout jeune frère. Dans un roman plein de petites observations et très juste dans le ressenti des personnages, Clara Dupont-Monod adopte le point de vue des proches en commençant par l’ainé. Puis la cadette. Les réactions n’ont rien à voir et on découvre la fratrie de l’intérieur. Leurs pensées et leurs non-dits. L’environnement joue beaucoup dans l’atmosphère que campe l’autrice. Les Cévennes et la nature où grandissent les enfants font partie intégrante du récit. Un très beau roman qui mérite amplement les échos qu’il a eus je trouve.

Extrait : « Alors, forcément, la montagne apparaissait comme une masse dénuée de morale, accueillante comme le sont les animaux. Il y avait là l’étymologie du refuge, fugere c’était s’enfuir. La montagne permettait le recul, un pas en arrière du monde. »

S’adapter, ed. Stock, 18,50 euros, 200 pages.

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