Les conditions d’accueil dans les structures médicosociales sont parfois dégradées et c’est ce qui va mener l’autrice à un procès dans ce court livre. Un procès dans lequel une femme est amenée à comparaitre pour des faits de maltraitance depuis des années sur les enfants dont elle a la garde dans la structure. À la fois autobiographie, fiction, journal, objet non identifié, on ressort de cette lecture touché. On retrouve la plume de Séverine Chevallier qui restitue une expérience compliquée de sa vie. Son fils a subi justement cette maltraitance dans cette structure de soin. Pendant plusieurs années et il n’a pas été le seul. La romancière choisit ses mots avec beaucoup de justesse et on retrouve toutes la sensibilité qui se dégageait dans « Jeannette et le crocodile » par exemple. Le regard sur la gestion des marginaux est encore une fois d’une acuité rare. La société n’a pas son pareil pour être violente, quelle que soit la forme que va prendre cette violence envers les personnes en situation de handicap. Une écriture, un rythme, des images qui nous parviennent, lire Séverine Chevallier c’est retrouver un peu de tout ça à la fois. C’est aussi s’attarder sur la condition des femmes comme lorsque la parole d’une femme dans un procès a moins de valeur, une parole que l’on imagine facilement hystérique ou hors de propos. À noter le très beau travail éditorial des éditions Dynastes. « Chronique judiciaire » est un objet à part, un singulier journal à lire et relire.
Chronique judiciaire, ed. Dynastes, 11 euros, 104 pages.