Fantastique Histoire d’amour / Sophie Divry

Une histoire d’amour inattendue, à lire.

Bastien est inspecteur du travail. Il se rend au début du roman dans une usine de recyclage des déchets plastiques, un accident a eu lieu et un homme est retrouvé mort dans une compacteuse. Bastien se rend sur place pour comprendre si une ou plusieurs défaillances peuvent expliquer l’accident. Maïa de son côté est journaliste scientifique et elle se rend au Cern en Suisse, un centre de recherche nucléaire à Genève. Elle s’y rend pour interviewer sa tante qui y travaille. L’objet de l’interview concerne le cristal scintillateur, un mystérieux matériau aux propriétés inattendues. Sophie Divry se penche sur ces deux trajectoires de vie, prend le temps de construire ses personnages, la tension monte crescendo et on se doute bien que les deux personnages vont se croiser à un moment ou un autre. La mort de l’ouvrier dans l’usine est louche et le matériau dont il est question au Cern l’est tout autant. Il n’en faut pas plus pour que le roman devienne prenant et que « Fantastique Histoire d’amour » tende vers le thriller. C’est très bien vu du début à la fin et on retrouve le regard plein d’humanité de l’autrice sur nos petits comportements du quotidien. Un excellent roman noir qui brasse de nombreux thèmes sans les survoler.

Fantastique Histoire d’amour, ed. du Seuil, 24 euros, 512 pages.

L’Ange rouge / François Médéline

Un roman noir (très) sombre et prenant dans la ville des gones.

Alain Dubak et son équipe de la police criminelle vont se retrouver sur une affaire sordide fin des années 90. Un cadavre est retrouvé alors qu’il dérive sur la Saône sur un radeau. Mutilé, il est retrouvé dans une mise en scène glauque et Alain Dubak n’est pas au bout de ses peines pour donner du sens à ce premier meurtre qui en appelle d’autres. Le commandant peut compter sur son équipe. Flic intègre et qui traîne ses vieux démons notamment lorsqu’il travaillait pour les STUPS ou lorsqu’il pense encore à son ex compagne, il ne va rien lâcher. Entre les médias aux aguets et la hiérarchie qui préfère trouver un coupable au plus vite, l’équipe de Dubak va être embarquée dans une enquête complexe. Le tueur n’a pas prévu de s’arrêter. C’est rythmé, sombre et très efficace. On sent que François Médéline a une affection toute particulière pour Ellroy. « L’ange rouge » est un pur roman noir qui ne s’essouffle pas et qui nous montre une part sombre de Lyon. La ville et son atmosphère font parties intégrantes du récit tout comme la politique. Les personnages sortent de l’ordinaire et restent ambivalents tout au long de l’histoire. Mention spéciale à Mamy, seconde dans l’équipe de Dubak et lucide comme jamais sur ce qui se déroule devant leurs yeux. J’avais un très bon souvenir de « Les rêves de guerre » et je retrouve avec plaisir François Médéline dans « L’ange rouge », un polar qui envoie du bois et à la construction précise. On est à la limite du thriller et on a beaucoup de mal à lâcher ce roman noir. Redoutable.

L’Ange rouge, ed. La manufacture de livres, 20,90 euros, 506 pages.

Les Gentils / Michaël Mention

La lente descente aux enfers d’un père qui perd sa fille.

Franck perd sa fille de 8 ans dans des circonstances tragiques. La suite va être un très long calvaire pour lui, à commencer par sa séparation avec sa femme. Il tente de surnager dans son magasin de disques, mais un an après il n’y parvient toujours pas. Il décide alors de vendre sa boutique à un ami pour se lancer à la recherche de l’homme responsable de la mort de sa fille. Un homme qui n’a toujours pas été retrouvé et qui le hante nuit et jour. Le père de famille se lance dans une quête qui va durer des mois et qui va le faire passer par Toulouse, Marseille ou encore la Guyane. Une quête dans laquelle il tente de chercher des raisons de continuer à vivre et à lutter contre son mal être quotidien. La traque de cet homme avec un mystérieux tatouage devient une véritable obsession. Michaël Mention dans un roman rude et rythmé, décrit la psychologie d’un homme en bout de course. Un homme qui imagine un dialogue à certains moments avec sa fille décédée. Un homme qui tente de se donner un infime espoir à travers la vengeance. « Les Gentils » est un roman noir d’une grande intensité qui laisse peu de répit au lecteur et qui est comme souvent chez l’auteur très bien documenté pour le contexte dans lequel il se déroule. Franck le personnage évolue à la fin des années 70’s. La politique n’est jamais loin tout comme la passion pour la musique de l’auteur. On ressort de cette lecture un peu sonnée avec un sentiment d’avoir été pris dans une tension qui monte crescendo jusqu’à la fin.

Les Gentils, ed. Belfond, 20,50 euros, 352 pages.

Billy Summers / Stephen King

Un roman noir ultra efficace qu’on dévore.

Billy Summers est un ancien sniper de l’armée Américaine qui s’est reconverti en tueur à gages à son retour au pays. Au début du roman Billy décide de raccrocher mais on lui propose un dernier coup, un truc bien lucratif qui fait hésiter le tueur. Il finit par accepter le contrat. Pour cela, il va se faire passer pour un apprenti écrivain dans une petite bourgade. Il prépare les choses comme à son habitude avec beaucoup de minutie mais là il y a un truc qui ne lui revient pas. Ce n’est pas son premier contrat et la victime est clairement un méchant (Billy n’abat que des « méchants », une de ses règles d’or). Pourtant un truc le dérange. Vous vous en doutez la suite va lui donner raison et cet assassinat qui devait être le dernier avant sa retraite ne va pas se passer comme prévu. Stephen King construit un personnage attachant et malin qui va tenter d’y voir clair dans les magouilles dans lesquelles il s’est embarqué. On a beau être tueur à gages on peut aussi devenir une cible soi-même. Dans un roman noir habilement construit, l’auteur mélange une réflexion sur l’écriture (via le statut d’apprenti écrivain de Billy), de l’action et des pointes d’humour à droite à gauche. Stephen King régale son lecteur et offre un bon moment de lecture.

Billy Summers, ed. Albin Michel, 24,90 euros, 560 pages.

L’Âme du chasseur / Deon Meyer

En Afrique du Sud, un agent secret voit son passé ressurgir.

« P’tit » a été par le passé un agent pour les services secrets sud-africain. Depuis le changement de régime il a une vie rangée avec sa compagne et l’enfant de cette dernière. Il bosse chez un concessionnaire auto et ne fait aucune vague. Mais un jour, il reçoit une demande d’un ancien camarade de lutte. Ce camarade a été enlevé et les ravisseurs demande des informations bien précises contenues sur un disque dur. Il est obligé de quitter son foyer pour leur amener le disque dur. Sur la route, il se retrouve à son insu la proie d’une chasse imprévue. D’un côté les forces de l’ordre le repère et le poursuive mais de l’autre il ne comprend pas pourquoi ce disque dur qu’il doit transporter lui attire autant de problèmes. Étant un ancien agent hors pair, il tente de contenir ses vieux démons et de ne pas retomber dans une violence qu’il a connu. Mais les choses ne vont pas être si simples, la traque peut basculer à tout moment. Deon Meyer dans « L’âme du chasseur » est à son meilleur. On retrouve un roman qui oscille entre thriller et roman noir, avec un soupçon de corruption et de politique comme souvent chez l’auteur. Le tout fonctionne très bien et on se laisse porter par la tension qui va crescendo.

L’Ame du chasseur, ed. Seuil, 21,30 euros, 432 pages.

Ne me cherche pas demain / Adrian McKinty

Le retour de Sean Duffy, policier redoutable et borderline.

On connait son talent redoutable pour les romans noirs qu’on ne lâche pas et c’est avec plaisir que l’on retrouve Adrian McKinty dans ses œuvres avec « Ne me cherche pas demain ». Le troisième bouquin traduit des aventures du policier Sean Duffy mais qu’il est possible de lire indépendamment. Non loin de Belfast, en 1983, le policier Sean Duffy est encore de la partie et se retrouve en fâcheuse posture au début du roman. Il est mystérieusement accusé d’avoir renversé quelqu’un en voiture et est radié de la police pour ça. A peine sa retraite mélancolique débutée que le MI5 se rapproche de lui pour lui proposer une mission en échange de son retour dans les rangs de la police. Retrouver un ancien pote à lui, Dermot, qui est devenu un membre actif de l’IRA et qui s’est évadé il y a peu de prison. Voilà Sean lancé à sa poursuite dans une nouvelle affaire aux nombreux rebondissements. Le policier atypique et intello sur les bords va d’ailleurs croiser la route d’une seconde enquête à résoudre, une enquête qui rend hommage aux meilleurs romans à énigme. Le personnage de Sean Duffy est toujours passionnant à suivre. Doté d’un humour et d’une répartie d’enfer, Duffy fait partie des policiers qui sortent des carcans des enquêteurs plus classique. En plein conflit Nord Irlandais, le policier va se retrouver à plusieurs reprises dans des situations plus que tendues et à aucun moment le rythme ne s’essouffle. On dévore ce bouquin et retrouve avec plaisir le ton de McKinty. A noter que plusieurs aventures de Sean Duffy n’ont pas encore été traduite, on espère que ce sera le cas.

Ne me cherche pas demain, ed. Actes Sud, 23,50 euros, 384 pages.

Keep hope / Nathalie Bernard et Frédéric Portalet

Une policière spécialisée dans les disparitions d’enfants reprend du service.

Valérie Lavigne ne bosse plus depuis deux ans dans le service des enfants disparus de la police de Montréal. Le lecteur a du mal à comprendre les raisons de son écartement du terrain mais petit à petit les choses s’éclaircissent. Jusqu’au jour où tout se précipite lorsque Valérie croise le regard d’une jeune fille qui lui fait immédiatement penser à un vieux dossier sur lequel elle a travaillé à l’époque. C’est le début d’une quête où l’ancienne policière va être amenée à déterrer de vieux démons. Pendant ce temps là et non loin de là, Hope, une jeune fille indépendante vie avec son père sur les routes. Leur singulier mode de vie ne dérangeait pas la jeune fille mais depuis peu elle commence à se demander pourquoi le binôme qu’elle forme avec son père ne se pose jamais à un endroit pour y vivre. Ces deux personnages vont évoluer en parallèle dans ce roman écrit à quatre mains. Un roman qui tend progressivement vers le thriller et qui est de plus en plus prenant. Une jolie découverte dans cette littérature pour jeune adulte peu valorisée je trouve. « Keep hope » est un court roman très bien mené qui restitue le regard d’une adolescente et ses questionnements notamment sur la filiation. A noter au passage la très belle couverture des éditions Thierry Magnier.

Keep hope, ed. Thierry Magnier, 288 pages, 15,80 euros.

La tentation / Luc Lang

Un surprenant thriller en montagne, à l’atmosphère pesante.

François est chirurgien orthopédique et apprécie de se rendre en Savoie pour chasser dans un relais retranché qui appartient à sa famille. Le roman démarre sur une de ses chasses avec un cerf et sur l’arrivée imprévue de son fils dans le relais. Son fils qu’il a de plus en plus de mal à comprendre, un golden boy new-yorkais qu’il ne voit presque plus. Et sa fille n’est pas en reste non plus, une autre relation qui n’est pas des plus sereine. Il ne parvient pas à la joindre pour prendre de ses nouvelles au début de ce roman tendu et qui progresse vers le thriller au fil des pages. À travers une narration originale et qui met un petit temps à se mettre en place, Luc Lang reprend des scènes déjà évoquées et les répète en les précisant. Ça peut paraitre déroutant au premier abord, mais ça fonctionne. Le personnage principal se remémore une vie passée, sa famille, sa relation amoureuse, au gré des évènements inattendus. Un roman sombre et prenant qui est une belle surprise.

La tentation, ed. Folio, 8,90 euros, 352 pages.

36 heures dans la brume / Nathalie Somers

Les aventures de Matt, jeune homme qui a perdu la mémoire à la suite d’un accident.

Nous sommes en 1937, dans l’entre deux guerres. Le jeune Matt, 15 ans, est repêché dans la baie de San Francisco par un équipage qui passe par là. Il finit par reprendre difficilement ses esprits sur le navire puis se rend compte rapidement qu’il a de sacrés trous de mémoires. Sa chute dans l’eau a laissé plus de séquelles que ce qu’il pensait. En retrouvant la terre ferme et après quelques soins, il s’en va tenter de retrouver les bribes de son passé. Il doit alors affronter son amnésie. Le lecteur découvre petit à petit la vie du jeune homme, ses proches, et comment il s’est retrouvé à chuter dans la baie. Ajoutez à cela quelques mafieux et une dose d’aventure et vous avez un court roman de littérature jeunesse très agréable à lire.

36 heures dans la brume, ed. Bayard, 13,90 euros, 160 pages.

La Capture / Nicolas Lebel

Qui sème les coups récolte la tempête.

On retrouve l’enquêtrice Yvonne Chen dans le dernier roman noir de l’auteur. Je vous conseille d’ailleurs de commencer par le « Le gibier » son roman précédent pour comprendre des éléments de contexte. Celui-ci peut se lire indépendamment mais ce serait dommage de passer à côté du premier, notamment pour découvrir la personnalité complexe d’Yvonne Chen et comment elle en est arrivée à poursuivre un étrange groupe du nom des « Furies ».

Dans « La capture », direction la Bretagne et une île sur la côte nord. Une petite île du nom de Morguelen où tout le monde se connaît. L’enquêtrice rejoint un duo d’enquêteurs déjà sur place qui surveille un curé suspecté d’être un criminel de guerre. En effet le curé semble avoir un passé douteux. On retrouve tout de suite la gouaille et la répartie cinglante de la flic Yvonne Chen, en conflit avec sa hiérarchie. Et lorsqu’elle arrive sur l’île et découvre qu’un des habitants vient d’être enterré dans des circonstances qui la questionne, il ne lui en faut pas plus pour creuser l’affaire. Nicolas Lebel est très bon pour mener le lecteur par le bout du nez et mettre ses retournements de situation en place. Encore une fois ça fonctionne dans « La capture » même si j’ai été moins embarqué que dans « Le gibier ». Difficile de savoir pourquoi. L’auteur en profite comme souvent pour lancer quelques pics sur la société et sur son fonctionnement, notamment la justice qui marche parfois sur la tête.

La Capture, ed. du Masque, 20,90 euros, 288 pages.

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