L’Ange rouge / François Médéline

Un roman noir (très) sombre et prenant dans la ville des gones.

Alain Dubak et son équipe de la police criminelle vont se retrouver sur une affaire sordide fin des années 90. Un cadavre est retrouvé alors qu’il dérive sur la Saône sur un radeau. Mutilé, il est retrouvé dans une mise en scène glauque et Alain Dubak n’est pas au bout de ses peines pour donner du sens à ce premier meurtre qui en appelle d’autres. Le commandant peut compter sur son équipe. Flic intègre et qui traîne ses vieux démons notamment lorsqu’il travaillait pour les STUPS ou lorsqu’il pense encore à son ex compagne, il ne va rien lâcher. Entre les médias aux aguets et la hiérarchie qui préfère trouver un coupable au plus vite, l’équipe de Dubak va être embarquée dans une enquête complexe. Le tueur n’a pas prévu de s’arrêter. C’est rythmé, sombre et très efficace. On sent que François Médéline a une affection toute particulière pour Ellroy. « L’ange rouge » est un pur roman noir qui ne s’essouffle pas et qui nous montre une part sombre de Lyon. La ville et son atmosphère font parties intégrantes du récit tout comme la politique. Les personnages sortent de l’ordinaire et restent ambivalents tout au long de l’histoire. Mention spéciale à Mamy, seconde dans l’équipe de Dubak et lucide comme jamais sur ce qui se déroule devant leurs yeux. J’avais un très bon souvenir de « Les rêves de guerre » et je retrouve avec plaisir François Médéline dans « L’ange rouge », un polar qui envoie du bois et à la construction précise. On est à la limite du thriller et on a beaucoup de mal à lâcher ce roman noir. Redoutable.

L’Ange rouge, ed. La manufacture de livres, 20,90 euros, 506 pages.

L’ange gardien / Jérôme Leroy

Un tueur hors pair rencontre quelques difficultés lors d’une ultime mission.

Berthet est un vrai soldat qui va au charbon, un tueur au service de la mystérieuse « Unité ». Une sorte de police secrète dans l’État. Il s’occupe de basses œuvres en assassinant des cibles précises, quelle que soit leur place sur l’échiquier politique français et sans se poser la question bien longtemps de la légitimité de son acte. On découvre ce personnage adepte de poésie à travers une alternance entre des évènements qu’il a déjà vécus et ce qu’il vit au présent. Dans les deux cas, l’action et le rythme ne manquent pas et on se rend compte rapidement que Berthet est d’une efficacité redoutable. Ajoutez à cela Kardiatou Diop, une femme politique en devenir et Joubert, un enseignant en bout de course, reconvertis en auteur de polar en quête de reconnaissance et le roman est lancé. Jérôme Leroy plante une atmosphère teintée de mélancolie lorsque l’auteur s’attarde sur le passé de Berthet et tout son parcours. L’extrême droite n’est jamais loin et plane au-dessus du roman avec ses méthodes sordides. Berthet va naviguer en eaux troubles et même s’il a l’habitude de ne rien laisser au hasard les choses vont se compliquer pour lui dans son ultime mission. « L’ange gardien » est un roman noir, très noir et bien construit qui m’a permis de remettre le nez dans les romans de Jérôme Leroy. J’avais un bon souvenir de « La petite gauloise » lu il y a un bon moment. Je retrouve sa plume avec plaisir dans « L’ange gardien » et je crois que ce roman peut faire suite au « Bloc » paru précédemment et qui aborde les mêmes thématiques.

L’ange gardien, ed. Gallimard, coll. Série Noire, 18,90 euros, 336 pages.

Ces femmes-là / Ivy Pochoda

Un tueur en série revient dans un quartier de Los Angeles pour s’en prendre à une communauté de prostituées.

Dans un quartier plutôt laissé à l’abandon à Los Angeles, West Adams, Ivy Pochoda dresse les portraits de plusieurs femmes. Une communauté de prostituées soudée qui doit faire face à de vieux démons qui ressurgissent. Un tueur en série ayant sévi dans le coin il y a plusieurs années semble avoir refait surface. Les mauvais souvenirs reviennent et les personnages doivent de nouveau composer avec leurs peurs. En adoptant directement les points de vue des femmes en question, le lecteur est au plus près des victimes. L’autrice décortique les sentiments que ce soit l’insécurité ressentie par ces femmes, les contacts quotidiens avec la misogynie ou encore la volonté farouche d’avancer et de s’en sortir. C’est un roman noir qui change dans sa construction et en même temps on a du mal à le déposer une fois débuté. Les dialogues, les situations de ces femmes (les prostituées, mais aussi les femmes au sein même de la police), leurs conditions, tout sonne juste. Ivy Pochoda écrit avec « Ces femmes-là » un polar abouti et bien en phase avec son temps.

Ces femmes-là, ed. Globe, 23 euros, 400 pages.

Quartier rouge / Simone Buchholz

Premier roman noir avec Chastity Riley la procureure barrée de Simone Buchholz. Et première réussite.

Après avoir découvert la procureure Chastity Riley dans « Nuit bleue », je continue de lire les romans noirs de l’autrice Simone Buchholz avec « Quartier rouge » et c’est toujours aussi prenant. On prend beaucoup de plaisir à se retrouver de nouveau à Hambourg. Cette fois-ci Chastity se retrouve face au cadavre d’une jeune femme scalpée. À priori une stripteaseuse et malheureusement ça ne sera pas la seule victime dans cette histoire. Dans ce premier roman noir de la série, on distingue déjà le ton singulier de la romancière qui n’a pas son pareil pour camper une ambiance ou une atmosphère. On est embarqué avec Chastity et son entourage de bras cassés, de Faller le commissaire au ton paternel à Klatsche avec qui la procureure noue des relations épisodiques, sans oublier Clara la bonne pote du bar qui devient souvent le QG de Chastiy, lorsqu’elles ne sont pas toutes les deux devant un match de Santk Pauli en troisième division. Il semblerait que le meurtrier manipule ses victimes dans l’affaire qui occupe la procureure. Les filles le suivent sans hésiter. En passant par des moyens pas toujours légaux, Chastiy va se lancer dans l’enquête avec son tact légendaire et encore une fois on est complètement embarqué dans ce roman noir aux dialogues savoureux. Même si c’est le premier de la série il y a déjà une forme de maturité dans la plume de Simone Buchholz.

Traduit de l’Allemand par Joël Falcoz.

Quartier rouge, ed. Piranha, 16,90 euros, 208 pages.

Billy Summers / Stephen King

Un roman noir ultra efficace qu’on dévore.

Billy Summers est un ancien sniper de l’armée Américaine qui s’est reconverti en tueur à gages à son retour au pays. Au début du roman Billy décide de raccrocher mais on lui propose un dernier coup, un truc bien lucratif qui fait hésiter le tueur. Il finit par accepter le contrat. Pour cela, il va se faire passer pour un apprenti écrivain dans une petite bourgade. Il prépare les choses comme à son habitude avec beaucoup de minutie mais là il y a un truc qui ne lui revient pas. Ce n’est pas son premier contrat et la victime est clairement un méchant (Billy n’abat que des « méchants », une de ses règles d’or). Pourtant un truc le dérange. Vous vous en doutez la suite va lui donner raison et cet assassinat qui devait être le dernier avant sa retraite ne va pas se passer comme prévu. Stephen King construit un personnage attachant et malin qui va tenter d’y voir clair dans les magouilles dans lesquelles il s’est embarqué. On a beau être tueur à gages on peut aussi devenir une cible soi-même. Dans un roman noir habilement construit, l’auteur mélange une réflexion sur l’écriture (via le statut d’apprenti écrivain de Billy), de l’action et des pointes d’humour à droite à gauche. Stephen King régale son lecteur et offre un bon moment de lecture.

Billy Summers, ed. Albin Michel, 24,90 euros, 560 pages.

Je suis le feu / Max Monnehay

Retrouver Victor Caranne, le psychologue en milieu carcéral.

Dans « Je suis le feu » on retrouve le psychologue en milieu carcéral Victor Caranne, découvert dans le premier roman de l’autrice, « Somb ». Un personnage torturé par un passé qu’il a des difficultés à laisser derrière lui. Notamment un évènement traumatique dont on apprend déjà l’existence dans le premier roman. Victor Caranne rencontre régulièrement des prisonniers dans la prison de l’île de Ré et apporte une aide ponctuelle à des enquêtes en cours sur la Rochelle et ses alentours. Dans ce nouveau polar, plusieurs femmes sont retrouvées assassinées à leurs domiciles à travers des mises en scène macabres. Une singulière enquête qui nous fait aussi entrer dans la tête du tueur sur certains chapitres. Le tout s’imbrique petit à petit et le lecteur a parfois un temps d’avance sur Caranne. C’est toujours un régal de retrouver une région et ses bords de mer, et comme dans « Somb » le cadre du roman participe pleinement au plaisir de lecture. « Je suis le feu » apparaît plus abouti et prenant que le précédent. Max Monnehay est définitivement une autrice à suivre. C’est sombre, très bien amené et les personnages prennent de l’épaisseur (l’exemple de Babiak).

Je suis le feu, ed. du Seuil, 20 euros, 400 pages.

Nager sans se mouiller / Carlos Salem

Un tueur à gages se retrouve en famille au milieu d’un camping naturiste.

Numéro trois est tueur à gages, mais aussi un père de famille plutôt tendance père absent. Il se retrouve à prendre des vacances au début du roman, avec sa fille et son fils dans un camping naturiste dans le sud de l’Espagne. Et comme une mission n’est jamais bien loin, son employeur souhaite cette fois-ci qu’il joint l’utile à l’agréable en surveillant une potentielle cible durant son séjour dans le camping avec ses enfants. Numéro trois qui flaire l’embrouille ne comprend pas pourquoi il ne doit tuer personne et simplement « surveiller » une cible. La suite va lui donner raison. En impliquant son ex-femme ou encore d’anciennes connaissances, le camping va être le théâtre de nombreux rebondissements pour le tueur. Carlos Salem écrit un roman noir déjanté à souhait, avec quelques flashbacks au fil du récit sur la vie du tueur. À l’arrivée, cela donne un savant mélange d’humour noir et d’action. Certains passages sont discutables notamment des dialogues un peu clichés, mais l’ensemble reste de très bonne facture. Une découverte qui vaut le détour.

Nager sans se mouiller, ed. Actes Sud, 22,20 euros, 304 pages.

Traverser la nuit / Hervé Le Corre

Un polar très sombre sur les violences faites aux femmes.

Sombre et poisseux, le dernier roman noir d’Hervé Le Corre met une jolie claque lors de sa lecture. Une jeune femme, Louise, élève seule son fils et tente de survivre à un compagnon violent qui revient inlassablement l’agresser. Jourdan de son côté, commandant de police de son état, enchaîne les affaires sordides où des femmes sont les victimes d’hommes violents et sans scrupules, que ce soit dans le cadre de violences conjugales ou dans le cadre de proxénétisme. Le commandant est désabusé et marqué par ces affaires qui se suivent et qui finissent par l’affecter. Pourtant il ne peut s’empêcher de laisser affleurer une colère sourde à chaque affaire qu’il rencontre, une colère sourde contre ces hommes qui prennent les femmes pour des moins que rien. Un des personnages qui n’est autre que le tueur va encore plus loin dans cette aversion pour les femmes. Le commandant s’engage alors dans une enquête à rebondissements qui va révéler de nombreuses zones d’ombres.

Hervé Le Corre n’a pas son pareil pour camper une scène, une atmosphère. Les phrases concises font apparaître des images aux lecteurs en quelques lignes et c’est fort. Les personnages ne sont pas en reste et construit sans manichéisme, ils font preuve d’ambiguïté dans leurs décisions et dans leurs actions.

Ce polar est plus que recommandable. Si vous ne connaissez pas la plume de cet auteur il ne faut pas hésiter une seconde.

Traverser la nuit, ed. Rivages, 20,90 euros, 320 pages.

Les Âmes sous les néons / Jérémie Guez

Une riche famille vole en éclat suite à l’assassinat du mari, sa femme va alors découvrir un monde hostile.

Je guettais cette sortie de la rentrée de janvier, repérée à la lecture du dernier numéro de L’indic. Et autant le dire tout de suite, le nouveau roman du talentueux Jérémie Guez sonne juste et on retrouve dès le début sa plume caractéristique.

Cet auteur de roman noir emmène souvent ses lecteurs dans la noirceur de l’âme humaine en mêlant une atmosphère sombre à un rythme qui n’a rien à envier aux page turner les plus efficaces. Les combats et les scènes d’action sont très bien restitués et « Les âmes sous les néons » ne fait pas exception. Il y a un sentiment d’immersion qui se dégage et en même temps une économie de mots pour décrire certaines scènes.

Dans ce cinquième roman, une jeune mère de famille qui se remet à peine d’une césarienne perd son mari. Pas n’importe comment puisque ce dernier prend une balle qui lui emporte une partie du visage. C’est donc un assassinat qui en dit long et la jeune femme va l’apprendre à ses dépends. Dans quel business son riche mari baignait-il ? Pourquoi cette mort si violente et maintenant que va-t-elle devenir avec ses nouvelles cartes en main ? Le pitch est simple et pourtant, ça fonctionne dès que tout se met en branle autour d’elle.

Un excellent roman noir qu’on ne lâche pas.

Les Âmes sous les néons, ed. La Tengo, 15,50 euros, 176 pages.

Il faut flinguer Ramirez / Nicolas Petrimaux

Acte 1

Ça faisait un moment que je tournais autour de cette très belle BD de Nicolas Petrimaux. Je m’attendais à un doux mélange entre de la castagne et des personnages marquants, je n’ai pas été déçu une seconde. Ça va à deux cents à l’heure. Ce premier tome annonce une série prometteuse, je vous conseille sa lecture et j’ai hâte de découvrir la suite.

Il faut flinguer Ramirez, Ed. Glénat BD, 19,95 euros.

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