Une charrette pleine d’étoiles / Frédéric H. Fajardie

Trois compères se retrouvent en pleine guerre civile espagnole.

Nous sommes en 1938 et un homme fuit en Espagne dans les rangs fascistes. Responsable d’un meurtre et d’un viol en France, il ne se doute pas que trois hommes vont partir à sa recherche. Riton, Harszfield et Mena, trois ouvriers dans une usine d’Ivry-sur-Seine et qui arrivent en Espagne alors que la guerre civile fait rage contre les hommes du général Franco. Alors que les trois hommes s’orientent vers une traque ils se retrouvent enrôlés dans les troupes qui s’opposent aux hommes de Franco. Le voyage va malmener leurs idéaux, les séparer et ils vont côtoyer la violence et la lutte au quotidien, en combattant avec les républicains. Fajardie écrit un roman noir irrigué par l’Histoire et la guerre civile espagnole. On s’attache à ces personnages qui luttent et qui prônent l’amitié et la solidarité en valeurs cardinales. « Une charrette pleine d’étoiles » me permet de découvrir Frédéric H. Fajardie. Je n’ai pas lu la postface de ce livre écrit par Jérôme Leroy aux Éditions Mille-et-une Nuits, mais je retrouve le style nerveux, politique et très efficace de Leroy dans la plume de Fajardie. Du très bon.

Une charrette pleine d’étoile, ed. Folio, 7,80 euros, 160 pages.

Le Bloc / Jérôme Leroy

Chroniques d’un parti d’extrême droite aux portes du pouvoir.

« Le bloc » aborde l’ascension d’un parti d’extrême droite du même nom. Jérôme Leroy s’attarde sur deux personnages ambivalents et complexes. Stanko, homme de main redoutable du parti au passé trouble et qui se retrouve traqué au début du roman. Responsable du service d’ordre pendant une période, le parti approchant du pouvoir suite à des tensions à travers le pays, l’homme de main qui s’occupe habituellement des basses oeuvres fait tache. Et de l’autre, Antoine le mari d’Agnès, la présidente du Bloc. Un intellectuel ambivalent qui prend un malin plaisir à prendre de haut la majorité des troupes du parti. Proche de Stanko il a aussi une grande affection pour la violence. « Le bloc » est un roman noir qui peut rendre mal à l’aise, qui décrit avec une précision rare les méthodes des adhérents d’un parti d’extrême droite. Violence, racisme, propos dégradants, combines, tout se recroise dans la montée irrémédiable du parti qui s’apprête à signer un accord avec le gouvernement en place. Un parti aux portes du pouvoir et qui se sert des tensions dans les villes entre forces de l’ordre et population pour avancer dans les sondages. L’État est dépassé par les évènements. Les médias s’en emparent lorsqu’un décompte macabre des morts est mis en place pendant les informations. Le roman noir de Jérôme Leroy est aussi un polar qui résonne avec l’actualité. Comme dans « L’Ange gardien », chacun sert ses intérêts et certains sont prêts à tout pour cela. On retrouve l’écriture singulière de l’auteur que ce soit dans les scènes d’action où l’on pense à Manchette ou dans la narration. Une lecture marquante qui laisse à penser.

Jérôme Leroy dans un portrait de Libé, en parlant du roman noir : «c’est là où se fait la littérature aujourd’hui», considère-t-il, «un formidable terrain d’expérimentation». Il a commencé à en écrire «parce qu’il fallait que je parle de ce que j’observais sur le terrain, la violence dans les rapports humains et politiques, les émeutes urbaines que je voyais arriver. Le polar, c’est le roman de l’inquiétude».

Le Bloc, ed. Gallimard, coll. Série Noire, 17,75 euros, 304 pages.

L’ange gardien / Jérôme Leroy

Un tueur hors pair rencontre quelques difficultés lors d’une ultime mission.

Berthet est un vrai soldat qui va au charbon, un tueur au service de la mystérieuse « Unité ». Une sorte de police secrète dans l’État. Il s’occupe de basses œuvres en assassinant des cibles précises, quelle que soit leur place sur l’échiquier politique français et sans se poser la question bien longtemps de la légitimité de son acte. On découvre ce personnage adepte de poésie à travers une alternance entre des évènements qu’il a déjà vécus et ce qu’il vit au présent. Dans les deux cas, l’action et le rythme ne manquent pas et on se rend compte rapidement que Berthet est d’une efficacité redoutable. Ajoutez à cela Kardiatou Diop, une femme politique en devenir et Joubert, un enseignant en bout de course, reconvertis en auteur de polar en quête de reconnaissance et le roman est lancé. Jérôme Leroy plante une atmosphère teintée de mélancolie lorsque l’auteur s’attarde sur le passé de Berthet et tout son parcours. L’extrême droite n’est jamais loin et plane au-dessus du roman avec ses méthodes sordides. Berthet va naviguer en eaux troubles et même s’il a l’habitude de ne rien laisser au hasard les choses vont se compliquer pour lui dans son ultime mission. « L’ange gardien » est un roman noir, très noir et bien construit qui m’a permis de remettre le nez dans les romans de Jérôme Leroy. J’avais un bon souvenir de « La petite gauloise » lu il y a un bon moment. Je retrouve sa plume avec plaisir dans « L’ange gardien » et je crois que ce roman peut faire suite au « Bloc » paru précédemment et qui aborde les mêmes thématiques.

L’ange gardien, ed. Gallimard, coll. Série Noire, 18,90 euros, 336 pages.

Après les chiens / Michèle Pedinielli

Retrouver Diou et ses enquêtes niçoises, toujours une régalade.

Je me suis finalement lancé dans la lecture de la seconde aventure de Ghjulia Boccanera, alias « Diou ». Enquêtrice que j’avais adoré suivre dans le premier opus, « Boccanera ». Il me tardait de retrouver cette ambiance niçoise et les traits de caractère de Diou. À la fois désabusée, drôle et en même temps pleine de saillies acerbes contre une société bancale. Un mélange qui avait fait mouche dès les premières pages. Et je vous rassure tout de suite, c’est encore le cas avec « Après les chiens ». On retrouve d’ailleurs de nombreux personnages familiers croisés dans la première enquête (même si les deux livres peuvent se lire indépendamment et que de nouveaux personnages apparaissent).

Dans cette nouvelle enquête, Diou est amenée à ressasser son passé et ses rencontres antérieurs au détour de deux nouvelles affaires. La première est déclenchée lorsque la détective fait une macabre découverte pendant un footing au mont Boron, une forêt sur les hauteurs de Nice. En parallèle à cela, une jeune femme est portée disparue et on fait appel à ses services pour la retrouver. Il n’en faut pas plus à Boccanera pour se lancer dans les deux affaires même si cela doit se faire en même temps que les services de police. Michèle Pedinielli en profite pour raconter une seconde histoire tout aussi forte qui va faire écho à ce que vit Diou. Une histoire qui se déroule à la fin de la seconde guerre mondiale en 1943 et qui vient s’intercaler entre les chapitres au fil du récit.

Je vous conseille ce polar plein d’humanité, c’est toujours aussi prenant. Une bonne nouvelle au passage lue sur les réseaux cette semaine, un troisième roman est prévu pour mars 2021 et inutile de dire que j’ai déjà hâte.

Après les chiens, ed. De l’Aube, coll. l’Aube noire, 17,90 euros, 176 pages.

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