Le corps de la ville endormie / Gérard Lecas

Une enquête autour d’un couvent parisien, menée par deux personnages complexes de la BAC parisienne.

Malgré certains écueils dans celui-ci notamment le traitement des personnages féminins en grande partie résumées à leurs physiques, j’étais curieux de relire un roman noir de Gérard Lecas après avoir beaucoup aimé le dernier en date, « Le sang de nos ennemis ». C’est chose faite avec son court polar incisif, «Le corps de la ville endormie » sortie en 2012 après une longue pause d’écriture. Cette fois-ci direction Paris et la rue des Pyrénées dans le 20 ème arrondissement. Un homme est arrêté en train de taguer « sœurs assassines » sur les murs d’un couvent qui hébergent des adolescentes. Le lieutenant Danny Perez de la BAC est mis sur l’affaire avec Yasmina une stagiaire du service. Le duo fonctionne bien et l’enquête avance jusqu’à ce que les investigations commencent à brasser des choses plus personnelles pour les personnages. C’est là aussi que le roman devient intéressant. Les thèmes autour de la religion et de l’identité émergent et les personnages prennent ensuite petit à petit de l’épaisseur sous la plume de Gérard Lecas.

Le corps de la ville endormie, ed. Rivages, coll. Rivages noir, 7 euros, 176 pages.

Nager sans se mouiller / Carlos Salem

Un tueur à gages se retrouve en famille au milieu d’un camping naturiste.

Numéro trois est tueur à gages, mais aussi un père de famille plutôt tendance père absent. Il se retrouve à prendre des vacances au début du roman, avec sa fille et son fils dans un camping naturiste dans le sud de l’Espagne. Et comme une mission n’est jamais bien loin, son employeur souhaite cette fois-ci qu’il joint l’utile à l’agréable en surveillant une potentielle cible durant son séjour dans le camping avec ses enfants. Numéro trois qui flaire l’embrouille ne comprend pas pourquoi il ne doit tuer personne et simplement « surveiller » une cible. La suite va lui donner raison. En impliquant son ex-femme ou encore d’anciennes connaissances, le camping va être le théâtre de nombreux rebondissements pour le tueur. Carlos Salem écrit un roman noir déjanté à souhait, avec quelques flashbacks au fil du récit sur la vie du tueur. À l’arrivée, cela donne un savant mélange d’humour noir et d’action. Certains passages sont discutables notamment des dialogues un peu clichés, mais l’ensemble reste de très bonne facture. Une découverte qui vaut le détour.

Nager sans se mouiller, ed. Actes Sud, 22,20 euros, 304 pages.

Condé / Pierre Folacci

Un flic à Marseille.

Une autobiographie conduite à deux cents à l’heure, qui mélange la vie personnelle d’un homme et sa vie professionnelle. Pierre Folacci, l’ancien patron de la Brigade de répression du banditisme (BRB) de Marseille, raconte dans ce livre sa vie de flic, sans fard avec une forme de franchise et d’honnêteté. Entre les affaires plus surprenantes les unes que les autres et les bons et mauvais côtés de la vie de flic, l’auteur ne cache rien à son lecteur. On retrouve les sentiments du bonhomme qui se mêlent aux valeurs qui lui ont permis d’exercer son métier depuis 35 ans en passionné. Pour lui, le travail était avant tout un travail humain, un travail où les relations étaient primordiales. C’était aussi un travail de terrain (filatures, planques, indics). Sans tomber dans le cliché du flic à l’ancienne, il est aussi fier d’avoir été le témoin d’évolutions techniques récentes. La première exploitation de téléphones portables sur une enquête en est un exemple.

C’est un récit qui touche le lecteur, les émotions de Pierre Folacci sont loin d’être au dernier plan. On ne s’y perd pas, on ne décroche pas, on apprend des choses. C’est une vie racontée pour éclairer des enquêtes à Marseille, mais aussi ailleurs. C’est une vie racontée pour éclairer les enjeux du grand banditisme, les enjeux des luttes pour certains territoires urbains. Sans oublier le regard désabusé sur son institution, parfois gangrenée de l’intérieur. Ce récit sans tabous mérite qu’on s’y attarde.

Condé, un flic à Marseille, ed. La manufacture de livres, 8,90 euros, 352 pages.

Boccanera / Michèle Pedinielli

Nice et les apparences.

Bienvenues dans le vieux Nice chez la détective Ghjulia Boccanera que l’on surnomme « Diou ». Un nouveau personnage que je découvre dans ce premier roman de Michèle Pedinielli et autant le dire tout de suite, c’est un vrai coup de cœur.

Dans ce livre, il y a tout ce que j’apprécie dans le roman noir. Des personnages ambigus et complexes, un environnement qui devient un personnage à part entière (la ville de Nice) et des bons mots et dialogues très bien sentis. C’est un plaisir de suivre les tissus de relation qui se noue entre tous les individus et de suivre Diou dans son enquête. Le lecteur est rapidement pris dans le rythme et Michèle Pedinielli mène sa barque à merveille dans ce roman, avec quelques références en plus au monde du polar ce qui ne gâche rien. On sent que l’auteure est une grande lectrice de romans noirs comme son personnage. Au passage et c’est bien vu, les clichés sur la Côte d’Azur et la ville de Nice sont mis à mal sans pour autant que soient épargnées la ville et sa politique.

Boccanera, ed. de l’aube (poche), 11 euros, 256 pages.

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