Nikki Delage est une icône, une icône qui représente les marginaux, les exclus, les précaires. Cette brillante avocate a travaillé comme jamais son storytelling en se faisant passer pour une fille d’ouvrier, petite fille d’un grand-père torturé par l’OAS en Algérie. Elle est à la fois influenceuse ultra connue et en même temps elle se veut proche des gens qu’elle représente et pour qui elle agit au quotidien. Nikki grimpe les sphères du pouvoir et de plus en plus de monde adhère à son discours et à sa personnalité. Jusqu’au jour où le pays découvre qu’elle a tout inventé. La façade s’effrite et la chute est soudaine. Nikki est en réalité la fille d’un riche industriel bordelais et est issue d’une famille aisée. Qu’est-ce qui a poussé cette femme à tout inventer ? À vivre dans ce mensonge durant toutes ces années ? Est-ce que tout ce qu’elle a accompli jusqu’alors n’a plus aucune valeur ? C’est avec toutes ses questions en tête que Jeanne, scénariste, et son amie réalisatrice Luce, vont à la rencontre de ce personnage pour réaliser un reportage sur cette figure médiatique et mystérieuse. Les deux amies ne sont pas au bout de leur surprise lorsqu’elles se rendent dans la demeure de l’influenceuse. Nikki accepte contre toute attente l’interview alors qu’elle cherche à ne pas se montrer en public depuis que le scandale a éclaté. L’interview et le reportage vont alors prendre un angle inattendu. La tension s’invite petit à petit dans le récit et le lecteur sent le huis clos approcher. Samira Sedira écrit un roman tendu, avec une psychologie des personnages travaillée. Elle restitue très bien la complexité qui peut se cacher derrière des actes ou derrière des personnages aux agissements à priori louables. « Un jour, j’ai menti » est un roman noir réaliste et à l’écriture singulière. J’ai beaucoup aimé la plume de l’autrice que je découvre dans la fiction, et que j’avais déjà beaucoup appréciée dans des éditos pour Libé. Un bouquin à découvrir sans hésiter.
Un jour, j’ai menti, ed. La manufacture de livres, 18,90 euros, 304 pages.