Les motifs / Laurent Mauvignier

Entretiens sur l’écriture de Laurent Mauvignier avec Pascaline David.

J’avais adoré découvrir la plume de Laurent Mauvignier dans son roman « Histoires de la nuit ». Et j’étais curieux de découvrir ce petit bouquin édité chez Diagonale, qui retranscrit un entretien entre l’auteur et Pascaline David, une des deux fondatrices des éditions Diagonale (avec Ann-Gaëlle Dumont). Pascaline David prend le temps de questionner Laurent Mauvignier sur son parcours, sur son approche de l’écriture et sur sa façon d’aborder la construction de ses romans. C’est passionnant de bout en bout. L’auteur s’attarde sur ses procédés narratifs sans donner forcément de recettes. On entre dans les coulisses de ses livres (« Continuer », Histoires de la nuit », etc.) et c’est vraiment intéressant d’avoir son point de vue après lecture. On perçoit par exemple des personnages sous un nouveau jour. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas, Laurent Mauvignier a un ton bien à lui, une écriture singulière. On retrouve de longues phrases et toute une réflexion sur le rythme dans son travail. Et même si à première vue cela semble idéal pour perdre le lecteur ce n’est pas du tout le cas et on se laisse porter dans ses histoires. Dans « Les motifs » on retrouve toute la singularité de l’auteur et son sens du détail. Un riche entretien à découvrir.

Les motifs, ed. Diagonale,

Les hommes sont courageux / Pascal Dessaint

Un recueil de nouvelles dans le pur style Dessaint. Des personnages brossés avec talent.

Pascal Dessaint est redoutable lorsqu’il écrit des romans noirs et lorsqu’il décrit la vie des marginaux, des femmes et des hommes qui subissent le poids du système malgré eux. Un truc qui sonne vrai et qui touche se dégage de ses personnages. Et bien on peut dire qu’il détient le même talent sur le format court lorsqu’il écrit des nouvelles. Dans « Les hommes sont courageux », on retrouve ces bouts d’humanité en rupture d’une manière ou d’une autre. Un petit quelque chose suffit à faire basculer leurs vies. De nombreux sujets sont traités dans ces nouvelles non dénuées d’humour noir. De la santé mentale à la précarité en passant par la vie conjugale, Pascal Dessaint continue l’exploration de nos travers sans dépolitiser son propos. On en apprend au passage toujours un peu sur la nature et plus particulièrement les oiseaux, ce qui ne gâche rien. Un livre de l’auteur que vous n’avez pas encore lu est toujours une bonne nouvelle et si c’est le cas avec ce court recueil de nouvelles, foncez. Une mention spéciale à la nouvelle avec le chauffeur de bus qui sort du lot je trouve.

Les hommes sont courageux, ed. Rivages, coll. Rivages Noir, 5,10 euros, 132 pages.

La fabrique du suspense / Michel Bussi

Un riche ouvrage à lire et à relire, sur la question de l’écriture et sur celle du suspense.

Ça faisait un moment que je tournais autour de cette collection aux Presses de la Cité. Une collection qui aborde les procédés d’écriture et la question de la création dans le domaine de la fiction. Pour celui-ci, c’est Michel Bussi qui s’y attèle et avec beaucoup de pédagogie et de clarté, il délivre plusieurs conseils et retours d’expériences qu’il a amassé au fil des années. Des réflexions sur le métier d’écrivain aux conseils plus techniques en passant par son parcours personnel, ce livre est d’une grande richesse et on sent tout de suite que l’auteur est là pour partager au plus grand nombre. On picore, on relit, on annote. Un petit bouquin stimulant comme on les aime, qui donne envie de découvrir les autres titres de la collection.

La fabrique du suspense, ed. Hachette, 14,90 euros, 176 pages.

Histoires de la nuit / Laurent Mauvignier

Un suspense remarquable sur 600 pages. Un gros coup de coeur.

Un travail d‘orfèvre qui marque le lecteur ce bouquin. L’histoire s’étire sur une journée, avec de longues phrases qui campent l‘atmosphère sans pour autant faire décrocher le lecteur. Laurent Mauvignier a une façon bien à lui de créer une tension narrative et ça fonctionne très bien. L‘auteur pose sa focale sur un hameau de trois maisons, qui va connaître plus de rebondissements que ne ne laissent penser les apparences. Un petit coin de campagne pas si tranquille.

Histoires de la nuit, Ed. De Minuit, 10 euros, 608 pages.

Chambres noires / Karine Giebel

Des nouvelles noires où la solitude rencontre la violence sous toutes ses formes.

Karine Giebel écrit un recueil de nouvelles qui rassemble des marginaux, des personnages dont on parle peu et qui se retrouvent souvent dans des engrenages qui les dépassent. Comme une double peine. La femme de ménage qui tente de surnager en élevant son enfant seule et en faisant le maximum d’heures, la personne âgée qui est touchée de plein fouet par la pandémie alors qu’elle termine sa vie dans une maison de retraite ou encore un enfant qui s’aménage des temps pour lui comme il peut alors que ses deux parents n’ont pas le temps de s’occuper de lui. Les nouvelles touchent et sont pleine d’humanité. On retrouve l’écriture rythmée de l’autrice qui fonctionne bien sur le format court. La tension narrative qui fait le sel de ses romans est bien présente, comme dans la nouvelle « Le vieux fusil ». À plusieurs reprises ça monte crescendo et on ne décroche pas. Un bon moment de lecture.

Chambres noires, ed. Belfond, 18 euros, 272 pages.

Je suis une fille sans histoire / Alice Zeniter

Un stimulant essai sur la création et sur l’impact de la fiction dans le réel.

Alice Zeniter remet en question pas mal d’à priori sur la fiction et sur le processus de création avec ce court livre. C’est aussi l’occasion d’amener une réflexion sur le pouvoir de la fiction au prisme de son expérience de romancière. Elle s’appuie pour cela sur des textes qui lui ont été précieux (Ursula Le Guin, Paul Veyne) et sur son expérience d’autrice pour aborder le statut des femmes dans les fictions, l’impact que peuvent avoir les histoires et récits dans la vie de tous les jours ou la question de l’écriture. Un court bouquin nécessaire. Ajouter à cela le ton alerte et plein de bons mots de l’autrice et ça donne à l’arrivée un singulier essai à découvrir.

Je suis une fille sans histoire, ed. L’Arche, 12 euros, 112 pages.

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