Nid de vipères / Edyr Augusto

Une jeune femme cherche à venger sa famille et rien ne pourra l’arrêter.

Retour dans l’état du Para au nord du Brésil pour ce roman d’Edyr Augusto. Un riche homme d’affaires qui ne recule devant rien pour obtenir ce qu’il veut décide de récupérer une scierie. La scierie de la famille Pastri. Il viole la femme d’Alfredo Pastri et frappe ce dernier devant leurs enfants, Isabela et Fred. Le traumatisme est d’une violence rare et des années plus tard alors que Fred a tourné la page en allant vivre aux États-Unis avec sa compagne, une grande star de la musique, Isabela décide d’assouvir son désir de vengeance. Commence alors un long chemin de croix pour la jeune femme qui a un unique but, venger sa famille de Wlamir Turvel, l’escroc violent et sans limite à l’origine du traumatisme. Les politiques sont corrompus, les marginaux n’ont rien demandé à personne, mais subissent. Pas de doute on est bien dans un roman d’Edyr Augusto. Un roman noir tendu et violent comme il sait le faire. Les pages défilent et chaque mot est pesé.

Nid de vipèrestè, ed. Asphalte, 15 euros, 160 pages.

Une fièvre impossible à négocier / Lola Lafon

Un premier roman plein de colère à l’écriture unique.

Lola Lafon écrit l’histoire de Landra, une jeune femme qui a été violée par l’homme en qui elle avait confiance un 14 septembre. Une date qui est un tournant pour elle et qui l’a fait entrer dans la seconde partie de sa vie. Une partie de sa vie dans laquelle elle va lutter pour avancer avec ce traumatisme. Mais aussi une partie de sa vie où elle décide de vivre dans des squats et où elle se rapproche des mouvements autonomes dans les manifestations. Des groupes qui participent à des actions qui ciblent directement des symboles du capitalisme lors des manifestations. Dans une langue qui restitue les émotions et les sensations avec une justesse rare, Lola Lafon écrit un roman à forte teneur autobiographique. Landra décide de convertir sa colère dans des actes solidaires, à travers la contestation. On suit ce personnage au regard lucide qui perçoit au fil de ses expériences la violence du monde et notamment celle des hommes. « Une fièvre impossible à négocier » aborde cette violence subie par les femmes et l’emprise souvent sous-jacente derrière les comportements des hommes. On distingue déjà les thèmes qui vont revenir dans les livres de l’autrice comme dans son dernier roman « Chavirer ». « Une fièvre impossible à négocier » est un premier roman qui met une vraie claque.

Une fièvre impossible à négocier, ed. J’ai Lu, 6,20 euros, 288 pages.

Filles du vent / Mathilde Faure

Un court roman poignant sur les enfants placés.

C’est l’histoire de trois jeunes filles placées qui se retrouvent dans un foyer. Elles ont des parcours de vie cabossés, des enfances meurtries. Inspirées par les mouvements de lutte pour les droits des femmes, elles finissent par se rapprocher et décident de prendre la route, de fuguer du centre. C’est le début d’un long périple à travers la France avec des moments difficiles, mais aussi des moments où elles se sentent revivre. Mathilde Faure écrit un roman d’une rare justesse sur les enfants placés. Sans position surplombante et avec des scènes qui touchent le lecteur, l’autrice aborde l’amitié, la condition de ces jeunes et le regard de la société sur l’aide sociale enfance. Un court récit percutant et qui mériterait plus de visibilité.

Filles du vent, ed. Pocket, 7,10 euros, 208 pages.

Tigre obscur / Gilles Sebhan

Un roman en forme de réflexion sur le normal et le pathologique. Du pur noir.

Je découvre le lieutenant Dapper avec le dernier livre de l’auteur, sorti cette année. La couverture est très belle comme souvent chez les éditions du Rouergue, et on retrouve son aspect énigmatique dans l’histoire. Un mystérieux tueur s’en prend à des hommes qui ont harcelé ou qui ont des choses inavouables enfouies dans leur passé. Dapper est sur le coup mais il a du mal à y voir clair. Théo son fils biologique ne lui facilite pas la tâche, ce dernier étant hanté par un passé difficile, dans lequel il a subi des traumatismes. Sa famille non plus ne va pas l’aider plus que cela. Gilles Sebhan campe une ambiance très sombre dans ce court roman, où chacun dévoile son passé au fil des évènements, où les non dits planent. On est dans un pur polar qui happe le lecteur, dans lequel les personnages ne reculent devant rien. Des personnages qui côtoient la folie, la vengeance. Le genre de livre qui sort rapidement le lecteur de sa zone de confort. Et c’est très bien amené. Il me tarde de découvrir les romans précédents de l’auteur. Je suis passé à côté de certains passages qui semblaient faire référence aux histoires précédentes. « Tigre obscur » est donc un très beau roman noir avec une plume tirée au cordeau et qui n’hésite pas à fouiller les tréfonds de l’âme humaine. Une belle découverte.

Tigre obscur, ed. du Rouergue, 18 euros, 192 pages.

Des nœuds d’acier / Sandrine Collette

Une sortie de prison qui se passe mal. Sombre à souhait.

Théo sort de prison et n’a qu’une idée en tête, se rendre chez son frère, la personne à l’origine de sa détention. Comme une obsession, il fonce et met tout de suite sa liberté en danger. Il passe tout prêt de faire une nouvelle connerie et réussit à s’enfuir. La suite ressemble à une nouvelle fuite en avant qui va prendre un tournant qu’il ne peut pas imaginer une seule seconde. Un tournant qui ressemble à l’enfer.

Sandrine Collette choisit de laisser la parole à ce personnage qui se livre pour raconter son histoire à la première personne et on est complètement immergé dans son récit. L’écriture est prenante, les petits paragraphes se suivent et les mots de l’autrice soigneusement choisis sonnent juste. La tension monte crescendo et le lecteur découvre l’humanité dans ce qu’elle a de plus sordide. Des nœuds d’acier est un sacré roman noir, qui laisse un goût âpre une fois la dernière page tournée.

Des nœuds d’acier, ed. Le livre de poche, 7,40 euros, 264 pages.

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