Nid de vipères / Edyr Augusto

Une jeune femme cherche à venger sa famille et rien ne pourra l’arrêter.

Retour dans l’état du Para au nord du Brésil pour ce roman d’Edyr Augusto. Un riche homme d’affaires qui ne recule devant rien pour obtenir ce qu’il veut décide de récupérer une scierie. La scierie de la famille Pastri. Il viole la femme d’Alfredo Pastri et frappe ce dernier devant leurs enfants, Isabela et Fred. Le traumatisme est d’une violence rare et des années plus tard alors que Fred a tourné la page en allant vivre aux États-Unis avec sa compagne, une grande star de la musique, Isabela décide d’assouvir son désir de vengeance. Commence alors un long chemin de croix pour la jeune femme qui a un unique but, venger sa famille de Wlamir Turvel, l’escroc violent et sans limite à l’origine du traumatisme. Les politiques sont corrompus, les marginaux n’ont rien demandé à personne, mais subissent. Pas de doute on est bien dans un roman d’Edyr Augusto. Un roman noir tendu et violent comme il sait le faire. Les pages défilent et chaque mot est pesé.

Nid de vipèrestè, ed. Asphalte, 15 euros, 160 pages.

Les Salauds devront payer / Emmanuel Grand

Une histoire de vengeance très bien amenée dans une bourgade du nord de la France.

Direction une petite ville du Nord pas loin de Valenciennes où le chômage est roi. Une jeune fille est retrouvée assassinée dans un terrain vague et tout porte à croire que ce meurtre est lié à un règlement de compte. En effet, une boîte du coin diversifie ses activités en proposant des prêts aux particuliers pour remplacer les banques. Sauf que lorsque le particulier en question rencontre des difficultés à rembourser son prêt, les choses peuvent facilement dégénérer avec une équipe de gros bras dans le secteur. Les choses ne sont pas si simples autour de cet assassinat et l’auteur prend le temps d’inscrire son intrigue en lien avec un passé trouble, de la guerre d’Indochine à la fermeture d’une usine importante de la région dans les années 80, le lecteur n’est pas au bout de ses surprises. On est typiquement dans une veine de polar social, l’auteur prend le temps de décrire l’environnement et l’atmosphère, tout en portant sa focale sur les marges et ce qui laisse des traces à travers les générations. Notamment les conditions de travail des ouvriers et les luttes syndicales. À travers une galerie de personnages réussie et une enquête que l’on a beaucoup de plaisir à suivre, Emmanuel Grand écrit un roman noir aboutit qui ne s’essouffle pas un seul instant. J’avais beaucoup aimé Kinsanga et Terminus Beltz. Une nouvelle fois je vous conseille ce roman noir et cette virée dans le nord de la France.

Les Salauds devront payer, ed. Le livre de poche, 7,90 euro, 480 pages.

Lune noire / Anthony Neil Smith

Les débuts de Billy Lafitte, un antihéros en litige avec le FBI.

Tout débute lorsque Billy Lafitte est interrogé par le FBI. Le lecteur comprend qu’il a laissé dans son sillage un sacré boxon. On remonte ensuite le court des évènements.

On suit ce personnage ambiguë, un flic de la Nouvelle-Orélans qu a été muté dans un trou paumé suite à des bourdes. Une fois sur place, Billy rend un service à une connaissance et cette simple requête va l’entraîner dans un engrenage de violences et de galères dont il n’a pas idée. Il a des façons bien à lui de géreres choses, un franc-parler bien à lui, ce qui ne facilite rien. Ce livre coche toutes les cases d’un bon roman noir mais il manque un petit quelque chose. Peut être de l’épaisseur chez les personnages. Je suis curieux de lire la suite pour voir ce que cela donne.

Lune noire, Ed. Sonatine, 20 euros, 293 pages.

Tigre obscur / Gilles Sebhan

Un roman en forme de réflexion sur le normal et le pathologique. Du pur noir.

Je découvre le lieutenant Dapper avec le dernier livre de l’auteur, sorti cette année. La couverture est très belle comme souvent chez les éditions du Rouergue, et on retrouve son aspect énigmatique dans l’histoire. Un mystérieux tueur s’en prend à des hommes qui ont harcelé ou qui ont des choses inavouables enfouies dans leur passé. Dapper est sur le coup mais il a du mal à y voir clair. Théo son fils biologique ne lui facilite pas la tâche, ce dernier étant hanté par un passé difficile, dans lequel il a subi des traumatismes. Sa famille non plus ne va pas l’aider plus que cela. Gilles Sebhan campe une ambiance très sombre dans ce court roman, où chacun dévoile son passé au fil des évènements, où les non dits planent. On est dans un pur polar qui happe le lecteur, dans lequel les personnages ne reculent devant rien. Des personnages qui côtoient la folie, la vengeance. Le genre de livre qui sort rapidement le lecteur de sa zone de confort. Et c’est très bien amené. Il me tarde de découvrir les romans précédents de l’auteur. Je suis passé à côté de certains passages qui semblaient faire référence aux histoires précédentes. « Tigre obscur » est donc un très beau roman noir avec une plume tirée au cordeau et qui n’hésite pas à fouiller les tréfonds de l’âme humaine. Une belle découverte.

Tigre obscur, ed. du Rouergue, 18 euros, 192 pages.

Orphelins de Dieux / Marc Biancarelli

Un roman âpre et violent dans les montagnes Corse du XIXeme siècle.

XIX ème siècle. Vénérande est une jeune paysanne orpheline qui grandit avec son frère, dans une maison Corse isolée. Son frère croise quatre brigands qui vont lui trancher la langue et le défigurer. Lorsque Vénérande le découvre, elle décide de se mettre en quête d’un tueur à gage pour venger son frère. Un tueur qu’elle va trouver en la personne de L’infernu, un ancien mercenaire réputé et redoutable. L’infernu a longtemps fait partie d’une troupe de brigands qui parfois s’inventait des guerres, parfois rendait de fiers services. Des personnages aussi redoutés qu’ambivalents. On découvre cette troupe lorsque le tueur se livre à la jeune fille sur son passé. Les deux personnages vont construire une singulière relation tout en commençant à chercher les crapules qui ont défiguré le frère de Vénérande.

Le récit alterne entre les histoires passés du mercenaire et la traque au présent dans les montagnes Corse. Orphelins de dieux est un livre qui charrie de la violence, du sang et des effluves. L’écriture est très belle et on est soufflés par les scènes construites par Marc Biancarelli et par la vie de l’époque documentée par l’auteur. On distingue aussi un basculement petit à petit avec le personnage de Vénérande qui s’affirme progressivement au fil de l’histoire. C’est cruel, c’est sombre mais qu’est ce que c’est bien amené.

Orphelins de Dieux, ed. Actes Sud, 20 euros, 240 pages.

Les spectres de la terre brisée / S. Craig Zahler

Une vengeance familiale sur fond de western bien sombre.

En fervent lecteur de la saga du Bourbon Kid je m’étais mis de côté depuis un moment cet auteur en pensant que les univers seraient similaires (humour noir et action à foison) et que ce serait une réussite. Une fois le livre refermé on peut dire que j’ai passé un bon moment, mais ça n’a pas été la claque espérée. C’est d’ailleurs un roman qui a une portée plus dramatique que la saga éditée chez Sonatine, avec moins d’humour aussi.

Un concentré d’action avec quelques clichés qui vont bien, « Les spectres de la terre brisée » compose donc un bon roman noir sur fond de western. Le lecteur suit la quête d’une famille qui cherche à retrouver deux de leurs membres. En l’occurrence les filles du patriarche qui ont été enlevées dans d’obscures circonstances. On suit aussi un jeune gentleman qui va participer à la recherche de la famille et qui est loin d’imaginer dans quel merdier il a mis les pieds. L’auteur a un talent incontestable pour camper les scènes d’action et on a le droit a des morceaux d’anthologie. Le reste se tient bien sans être pour autant mémorables, que ce soit dans le scénario ou dans l’épaisseur de certains personnages. Ça reste suffisant pour avoir envie de découvrir d’autres livre de S. Craig Zahler.

Les spectres de la terre brisée, ed. Gallmeister, 23,60 euros, 400 pages.

Un petit boulot / Iain Levison

Le chômage de longue fait faire des choses dont on n’a même pas idée.

Le chômage de longue durée peut faire des dégâts et surtout rebattre les cartes des valeurs que l’on a scrupuleusement suivies à la lettre toute sa vie. C’est le cas pour le personnage principal de Iain Levison dans « Un petit boulot ». Un personnage en bout de course et bien en dèche, qui se découvre un talent caché et qui va remettre en question sa façon de fonctionner. La suite est digne d’un Tim Dorsey et l’auteur ne va pas relâcher une seconde le rythme de son récit.

Ce serait dommage d’en dire plus à ce stade mais ce roman noir fait penser au Couperet de Westlake, un classique du genre. En moins sombre et avec plus d’humour mais tout de même avec des similitudes. La perte d’un emploi peut mener au pire et la précarité casse des hommes. Pour autant, Jake Skowran l’ancien ouvrier d’usine n’a pas dit son dernier mot et il compte bien le faire savoir.

Iain Levison écrit un livre aboutit et toujours aussi grinçant. Les dialogues sont très réussis dans celui-ci je trouve. Le récit alterne entre le sombre et le plus enjoué et c’est toujours aussi agréable à lire. Le sens de l’intrigue de l’auteur n’est plus à démontrer.

Un petit boulot, Ed. Liana Levi, 16 euros, 196 pages.

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