Peter Punk au pays des merveilles / Danü Danquigny

Un homme sort de prison et se retrouve en deux temps trois mouvements au milieu d’une magouille dans laquelle il va brasser ses relations passées.

Desmund Sasse sort de prison au début du roman et s’apprête à retrouver Morclose, une ville bretonne fictive dans laquelle il a ses habitudes. Malheureusement Desmund est le genre de personnage qui a un don pour attirer les galères. Et ça ne loupe pas, peu de temps après sa sortie il se retrouve arrêté de nouveau par la police en étant suspecté de complicité de meurtre. Desmund alias « Peter Punk » a bien l’intention de ne pas retourner en taule et pour ça il va mener sa petite enquête pour comprendre dans quelle magouille il s’est retrouvée à son insu. Il reçoit à sa sortie des messages vocaux qui semblent être liés à l’affaire. Ses actions vont l’amener à côtoyer un ancien pote à lui devenu flic ou une détective privée qui va être amenée à lui sauver la mise. Deux autres personnages réussis et réalistes qui participent pleinement à l’atmosphère de ce pur polar dans la tradition du hard boiled. Danü Danquigny mène très bien sa barque, les dialogues sonnent juste et de petits pics bien senties se glissent dans le récit notamment sur l’institution policière et ses nouvelles pratiques du maintien de l’ordre. Du bon roman noir.

Peter Punk au pays des merveilles, ed. Gallimard, coll. Série noire, 19 euros, 289 pages.

Qui voit son sang / Élisa Vix

Une histoire de famille bien sombre, de la Martinique à l’île d’Ouessant.

Rose et Lancelot vivent sur l’île de la Martinique et profitent de la vie dans les terres natales du jeune homme. Malheureusement le tableau va s’assombrir lorsque Rose apprend qu’elle est atteinte d’une leucémie. Commence alors un long parcours du combattant pour lutter contre la maladie. Une greffe est possible et fortement recommandée, pour cela Lancelot doit prendre contact avec son beau père David pour que ce dernier fasse des tests dans l’optique de participer au don pour sa fille. C’est lors de ce test qu’un second chamboulement vient heurter le jeune couple, le père de Rose s’avère ne pas être son père biologique. Lorsque Lancelot s’empresse de retourner voir son beau père pour le prévenir des résultats du test, ce dernier a disparu et a laissé une carte indiquant l’île d’Ouessant comme seul indice. Lancelot se lance alors dans une plongée dans le passé de sa compagne, en la laissant à l’hôpital et en se rendant en Bretagne sur l’île d’Ouessant. C’est là que tout le polar peut se déployer avec un passé qui resurgit, des personnages surprenants et de courts chapitres tendus et qui font avancer de manière implacable le récit. Je découvre Élisa Vix avec « Qui voit son sang » et je suis conquis. Tous les ingrédients d’un bon roman noir sont là. Même si on n’est pas sur de l’inattendu dans les procédés narratifs le tout fonctionne très bien et on est pris par cette intrigue. L’air marin qui plane au-dessus du bouquin n’est pas non plus pour me déplaire. Un excellent roman noir avec une histoire de famille bien sombre.

Qui voit son sang, ed. du Rouergue, 18,50 euros, 208 pages.

La Capture / Nicolas Lebel

Qui sème les coups récolte la tempête.

On retrouve l’enquêtrice Yvonne Chen dans le dernier roman noir de l’auteur. Je vous conseille d’ailleurs de commencer par le « Le gibier » son roman précédent pour comprendre des éléments de contexte. Celui-ci peut se lire indépendamment mais ce serait dommage de passer à côté du premier, notamment pour découvrir la personnalité complexe d’Yvonne Chen et comment elle en est arrivée à poursuivre un étrange groupe du nom des « Furies ».

Dans « La capture », direction la Bretagne et une île sur la côte nord. Une petite île du nom de Morguelen où tout le monde se connaît. L’enquêtrice rejoint un duo d’enquêteurs déjà sur place qui surveille un curé suspecté d’être un criminel de guerre. En effet le curé semble avoir un passé douteux. On retrouve tout de suite la gouaille et la répartie cinglante de la flic Yvonne Chen, en conflit avec sa hiérarchie. Et lorsqu’elle arrive sur l’île et découvre qu’un des habitants vient d’être enterré dans des circonstances qui la questionne, il ne lui en faut pas plus pour creuser l’affaire. Nicolas Lebel est très bon pour mener le lecteur par le bout du nez et mettre ses retournements de situation en place. Encore une fois ça fonctionne dans « La capture » même si j’ai été moins embarqué que dans « Le gibier ». Difficile de savoir pourquoi. L’auteur en profite comme souvent pour lancer quelques pics sur la société et sur son fonctionnement, notamment la justice qui marche parfois sur la tête.

La Capture, ed. du Masque, 20,90 euros, 288 pages.

La Théorie du panda / Pascal Garnier

Une fuite en avant pleine d’humanité.

Je découvre Pascal Garnier avec « La théorie du Panda » initialement paru chez Zulma en 2008, le livre a été réédité ensuite en poche dans la collection Points noirs dédiée aux romans noirs. Et effectivement, on se retrouve face un roman sombre avec une atmosphère bien particulière. Un roman avec son lot de critiques acerbes sur une société qui ne tourne pas toujours rond.

Gabriel fuit en direction de la Bretagne et se retrouve dans un petit bourg où il va faire des rencontres au fil d’une errance qui au début laisse le lecteur perplexe. Ensuite, tout prend du sens et l’auteur se régale à dévoiler au fur et à mesure le passé du personnage, mais aussi l’impact qu’il a sur les personnes qu’il rencontre dans le bourg où il atterri. Le roman noir peut alors se déployer et l’atmosphère s’assombrit.

Je suis curieux de découvrir un autre livre de l’auteur !

La Théorie du panda, ed. Zulma, 16,80 euros, 176 pages.

Terminus Belz / Emmanuel Grand

La mer a ses secrets.

C’est le second livre que je lis d’Emmanuel Grand après le très bon Kisanga, qui abordait les richesses des sols africains et les luttes de pouvoirs engendrées par ces richesses. C’était un roman complexe et dense qui tenait en haleine le lecteur. J’ai retrouvé ces impressions dans celui-ci. L’auteur dans Terminus Belz campe son décor quelque part entre l’Ukraine et l’océan Atlantique, dans une petite île bretonne non loin de Lorient. Markos est contraint de quitter son pays avec plusieurs de ses proches, mais sur leurs routes et à la suite d’un concours de circonstances, ils se retrouvent pourchassés par des truands à travers toute l’Europe. Markos finit par faire cavalier seul en arrivant en France et atterrit sur l’île de Belz.

C’est un roman qui m’a un peu fait penser à Une île bien tranquille, le premier livre de Pascale Dietrich. On retrouve cette ambiance bien particulière propre à la vie insulaire avec les commérages, la petite communauté, l’air marin, les zones navigables, mais dangereuses ou encore l’aspect sauvage des paysages. J’ai quitté à regret les personnages d’Emmanuel Grand. Du marin mystérieux en bout de course au mafieux sûr de lui, mais pas infaillible en passant par les réfugiés, l’auteur vise juste et donne de l’épaisseur à son récit à travers ses personnages. Pour finir, une petite touche de fantastique vient agrémenter le tout. Vous ne regretterez pas la découverte de ce roman noir.

Terminus Belz, ed. Points, coll. Points Policier, 7,90 euros, 408 pages.

 

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