Eureka Street / Robert McLiam Wilson

Deux amis se débrouillent comme ils peuvent au milieu de la guerre civile irlandaise.

C’est l’histoire de deux potes qui se cherchent au début des années 90, deux potes qui surnagent dans une Irlande en pleine guerre civile. L’un est catholique et l’autre est protestant. L’un est ultra sensible et vit des histoires d’amour à répétition qui se concrétisent ou non. L’autre est le roi des magouilles et a toujours la bonne idée pour gagner quelques ronds au milieu du marasme irlandais. Deux personnages attachants campés par Robert McLiam Wilson. Ils finissent par croiser des évènements dramatiques et l’humour qui revient à plusieurs reprises dans les dialogues et dans les situations n’est pas la seule teinte de ce roman à part. Je découvre l’auteur avec ce livre que j’avais depuis un moment et je ne suis pas déçu. Les non-sens du conflit irlandais et plus globalement de la guerre ne sont pas en reste au fil du récit. On prend beaucoup de plaisir à suivre Jake, Chuckie et sa bande dans ces histoires pleines d’humanité.

Eureka Street, ed. 10/18, 8,80 euros, 545 pages.

Retour à Killybegs / Sorj Chalandon

Le roman d’une trajectoire de vie, celui d’un traitre au service de l’IRA.

Le journaliste Sorj Chalandon écrit avec « Retour à Killybegs » un roman sur une trahison, celle d’un militant irlandais de l’IRA, Tyrone Meehan. Le nom a été changé, mais les évènements sont inspirés de faits réels. Le livre s’arrête sur la découverte de l’IRA à 18 ans pour Tyrone Meehan et sur l’histoire de son enrôlement tôt. On suit le cheminement dans la tête du personnage, comment il en vient à la lutte armée et dans quel contexte. En parallèle, le récit alterne avec l’écriture des mémoires de ce même Tyrone Meehan lorsqu’il revient à Killybegs des décennies plus tard pour laisser ressurgir ses souvenirs. Il se sent d’ailleurs en danger lorsqu’il revient sur les terres de son passé, car il est maintenant un traitre au service du contrespionnage britannique aux yeux de tous. Sorj Chalandon avec l’acuité qu’on lui connait décrit l’intérieur du conflit nord-irlandais et le contexte avec beaucoup de précision. On est complètement emporté par l’écriture et le ton du livre. Petit à petit on découvre les zones d’ombre pour comprendre comment il devient un traitre. Et petit à petit on se rend compte que ses pairs se méfient de lui à raison. Sorj Chalandon questionne la place de la guerre et de la lute dans une vie avec beaucoup de justesse. Les romans de l’auteur sont marquants et celui-ci ne fait pas exception.

Retour à Killybegs, ed. Le livre de poche, 8,70 euros, 336 pages.

Ne me cherche pas demain / Adrian McKinty

Le retour de Sean Duffy, policier redoutable et borderline.

On connait son talent redoutable pour les romans noirs qu’on ne lâche pas et c’est avec plaisir que l’on retrouve Adrian McKinty dans ses œuvres avec « Ne me cherche pas demain ». Le troisième bouquin traduit des aventures du policier Sean Duffy mais qu’il est possible de lire indépendamment. Non loin de Belfast, en 1983, le policier Sean Duffy est encore de la partie et se retrouve en fâcheuse posture au début du roman. Il est mystérieusement accusé d’avoir renversé quelqu’un en voiture et est radié de la police pour ça. A peine sa retraite mélancolique débutée que le MI5 se rapproche de lui pour lui proposer une mission en échange de son retour dans les rangs de la police. Retrouver un ancien pote à lui, Dermot, qui est devenu un membre actif de l’IRA et qui s’est évadé il y a peu de prison. Voilà Sean lancé à sa poursuite dans une nouvelle affaire aux nombreux rebondissements. Le policier atypique et intello sur les bords va d’ailleurs croiser la route d’une seconde enquête à résoudre, une enquête qui rend hommage aux meilleurs romans à énigme. Le personnage de Sean Duffy est toujours passionnant à suivre. Doté d’un humour et d’une répartie d’enfer, Duffy fait partie des policiers qui sortent des carcans des enquêteurs plus classique. En plein conflit Nord Irlandais, le policier va se retrouver à plusieurs reprises dans des situations plus que tendues et à aucun moment le rythme ne s’essouffle. On dévore ce bouquin et retrouve avec plaisir le ton de McKinty. A noter que plusieurs aventures de Sean Duffy n’ont pas encore été traduite, on espère que ce sera le cas.

Ne me cherche pas demain, ed. Actes Sud, 23,50 euros, 384 pages.

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