Le Roman de Jim / Pierric Bailly

Un roman sensible sur la paternité et les enfants de divorcés.

Aymeric a 25 ans et sort de prison au début de ce roman. Il vaque à droite à gauche, de mission d’intérim en mission d’intérim et il a des difficultés à se remettre d’une rupture qui date un peu maintenant. Ce personnage qui est le narrateur du bouquin va rencontrer une femme, Florence, âgée de 15 ans de plus que lui. Florence attend un enfant lorsqu’Aymeric le rencontre et comme tout se passe bien entre eux, il va naturellement assister à la naissance avant de voir grandir le petit Jim. Au début il a du mal à composer avec cette singulière paternité car il n’est pas le père biologique mais en même temps il commence à s’attacher à Jim. Jusqu’au jour où le père biologique revient dans la danse. Aymeric et Florence vont tenter de former un nouveau ménage, une nouvelle famille tant bien que mal mais quelque chose déconne. Et cela ne va pas être aussi simple. Pierric Bailly aborde dans « Le roman de Jim » la paternité, la situation à part des enfants de divorcés qui ont deux pères notamment. L’auteur aborde cette complexité dans les relations, dans les non-dits ou dans les effets sur l’enfant. Ce roman touche en plein cœur et restitue très bien les sentiments des personnages. On sourit, on a la gorge serrée, on passe un peu par tous les états en suivant le narrateur et son récit. Un gros coup de cœur.

Le roman de Jim, Ed. P.O.L, 19 euros, 256 pages.

Les marins ne savent pas nager / Dominique Scali

De l’aventure, des marins et une touche de poésie.

Dans un roman plein de poésie et d’images marines, Dominique Scali invite le lecteur à découvrir l’île d’Ys. Une île imaginaire isolée qui vit au rythme des marées. Tous les personnages de ce récit original ont un lien plus ou moins éloigné avec la mer et tout ce qu’elle charrie. Une mer qui ne fait pas de cadeau et qui peut se montrer redoutable. Je ne suis peut être pas aussi emballé que les nombreuses critiques vues sur ce bouquin mais je reconnais que l’autrice laisse transparaître les émotions de ses personnages avec beaucoup de talent. On se laisse porter derrière les aventures de Danaé, la jeune nageuse et on passe un agréable moment de lecture.

Les marins ne savent pas nager, ed. La peuplade, 24 euros, 728 pages.

Réparer les vivants / Maylis De Kerangal

Un très beau roman sur le don d’organes et sur les soignant.e.s.

C’est l’histoire d’une transplantation cardiaque, une histoire qui se déroule sur 24 heures et qui est racontée au fil des personnages qui la compose. L’écriture est magnifique et on se laisse porter par l’atmosphère que campe l’autrice. Le lecteur est touché et rapidement au centre des sensations et des émotions des personnages, et cela dès le début du roman où l’on suit trois copains qui vont surfer à l’aube. J’avais un très bon souvenir de Corniche Kennedy, un précédent livre de la romancière qui mettait en scène des jeunes sur la côte Marseillaise. Cette façon bien à elle d’écrire était déjà présente, sur les corps, sur les atmosphères. Le corps a d’ailleurs souvent une place bien particulière dans les livres de Maylis de Kerangal et l’on retrouve cette façon d’aborder l’humain dans Réparer les vivants. Les descriptions sont précises et rien n’est laissé au hasard sans pour autant tomber dans une caricature par rapport au sujet. C’est aussi un livre sur les soignants et ce que peut représenter un soin, notamment dans les services où la mort est présente. Tout sonne juste dans ce récit et c’est au final sonné que l’on quitte cette lecture, belle et triste à la fois.

Réparer les vivants, ed. Verticales, 18,90 euros, 298 pages.

La petite conformiste / Ingrid Seyman

Le récit d’une enfance marseillaise avec des parents soixante-huitards par intermittence.

La jeune Esther grandit dans une famille de soixante-huitards à Marseille. Elle en profite pour raconter sa vie avec un mélange d’humour et de regards critiques sur ses proches. Des proches parfois sacrément en marge, que ce soit son frère qui n’en loupe pas une dès qu’il s’agit de faire une connerie, son père qui est le roi des listes (et des contradictions) ou sa mère qui tient tant bien que mal la barque familiale à flot. Ce livre est une belle surprise, qui se lit tout seul et qui cache quelques facettes plus touchantes au détour de certaines thématiques abordées. Un bon moment de lecture plein de justesse dans le regard que peut porter une jeune fille sur son enfance et sur son environnement.

La petite conformiste, Ed. Le livre de poche, 7,40 euros, 192 pages.

L’empreinte / Alexandria Marzano-Lesnevitch

Un récit à la lisière entre l’autobiographie et l’enquête.

À la fois autobiographie et enquête, ce récit singulier mêle les souvenirs de l’autrice sur son passé avec ses recherches sur une affaire, celle concernant le crime en 1992 d’un pédophile, Rick Langley. Elle croise cette enquête alors qu’elle est jeune avocate et qu’elle vient de débarquer en Louisiane pour un stage. Au fil des découvertes et des sources rassemblées, la jeune avocate se rend compte que de nombreux éléments la renvoient étrangement à son vécu et à son passé familiale. Avec tout ce que cela comporte comme charge émotionnelle.

Alexandria Marzano-Lesnevitch livre un témoignage très fort sur la famille, sur la peine de mort, sur les agressions sexuelles dans l’enfance ou encore sur la capacité de résilience de chacun.e. C’est un livre qui peut facilement déranger certains lecteurs, rude et où les émotions ambivalentes sont nombreuses. La construction est très bien pensée, et fait apparaitre les différents thèmes avec des allers-retours entre la vie de l’autrice et l’enquête qu’elle reconstruit.

L’empreinte, Ed. Sonatine, 22 euros, 480 pages.

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