Le livre de la rentrée / Luc Chomarat

Le dernier roman de Luc Chomarat, toujours aussi malin.

Delafeuille, éditeur de son état, n’a plus grand-chose à perdre. Il recherche le livre de la rentrée pour garder sa place dans sa maison d’édition, celui qui présentera le portrait d’une femme forte et indépendante et qui remportera un succès important. Malheureusement les choses vont se passer différemment et c’est le roman de Luc, un auteur qu’il connait depuis longtemps, qui remporte tous les suffrages et qui se vend comme des petits pains. L’éditeur n’est pas au bout de ses surprises lorsqu’il rencontre dans la vraie vie la femme de Luc et qu’il n’arrive pas à penser à autre chose qu’à elle. Notamment lorsqu’il passe un séjour avec elle et son fils. Luc Chomarat comme à son habitude écrit un roman malin et plein d’humour. Et surtout un roman qui joue avec les codes de la fiction et qui mène le lecteur sur différentes narrations. C’est très bien vu et la limite entre la fiction et la réalité n’a jamais été aussi fine que dans ce dernier roman de l’auteur. Au passage, tout le microcosme littéraire en prend pour son grade avec le regard acerbe et lucide de Luc Chomarat.

Le livre de la rentrée, ed. La manufacture de livres, 19,90 euros, 240 pages.

Rouvrir le roman / Sophie Divry

Un nouvel essai sur l’art du roman mais surtout un essai à l’approche originale.

Un essai stimulant sur le roman et ses définitions multiples. L’autrice s’attarde sur ce qui forme une fiction, de l’accueil en maison d’édition au contenu en passant par la question du temps de création, l’art du dialogue ou le genre littéraire. « Rouvrir le roman » est un essai clair et documenté qui donne aussi envie de découvrir de nouvelles lectures. Un peu comme dans le livre de David Meulemans aux forges de vulcain sur la question de la création, l’approche est originale ici aussi. C’est percutant, ça laisse à penser et si vous ne connaissez pas la romancière ça fait une jolie porte d’entrée dans son travail.

Rouvrir le roman, ed. J’ai lu, 7,10 euros, 196 pages.

Sous la ville rouge / René Frégni

Trajectoire d’un écrivain marseillais qui ne parvient pas à se faire éditer, sous la plume de René Frégni.

Charlie vit à Marseille et fait de la boxe dans un petit club de son quartier. Le reste du temps, il écrit chez lui et tente de se faire publier. Après de nombreux refus dans différentes maisons d’édition parisiennes, Charlie n’est plus très loin de se décourager. Pourtant il prend le pouls de sa ville comme personne. Mais rien à faire l’inspiration ne suffit pas et cela ne fonctionne pas. Jusqu’au jour où un éditeur le rappelle, son écriture lui plait et il souhaite le rencontrer à Paris. On retrouve les thèmes qui parcourent l’œuvre de René Frégni, de la prison au désir d’écriture en passant par la description de sa région et de Marseille. Les rencontres sont aussi très importantes et les personnages qui entourent Charlie sont marquants. L’auteur s’attarde sur des atmosphères et il saisit très bien celle de Marseille dans ce court roman qui peut se lire d’une traite. L’écriture est pleine de poésie et comme souvent chez l’auteur on passe un très bon moment de lecture.

Sous la ville rouge, ed. Folio, 6,90 euros, 144 pages.

Des histoires qui vous ressemblent / Et l’imagination prend feu / Françoise Bourdin et Christelle Dabos

Des bouquins sur la création toujours aussi intéressants.

Dans la continuité du livre de Michel Bussi sur le thème du suspense notamment, j’ai lu les livres de Christelle Dabos et Françoise Bourdin dans la même collection, « Secrets d’écriture » chez Hachette. Une collection dédiée aux coulisses du travail d’écriture de plusieurs romanciers et romancières. De la question de la création à l’édition en passant par les différents ressorts scénaristiques existants, cette collection est vraiment intéressante. Christelle Dabos aborde comment elle construit ses mondes imaginaires notamment dans sa série du « Passe-miroir ». Françoise Bourdin de son côté repère des invariants dans ses différentes histoires. Des histoires familiales ou des sagas, dans lesquelles les relations humaines entre les personnages forment le cœur du récit. Cette collection offre de courts bouquins que l’on a envie d’annoter ou de relire.

Et l’imagination prend feu, ed. Hachette, 15,90 euros, 192 pages.

Des histoires qui vous ressemblent, ed. Hachette, 14,90 euros, 176 pages.

La fabrique du suspense / Michel Bussi

Un riche ouvrage à lire et à relire, sur la question de l’écriture et sur celle du suspense.

Ça faisait un moment que je tournais autour de cette collection aux Presses de la Cité. Une collection qui aborde les procédés d’écriture et la question de la création dans le domaine de la fiction. Pour celui-ci, c’est Michel Bussi qui s’y attèle et avec beaucoup de pédagogie et de clarté, il délivre plusieurs conseils et retours d’expériences qu’il a amassé au fil des années. Des réflexions sur le métier d’écrivain aux conseils plus techniques en passant par son parcours personnel, ce livre est d’une grande richesse et on sent tout de suite que l’auteur est là pour partager au plus grand nombre. On picore, on relit, on annote. Un petit bouquin stimulant comme on les aime, qui donne envie de découvrir les autres titres de la collection.

La fabrique du suspense, ed. Hachette, 14,90 euros, 176 pages.

Écrire son premier roman en dix minutes par jour / David Meulemans

Un livre bien construit et plein de bonnes idées sur l’écriture.

Avec beaucoup de pédagogie et une approche de l’écriture qui s’inspire de son expérience d’éditeur Aux forges du Vulcain, David Meulemans écrit un livre stimulant sur l’écriture et sur la fiction. L’auteur a recueilli au fil des rencontres, et de ses expériences en ateliers d’écriture des conseils qui peuvent servir les auteur.e.s débutant.e.s ou non. C’est intéressant comme approche car David Meulemans ne délivre pas des conseils à la suite et nuance régulièrement son propos. Il s’appuie sur des retours d’expérience, des petits exercices qui peuvent aider notamment à écrire ou encore des invariants qu’il a repérés pour faciliter la création, l’improvisation. Le panorama est complet, de l’écriture à la réécriture en passant par le cœur de la fiction avec les personnages et l’intrigue. C’est un livre très riche qu’on a envie de relire pour l’annoter et qui est pour moi un des plus intéressants sur la question.

Écrire son premier roman en dix minutes par jour, ed. Aux forges de Vulcain, 18 euros, 192 pages.

Le dernier thriller norvégien / Luc Chomarat

Un polar déjanté et malin sur le monde du livre.

C’est toujours aussi plaisant de retrouver le ton et l’humour de Luc Chomarat. Un humour noir qui dépeint en arrière plan dans plusieurs de ces romans, les facettes du monde du livre (que ce soit du côté de l’édition ou du côté de celui qui écrit). Le dernier thriller norvégien édité chez La manufacture de livres, est un modèle de construction narrative comme l’auteur sait si bien le faire, un vrai puzzle. Ces livres ont souvent plusieurs niveaux de lecture et celui-ci ne déroge pas à la règle.

Delafeuille, un éditeur parisien solitaire et qui apprécie son petit confort se retrouve à aller négocier les droits d’un auteur de thriller à Copenhague. L’enjeu est de taille car c’est un succès à coup sûr si la traduction française paraît chez les éditions Mirage, sa maison d’édition. Évidement, cet auteur recherché par Delafeuille s’inscrit dans « la grande lignée » incontournable des polars venus du froid. Un genre qui fonctionne à merveille ces dernières années. Il suffit de se pencher sur les étals des librairies et autres rayons livres pour remarquer l’engouement (la saga Millenium n’y est pas pour rien). Delafeuille se retrouve donc à Copenhague et c’est là que Luc Chomarat embarque son lecteur là où il ne s’y s’attend pas. Inutile d’en dire plus, la sauce prend et ce serait dommage de vous en dévoiler plus sur la complexité de l’intrigue.

Sous couvert d’humour noir et de dialogues bien perchés, l’auteur parvient à glisser des réflexions sur certaines absurdités du monde du livre (sur le clivage des genres, sur le monde de l’édition, sur les ficelles vues et revues des romans policiers ou encore sur l’arrivée du support numérique). Quelques références bien sentis viennent parsemer le tout et on croit parfois entendre l’auteur donner son point de vue à travers ses personnages.

Vous ne lirez pas deux polars comme celui-ci. Un régal.

Le dernier thriller norvégien, ed. La manufacture de livres, 16,90 euros, 208 pages.

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