Un roman sombre et teinté de poésie, du pur Frégni.
Lire René Frégni c’est retrouvé une plume familière et pleine de poésie, qui dépeint les atmosphères et les personnages comme personne. Notamment dans sa région Marseillaise qu’il connait très bien et qu’il ne se lasse pas de décrire dans ses romans. Comme dans « Lettre à mes tueurs », les thèmes chers à Frégni reviennent tout au long de son oeuvre et ce très beau polar ne fait pas exception. ll est question de prison, d’enfermement, mais aussi d’écriture et de création ou encore des liens familiaux et de ce qui compte dans une vie. L’auteur n’en fait pas des caisses et aborde ces questions avec beaucoup de justesse.
L’intrigue porte sur un romancier en panne d’inspiration qui se retrouve à accueillir chez lui en catastrophe un ami d’enfance. Sauf que cet ami d’enfance est un truand et pas l’un des moins connus du coin, loin de là. La suite est inattendue pour ce personnage qui se retrouve extrait par la force des choses de son quotidien. Les chapitres sont courts et les scènes campées en quelques lignes. René Frégni va à l’essentiel, mais n’oublie pas de poser une ambiance et c’est très agréable à lire. Il fait partie des auteurs et autrices qui prennent le temps de s’arrêter sur un plat de nourriture pour faire saliver (on pense à Izzo, Camilleri) ou sur la vue d’un paysage qui fait naitre des sensations chez les personnages (et chez les lecteurs). Toujours un régal ses polars et ses romans.
Lettre à mes tueurs, ed. Folio, coll. Folio Policier, 8,10 euros, 256 pages.