Un roman sur l’emprise et la violence des hommes envers les femmes.
Paul vit seul dans son appartement et travaille au guichet d’une poste. Il tente de surnager dans un quotidien qu’il trouve bien morose jusqu’au jour où une nouvelle voisine emménage en face de chez lui. Cela va chambouler ses habitudes et le lecteur entre dans la tête d’un personnage qui tend vers le malsain et développe une attirance pour cette femme. On se retrouve dans les pensées de Paul et on voit arriver inéluctablement des évènements que l’on redoute. L’auteure questionne les raisons qui font que Paul change, devient obsessionnel devant les rencontres qu’il fait.
Bénédicte Soymier avec une écriture scandée et sans fioriture, nous fait entrer dans la tête de ce personnage introverti, à l’enfance difficile. L’économie de mots va droit au but. Les sonorités participent à l’immersion dans l’histoire. Derrière les traits de caractère de Paul on distingue des comportements sexistes, misogynes ou égoïstes. Plus globalement, des comportements et des mécanismes que l’on peut retrouver chez de nombreux hommes. Et c’est une des forces de ce roman, mettre la lectrice ou le lecteur sur une ligne de crête entre ce qu’il va advenir et le passé de Paul qui pourrait expliquer des choses. L’auteure insinue très bien ce sentiment de malaise, qui diffuse au fil du récit. On distingue les mécanismes d’emprise, les états qui mènent à la sidération d’un coté chez une femme. Et d’un autre côté on distingue un passé, un environnement familial qui amène contre le gré du lecteur à développer de l’empathie pour le personnage principal et ses réactions. Ce roman remue et questionne, tout en faisant apparaître au grand jour des façons de faire plus courantes qu’on le pense chez les hommes.
Le Mal-épris, ed. Calmann-Levy, 18,50 euros, 336 pages.