Shangrila / Malcolm Knox

Une vie de surfer à la trajectoire sinueuse.

Direction un vieux village de retraités au début du roman, un village dans lequel vivent Dennis Keith alias DK et sa mère. DK se cache derrière sa paire d’aviator et a bien du mal à trainer sa carcasse vieillissante de cent quinze kilos. Le lecteur se rend compte rapidement que derrière ce personnage se cache une vieille légende du surf en bout de course. Une jeune journaliste spécialisée débarque et souhaite écrire sa biographie. L’idée ne réjouit pas plus que ça le surfer qui finit par se prêter au jeu petit à petit. Malcolm Knox à partir de là décide de remonter toute la carrière du surfer, de son don pour le surf et pour tout ce qui touche à l’eau à son ascension vers le succès en passant par les nombreuses galères qu’il a pu rencontrer. On découvre un personnage complexe qui a bien du mal à vivre avec son talent et tout ce qu’il charrie, mais qui en même temps prend un plaisir fou à communier avec les vagues. Malcom Knox écrit le roman d’une vie, celle d’un surfer hors normes rattraper par pas mal de démons. L’écriture particulière déstabilise un peu au début du roman mais une fois lancé on finit par apprécier le ton particulier de l’auteur.

Traduit par Patricia Barbe-Girault.   

Shangrila, ed. Asphalte, coll. Fictions, 22 euros, 496 pages.

Les Garçons de l’été / Rebecca Lighieri

Le dynamitage en règle d’une famille à qui tout réussi en apparence.

« Les Garçons de l’été » forme une plongée saisissante dans le quotidien d’une famille du sud est de la France, chamboulée par l’accident de surf d’un des enfants. Un accident qui a lieu lors d’un séjour à la Réunion et qui dynamite le ciment de la famille (ou du moins les faux semblants qui faisaient office de ciment). Une famille bourgeoise qui présente bien. Cet accident fait l’effet d’un révélateur pour les personnalités de chaque personnage. Du mépris de Thadée, l’aînée de la fratrie plein d’assurance et imbus de sa personne, à l’empathie et à l’écoute de son petit frère Zachée en passant par la précocité d’Ysée la petite dernière. On découvre une vie de famille complexe régit par les non dits. On entre dans la tête de chacun d’entre eux, un chapitre après l’autre. L’autrice campe très bien l’atmosphère qui va se dégrader et le roman file vers le sombre, vers le roman noir voire vers le thriller à certains moments. C’est de plus en plus prenant, toujours aussi bien écrit et très évocateurs dans les images qui viennent au lecteur. Le corps, le charnel et les effluves ont des rôles très importants dans le récit comme c’est souvent le cas chez Rebecca Lighieri. Comme dans « Il est des hommes qui se perdront toujours », j’ai beaucoup aimé retrouver le ton de l’autrice et ses talents de conteuse. « Les Garçons de l’été » est un roman dense et bien amené, sur la famille et les liens que l’on peut tisser à l’épreuve d’un drame ou à l’épreuve du temps.

Les Garçons de l’été, ed. P.O.L, 19 euros, 448 pages.

Réparer les vivants / Maylis De Kerangal

Un très beau roman sur le don d’organes et sur les soignant.e.s.

C’est l’histoire d’une transplantation cardiaque, une histoire qui se déroule sur 24 heures et qui est racontée au fil des personnages qui la compose. L’écriture est magnifique et on se laisse porter par l’atmosphère que campe l’autrice. Le lecteur est touché et rapidement au centre des sensations et des émotions des personnages, et cela dès le début du roman où l’on suit trois copains qui vont surfer à l’aube. J’avais un très bon souvenir de Corniche Kennedy, un précédent livre de la romancière qui mettait en scène des jeunes sur la côte Marseillaise. Cette façon bien à elle d’écrire était déjà présente, sur les corps, sur les atmosphères. Le corps a d’ailleurs souvent une place bien particulière dans les livres de Maylis de Kerangal et l’on retrouve cette façon d’aborder l’humain dans Réparer les vivants. Les descriptions sont précises et rien n’est laissé au hasard sans pour autant tomber dans une caricature par rapport au sujet. C’est aussi un livre sur les soignants et ce que peut représenter un soin, notamment dans les services où la mort est présente. Tout sonne juste dans ce récit et c’est au final sonné que l’on quitte cette lecture, belle et triste à la fois.

Réparer les vivants, ed. Verticales, 18,90 euros, 298 pages.

Surf City / Kem Nunn

Le surf a parfois plusieurs facettes. En voici une moins reluisante.

J’avais adoré de Kem Nunn « Tijuana Straits » lu il y a longtemps, une lecture marquante pour moi. C’était un bouquin qui m’avait donné envie de lire du roman noir et qui de mémoire traitait le sujet de la frontière entre le Mexique et les États-Unis. Je retourne vers cet auteur un peu tardivement avec « Surf City » son premier livre. Et on peut dire que sa plume et sa façon de raconter les histoires me touchent toujours autant. On sent que Kem Nunn n’est pas encore à son meilleur mais il y a déjà les ingrédients qui forme un bon polar qu’on ne lâche pas. Ici il est question du surf et de la drogue en Californie. J’ai parfois pensé à la « patrouille de l’aube » de Don Winslow durant cette lecture, un autre romancier qui a amené le surf dans ses intrigues. Une raison supplémentaire de découvrir Kem Nunn.

Surf City, ed. Folio, coll. Folio Policier, 5,90 euros, 352 pages.

Le prix de la vengeance / Don Winslow

Des nouvelles de très bonne facture comme toujours chez Don Winslow. À lire.

Un recueil de nouvelles qui reprend des personnages des livres précédents de Don Winslow. Un régal en perspective qui se confirme dès le début du livre. L’auteur manie toujours aussi bien les dialogues et les intrigues sont prenantes au possible dans chacune des histoires. Ce n’est pas évident de décrocher une fois lancer dans la lecture. C’est aussi la force de l’auteur, ce ton unique qui transporte facilement le lecteur et le fait entrer en quelques pages dans le vif du sujet.

On retrouve ses thèmes de prédilection, du surf à la police des frontières entre le Mexique et les États-Unis en passant par les bandes de potes qui tentent de s’en sortir face à une galère commune (ça fait plaisir de retrouver la patrouille de l’aube !).

Un recueil de nouvelles noires que je vous invite à découvrir sans plus attendre que ce soit pour découvrir l’œuvre de Don Winslow pour la première fois ou pour retrouver d’anciens personnages pour celles et ceux qui sont déjà familiers de l’univers. Parfois sombre, parfois rude et réaliste, parfois drôle, tout y est.

PS : On comprend mieux les influences de Don Winslow lorsqu’il rend hommage à des auteurs de romans noirs (Elmore Léonard et Raymond Chandler notamment) en clôturant certaines nouvelles.

Le prix de la vengeance, ed. Harper Collins, 22,90 euros, 544 pages.

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