Journal d’un scénario / Fabrice Caro

La dernier roman de Fabrice Caro s’attarde sur l’industrie du cinéma et ne la loupe pas.

Boris vient de terminer son scénario. Une histoire d’amour pleine de poésie dont il est fier et qu’il présente à un producteur. Une tragédie amoureuse appelée « Les servitudes silencieuses ». Le producteur décide d’en faire un film et Boris exulte, il n’en revient pas. En parallèle il rencontre Aurélie une passionnée de cinéma. Il lui parle de son film et les deux personnages ont des discussions enflammées à ce sujet. Dans les romans de Fabrice Caro le burlesque n’est jamais loin et tout peut déraper d’un moment à l’autre. Ça ne loupe pas pour Boris lorsque son producteur commence à lui dire qu’il faudrait changer le rôle-titre du film et apporter quelques modifications. Boris doute et commence à se dire que le film s’éloigne de son scénario initial. La spirale est lancée et on se régale à suivre ce looser qui se laisse complètement manipuler et qui dans le même temps est dépassé par la trajectoire que prend son fameux scénario. « Journal d’un scénario » n’est peut-être pas le meilleur de l’auteur, mais offre assurément un bon moment de lecture. Au passage les quelques petits pics sur le cinéma et son industrie sont plutôt bien vus.

Journal d’un scénario, ed. Gallimard, coll. Sygne, 19,50 euros, 208 pages.

Le Syndrome du canal carpien / John Boyne

Chronique d’une famille accro aux réseaux.

La famille Beverley est une riche famille, entre le père qui est un présentateur reconnu de la BBC, la mère qui est une romancière a succès et les trois enfants qui grandissent au milieu de ces richesses. La famille Beverley a une autre particularité, elle est accro aux réseaux sociaux et à tout ce qui tourne autour. George, le père de la famille, va écrire le tweet de trop et les évènements vont se mettre à dérailler petit à petit pour la famille à partir de là. Dans un bouquin qui fait la part belle aux dialogues, on découvre un humour avec une bonne dose de cynisme et à d’autres moments une bonne dose de burlesque. John Boyne est très bon pour mettre en évidence nos comportements contradictoires ou les travers des réseaux sociaux. L’histoire illustre parfaitement les effets de ces réseaux avec des personnages réussis qui vont finir dépassés. J’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire au début, mais une fois lancé on a bien envie de savoir où vont mener les excès de cette famille pas si singulière. Un bon moment de lecture qui se lit tout seul, parfait pour la saison.

Le Syndrome du canal carpien, ed. JC Lattès, 22,90 euros, 480 pages.

Les occasions manquées / Lucy Fricke

Un curieux roman plein de bons mots et qui touche le lecteur.

La narratrice de ce roman en forme de road trip est sollicitée par une de ses meilleures amies pour l’accompagner elle et son père, dans un singulier dernier voyage. En effet le père de Martha la pote en question, atteint d’un cancer en phase terminale, a décidé de mettre fin à ses jours et a organisé les choses comme il fallait avec une étrange association en Suisse. Il doit s’y rendre, mais souhaite que sa fille l’accompagne. Les voilà partis tous les trois pour la Suisse au début de ce roman original qui mélange habilement des petites observations sur les travers de l’humain et un ton cynique que j’ai beaucoup apprécié. On s’attache à ces personnages, à leurs façons d’aborder la vie. Ça pourrait vite devenir niais ces réflexions sur l’existence, mais ça se glisse très bien dans les dialogues et dans le voyage des trois personnages. Lucy Fricke écrit un roman plein de malice qui aborde aussi bien la fin de vie que l’amitié.

Les occasions manquées, ed. Le Quartanier, 20 euros, 288 pages.

Figurec / Fabrice Caro

Une nouvelle fournée de Fabcaro. Moins récente mais toujours drôle.

Petite parenthèse humoristique avec le premier roman de Fabcaro, une histoire originale qui se lit bien et où l’on retrouve le ton inimitable de l’auteur. Ce mélange d’humour et de regards désabusés sur nos petits comportements du quotidien. Ajoutez à cela une histoire de figuration où une société embauche des gens pour rendre des services au quotidien. Vous avez peur de manquer de monde à un enterrement ? Faites appel à cette drôle de boite où des figurants se pointent pour jouer le rôle que vous leur avez assigné. Vous avez besoin d’un conjoint ou d’une conjointe fictive auprès de vos parents ? Pareil. « Figurec » est la société qu’il vous faut. Le tout fonctionne plutôt bien et on termine la lecture un sourire en coin. Fabcaro n’a pas son pareil pour descendre ses pairs. Son personnage principal, trentenaire célibataire à la ramasse va en faire les frais.

Figurec, ed. Folio, 7,60 euros, 292 pages.

Broadway / Fabrice Caro

Un nouveau Fabcaro toujours aussi déjanté et avec ce qu’il faut de cynisme.

L’auteur de Zaï zaï zaï continue d’écrire des romans toujours aussi déjantés. Le personnage principal de « Broadway » développe une sacré parano et n’échappe pas à la règle. Au détour d’une convocation dans l’établissement scolaire pour son fils ou au milieu d’un repas avec des amis, de courtes digressions vont s’enchaîner sans faire décrocher le lecteur. Le personnage se pose tout un tas de questions existentielles sur sa vie et on retrouve avec plaisir tous les ingrédients qui font le sel des romans de Fabcaro, que ce soit l’humour noir, le sarcasme ou l’observation fine du quotidien.

Broadway, ed. Gallimard, coll. Sygne, 18,90 euros, 208 pages.

Kasso / Jacky Schwartzmann

Un sosie de Mathieu Kassovitz monte une combine d’enfer.

C’est toujours aussi rythmé, les saillies contre un monde moderne qui marche sur la tête sont toujours aussi bien senties et l’histoire que nous propose Jacky Schwartzmann complète très bien le tableau. Un sosie décide de monter des coups fourrés grâce à sa ressemblance frappante avec Mathieu Kassovitz. Évidemment on est dans un roman noir de Schwartzmann et pour ceux qui connaissent l’auteur de « Pension complète » ou « Demain c’est loin », des précédents romans redoutables, vous ne serez pas déçus. On se doute bien que la magouille du personnage principal va partir en cacahouète un moment ou un autre. Un excellent cru avec de l’humour noir à souhait.

PS : Un joli clin d’œil est fait à la librairie « Réservoir Books », une librairie récente qui a souvent une sélection qui dépote et qui est basée à Besançon.

Kasso, ed. du Seuil, 18 euros, 224 pages.

Demain c’est loin / Jacky Schwartzmann

Une rencontre et une cavale.

Un titre en référence à un classique du groupe marseillais I am, évidemment ça attise ma curiosité. J’aime beaucoup la gouaille et le flow des groupes marseillais, la Fonky Family en tête. Bah j’ai le plaisir de vous dire que j’ai retrouvé cette gouaille dans le roman de Jacky Schartzmann. Initialement paru au Seuil en 2017, je m’étais mis de côté ce roman noir après avoir découvert l’auteur dans sa dernière parution tout aussi perché, Pension complète. Dans Demain c’est loin, on découvre un récit rythmé plein d’autodérision, qui fait la part belle à l’action et aux jeux de mots et qui se déroule en grande partie à Lyon. L’écriture va droit au but (sans charrier l’OL bien sûr) et on est curieux de voir le résultat de la cavale des deux personnages principaux, François et Juliane, que tout oppose.

Je suis parfois déçu lorsque je me note un roman et que je tourne autour longtemps avant de le lire. Ça n’a pas été le cas ici, avec ce roman noir original et que je conseillerai pour passer un bon moment bien déjanté.

Demain c’est loin, ed. Seuil, coll. Cadre noir, 17 euros, 192 pages.

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