Les occasions manquées / Lucy Fricke

Un curieux roman plein de bons mots et qui touche le lecteur.

La narratrice de ce roman en forme de road trip est sollicitée par une de ses meilleures amies pour l’accompagner elle et son père, dans un singulier dernier voyage. En effet le père de Martha la pote en question, atteint d’un cancer en phase terminale, a décidé de mettre fin à ses jours et a organisé les choses comme il fallait avec une étrange association en Suisse. Il doit s’y rendre, mais souhaite que sa fille l’accompagne. Les voilà partis tous les trois pour la Suisse au début de ce roman original qui mélange habilement des petites observations sur les travers de l’humain et un ton cynique que j’ai beaucoup apprécié. On s’attache à ces personnages, à leurs façons d’aborder la vie. Ça pourrait vite devenir niais ces réflexions sur l’existence, mais ça se glisse très bien dans les dialogues et dans le voyage des trois personnages. Lucy Fricke écrit un roman plein de malice qui aborde aussi bien la fin de vie que l’amitié.

Les occasions manquées, ed. Le Quartanier, 20 euros, 288 pages.

Un dernier ballon pour la route / Benjamin Dierstein

Un singulier duo d’enquêteurs qui va laisser peu de répits au lecteur.

Freddie et Didier n’ont plus grand-chose à perdre et vendent leur service pour des enquêtes privées entre deux godets. Ces deux anciens de l’armée et de la police qui se complètent bien dans la loose essaient de s’en sortir avec les compétences qu’ils leur restent, autrement dit la castagne et la descente de pinte de bière. C’est dans ces conditions qu’ils mettent la main sur une jeune fille disparue pour la ramener à sa famille et plus précisément dans le bled où Freddie a grandi. Les anciennes rivalités sont loin d’être toutes résolues et le retour de Freddie sur ses terres ne va pas apaiser les choses.

Ce polar envoie du bois et mêle très bien action, humour noir et répliques cinglantes. Je découvre Benjamin Dierstein avec ce roman prenant et je ne suis pas déçu du voyage.

Un dernier ballon pour la route, ed. Les arènes, coll. Equinox, 20 euros, 416 pages.

L’Un des tiens / Thomas Sands

Un roman noir post apo où la noirceur est reine.

J’ai découvert avec ce roman noir trois personnages qui tentent de survivre dans un monde post-apocalyptique. Les différents road-trips que propose Thomas Sands font froids dans le dos et on sent qu’un effort est fourni par l’auteur sur le réalisme de l’environnement. Dans ce qu’il pourrait arriver dans les décennies à venir. On découvre une France où la violence règne, où la population a été décimé par une épidémie et où les ressources vitales viennent à manquer (l’eau devient une durée rare par exemple). Le réalisme permet de renforcer l’immersion du lecteur dans ce roman noir, très sombre et âpre. Si vous n’avez pas besoin d’une dose de désespoir et de rencontrer quelques personnages en bout de course, vous n’êtes pas forcément au bon endroit avec ce titre de la collection Equinox. Pour les autres, n’hésitez pas à prendre le temps de découvrir la noirceur qui émane de ce bouquin.

L’Un des tiens, ed. Les Arènes, coll. Equinox, 15 euros, 304 pages.

Baise-moi / Virginie Despentes

Un road-trip qui envoie du bois.

Le premier livre de Virginie Despentes raconte l’histoire de deux femmes qui se rencontrent et noue une amitié. Une amitié hors norme qui va les transcender chacune d’une façon différente. Une amitié avec des contradictions et de l’humour noir. On suit les deux femmes dans un récit qui prend progressivement de la vitesse et où on l’on reconnait la plume de Virginie Despentes. Fine observatrice des comportements et capable de camper des personnages complexes que l’on a envie de suivre sans hésiter page après page, pas de doute c’est bien un livre de l’autrice.

C’est peut être trash, c’est peut être cru, c’est peut être un livre où le spectre de la mort et de la drogue rôde, mais surtout c’est un livre qui met des claques là où il faut. Les personnages marginaux sont très justes dans leur conception du monde. Ce bouquin m’a fait penser aux perdants magnifiques du premier album de Sameer Ahmad, une autre pépite.

Baise-moi, ed. Le livre de poche, 7,20 euros, 288 pages.

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