Les hommes / Richard Morgiève

Un roman touchant sur un truand sur le retour.

« Les hommes » c’est l’histoire de Mietek, un personnage qui sort de prison dans les années 70 et qui pendant les années Giscard, va tenter de se réinsérer à sa façon. Autrement dit retomber dans ses combines et pas forcément faire l’apologie de la légalité. Le lecteur suit la vie de ce personnage sur le retour qui se cherche, qui est ambiguë, qui tombe amoureux d’une femme alors que cet amour est impossible. Certaines scènes marquent, les personnages sont complexes mais ce qui fait tout le charme pour moi de ce bouquin c’est la plume de Richard Morgiève. Une plume que je découvre et qui sans détour dépeint des vies avec une justesse rare, toute une atmosphère, des émotions. On a aussi le sentiment de lire des passages qui sortent du lot. On peut croiser de la poésie au détour d’un passage notamment lorsque se pose la question de la paternité pour Mietek. C’est toute une vie qui défile sous nos yeux, celle d’un escroc sur le retour qui va constater amèrement que ce retour ne sera pas si simple. Un très bon roman qui est aussi une forme d’hommage aux gangsters d’une époque et à tout un imaginaire autour de ces bandits des années 70. Je découvre le ton sensible voire amer de l’auteur avec ce livre sur un marginal. Un personnage qui nous reste en tête une fois la dernière page tournée.

extrait : « On ferait partie de l’histoire des gens, de la chaîne, on ne serait plus orphelins, ni elle ni moi. »

Les hommes, ed. Joelle Losfeld, 22,50 euros, 368 pages.

Encore heureux / Yves Pagès

Découvrir la vie d’un truand dans un roman original et prenant.

Bruno Lescot est un bandit d’un genre particulier. Premièrement il est encore en cavale et deuxièmement il est poursuivi pour un faux braquage ayant dérapé, un policier a été tué. Les circonstances de ce braquage plutôt floues n’empêchent pas Bruno Lescot de devenir quasiment l’ennemi public numéro un. Dans ce singulier bouquin, Yves Pagès retrace la vie de cet homme à travers son procès (sans le principal concerné) et de nombreux témoignages provenant de son entourage. On découvre un personnage qui rencontre tôt quelques difficultés avec l’autorité. Et surtout on découvre un personnage plus complexe qu’il en a l’air. Yves Pagès écrit un livre qui retrace un parcours avec beaucoup d’originalité dans la forme. Le lecteur se laisse porter par le portrait qui se construit au fur et à mesure, avec un rapport médical, un article de journal, etc. En même temps on sent que l’ironie n’est jamais loin et que Bruno Lescot est aussi la victime d’une société qui déraille une fois sur deux. « Encore heureux » est un roman inclassable et surprenant. Une vraie découverte qui emporte le lecteur dès les premières pages.

Encore heureux, ed. Points, 7,40 euros, 336 pages.

Pierre qui roule / Donald Westlake

Premier titre de la série avec le personnage Dortmunder.

Après avoir replongé dans les aventures de Parker le cambrioleur, je continue de (re)lire l’œuvre du maître Donald Westalke dans sa série avec Dortmunder cette fois-ci, un bandit qui a le don d’attirer les emmerdes. A peine sorti de prison au début du roman, le personnage est approché par un de ses anciens compères pour participer au vol d’une émeraude. Une fois son équipe recomposée, les joyeux lascars se lancent dans l’affaire et les évènements vont sérieusement se compliqués. C’est le début d’une longue série dans laquelle l’émeraude ne va pas être si simple à subtiliser pour Dortmunder et sa bande. « Pierre qui roule » est un roman noir qui allie humour noir, sens du rythme et dialogues d’enfer avec brio. On n’en demande pas plus, c’est très bien ficelé. Une valeur sûre encore une fois et un réel plaisir de lecture du début à la fin.

Pierre qui roule, ed. Rivages, coll. Rivages noir, 8,65 euros, 304 pages.

Monstres en cavale / Cloé Mehdi

Damien est incarcéré à l’âge 13 ans et il attendra ses 19 ans pour avoir une chance de s’évader.

Damien est en prison depuis ses 13 ans pour de sombres raisons que je vous laisse découvrir. Au début de ce roman noir, il est transféré de sa prison à un zoo dans lequel les plus grands criminels sont rassemblés dans des enclos. Des criminels dont il fait partie et qui sont exposés comme des animaux aux visiteurs toujours plus nombreux. C’est dans cet endroit morbide que les choses vont s’accélérer pour Damien puisqu’il réussit à s’échapper tout en rencontrant Cab, une jeune fille issue du grand banditisme qui va lui ouvrir les portes d’un monde souterrain qu’il méconnait. Le futur ne s’annonce pas plus reposant pour le jeune homme fragile et abimé par les années de prison.

On retrouve dans « Monstres en cavale » les thèmes chers à l’autrice qui était déjà présents dans « Rien ne se perd », un roman noir édité chez Jigal en 2016 (une claque à lire d’urgence). Cloé Mehdi aborde dans ce premier roman les violences envers les enfants sous plusieurs formes (violences physiques, abandon) tout en questionnant la prison et la prise en charge de la maladie mentale dans la société. Ici on se situe à la frontière entre le thriller et le roman noir, le récit est mené tambour battant et une fois la fuite de Damien amorcée à travers l’Europe, l’autrice déroule les péripéties sans laisser ses personnages souffler bien longtemps. Ce premier roman écrit très jeune est déjà le reflet d’une autrice talentueuse et cela va se confirmer par la suite, notamment dans « Rien ne se perd » qui est pour moi une référence dans le polar.

Monstres en cavale, ed. du Masque, 7,90 euros, 624 pages.

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