Le soleil des Scorta / Laurent Gaudé

Un très beau roman sur plusieurs générations, dans le sud de l’Italie.

Direction Montepuccio, un petit village du Sud de l’Italie. Tout commence en 1870 lorsqu’un brigand revient dans ce village qu’il a connu. Ce retour marque pour le lecteur la découverte d’une famille que l’on va suivre tout au long du roman jusqu’à nos jours. La famille des Scorta. Une famille riche dans un premier temps puis qui connaît la pauvreté ensuite. Laurent Gaudé décrit à merveille ce village, son atmosphère et les relations que tissent cette famille au fil des années avec les habitants du coin. Des frères aux parents en passant par les liens qui les unissent ou non au curé du village, on découvre une histoire touchante et marquante. L’histoire d’une famille pauvre du Sud de l’Italie et qui tente de survivre, en étant irrémédiablement ramenée à leur condition. Le climat rude de cette région, le soleil et la chaleur accablante ne facilitent rien. Et en même temps, cette famille qui évolue est fière de ses racines et d’avoir ce rapport à la terre. Ils ne sont pas épargnés par les épreuves de la vie et l’auteur parvient à restituer tout cela dans une langue unique, avec juste ce qu’il faut d’images. Comme dans « Eldorado » j’ai complétement été happé par ce livre et sa force d’évocation. On y retrouve des thèmes chers à l’auteur, l’exil, l’épreuve ou encore la force des relations humaines. Une très belle surprise qui me donne envie de continuer à découvrir la bibliographie de Laurent Gaudé.

Le soleil des Scorta, ed. Actes Sud, 19,30 euros, 245 pages.

L’eau rouge / Jurica Pavicic

Un auteur croate à découvrir. Très beau roman noir.

Un soir de 1989, dans un petit village Croate de la côte dalmate, Silva finit de diner avec son frère et ses parents avant de se rendre à la fête des pêcheurs pour retrouver ses amis. La jeune fille de 17 ans n’imagine pas une seconde que ce dîner sera le dernier en leur compagnie. Elle est portée disparue dès le lendemain et sa photo sera bientôt sur toutes les rétines du petit bourg.

L’enquête menée par Gorki Sain démarre puis piétine. Le pays est en proie à des changements politiques et des conflits importants suite à l’effondrement du régime de Tito. La famille ne lâchera pas le morceaux de son côté et Jurica Pavicic emmène la lectrice et le lecteur dans cette quête. Tout débute en 1989 et les années vont filer, tout comme les chapitres. Chaque chapitre relate les évènements vécus par les personnages qui vieillissent, et qui gravitent autour de cette disparition. On suit tour à tour les parents de la jeune fille, son frère, mais aussi l’enquêteur Gorki Sain en charge de l’affaire ou encore les amis de Silva. Les vies continuent, les personnages changent mais le spectre de cette disparition n’est jamais loin. On découvre l’impact du drame sur la famille et sur tout une communauté qui a été amené à la côtoyer d’une manière ou d’une autre. C’est une façon inédite de traiter la disparation et l’auteur rend par ce biais le récit immersif et prenant. On découvre les choses au fur et à mesure, en revoyant des personnages bien après cette fameuse soirée de 1989.

L’auteur écrit très bien et malgré l’histoire qui s’étale sur plusieurs années on ne décroche pas. Il tisse avec habilité l’histoire d’un pays et une singulière intrigue. Il prend le temps de s’attarder sur ses personnages, sur des petits tournants dans leurs vies. On se laisse complètement embarquer dans ce roman noir qui change d’échelle régulièrement et imbrique à merveille les petites histoires dans la grande. Une très belle découverte.

Traduit du croate par Olivier Lannuzel.

L’eau rouge , ed. Agullo, coll. Agullo Noir, 20,50 euros, 384 pages.

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