Retour à Killybegs / Sorj Chalandon

Le roman d’une trajectoire de vie, celui d’un traitre au service de l’IRA.

Le journaliste Sorj Chalandon écrit avec « Retour à Killybegs » un roman sur une trahison, celle d’un militant irlandais de l’IRA, Tyrone Meehan. Le nom a été changé, mais les évènements sont inspirés de faits réels. Le livre s’arrête sur la découverte de l’IRA à 18 ans pour Tyrone Meehan et sur l’histoire de son enrôlement tôt. On suit le cheminement dans la tête du personnage, comment il en vient à la lutte armée et dans quel contexte. En parallèle, le récit alterne avec l’écriture des mémoires de ce même Tyrone Meehan lorsqu’il revient à Killybegs des décennies plus tard pour laisser ressurgir ses souvenirs. Il se sent d’ailleurs en danger lorsqu’il revient sur les terres de son passé, car il est maintenant un traitre au service du contrespionnage britannique aux yeux de tous. Sorj Chalandon avec l’acuité qu’on lui connait décrit l’intérieur du conflit nord-irlandais et le contexte avec beaucoup de précision. On est complètement emporté par l’écriture et le ton du livre. Petit à petit on découvre les zones d’ombre pour comprendre comment il devient un traitre. Et petit à petit on se rend compte que ses pairs se méfient de lui à raison. Sorj Chalandon questionne la place de la guerre et de la lute dans une vie avec beaucoup de justesse. Les romans de l’auteur sont marquants et celui-ci ne fait pas exception.

Retour à Killybegs, ed. Le livre de poche, 8,70 euros, 336 pages.

Le Corps noir / Dominique Manotti

A Paris, la police allemande et ses auxiliaires français vont faire face à la fin de la guerre qui s’annonce en 1944. Et ils sont prêts à tout.

Alors que les alliés débarquent sur les côtes normandes en 1944 et que la fin de la guerre approche, Dominique Manotti choisit de s’attarder sur une zone d’ombre des livres d’histoire. Elle s’attarde dans « Le corps noir » sur les agissements de la SS allemande pendant cette période trouble, notamment à Paris. Et là où ça devient intéressant c’est que l’autrice toujours au petit soin dans son travail documentaire s’arrête aussi sur la gestapo française, des collabos qui ont participé aux basses œuvres de l’occupant. Le roman noir démarre dans ce contexte et se déroule durant l’été 44 sur un peu plus de deux mois. On comprend rapidement que les services de police allemand mais aussi les collaborateurs de l’Allemagne nazie profitent de cette période pour préparer leurs retraites en Allemagne ou ailleurs. La défaite n’étant pas bien loin tous les moyens sont bons pour servir ses propres intérêts. Et la police auxiliaire des SS avec de nombreux français dans ses rangs est aussi prête à retourner sa chemise en un rien de temps. On retrouve un style efficace et des phrases courtes comme souvent dans les romans de l’historienne. On est curieux de comprendre comment les profiteurs (notamment les banquiers, les industriels) vont faire preuve ou non de lucidité alors que le vent tourne et que l’avancée des troupes est inexorable chez les Alliés. La résistance dans Paris même est aussi de la partie et les forces de l’ordre allemande se retrouve engluée sur plusieurs fronts. Tout cela donne un roman noir prenant et qui offre un regard sur les coulisses d’une période de l’histoire de France avec beaucoup de précisions. Remarquable une fois encore.

Le Corps noir, ed. Points, 7,50 euros, 288 pages.

L’ombre du pouvoir / Fabien Cerutti

Le Bâtard de Kosigan – Tome 1

De l’aventure et de l’action avec un contexte historique fourni qui emmène le lecteur dans un royaume de France divisé, voilà un petit échantillon de ce que nous propose le premier tome du Bâtard de Kosigan. Fabien Cerutti construit un singulier personnage, parfois un peu caricatural envers les femmes. Un mercenaire plutôt coriace à la tête d’une petite troupe qui rend des services à droite à gauche dans le royaume, à des personnages de pouvoir. Évidemment le Bâtard de Kosigan n’oublie pas de servir ses intérêts au passage et bien malin est celui qui devinera ses véritables intentions. Une touche de magie parsème le tout dans ce premier tome qui démarre cette série sous les meilleurs auspices.

L’ombre du pouvoir, ed. Folio, 8,70 euros, 528 pages.

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