Le Marteau des sorcières / Fabien Cerutti

Une suite de qualitay pour ce tome 3 du Bâtard de Kosigan.

Rien de tel qu’une interlude dans le monde de Fabien Cerutti et dans celui de son bâtard de Kosigan pour changer d’air. Un monde à part où les royaumes luttent et où le personnage du bâtard de Kosigan tire son épingle du jeu avec sa compagnie. Des personnages haut en couleurs que l’on a beaucoup de plaisir à retrouver dans ce troisième tome qui met l’accent sur la sorcellerie et ses effets sur les royaumes. Comme toujours l’étayage historique est de mise et c’est un nouveau roman de fantasy riche et passionnant que nous offre l’auteur pour cette troisième fournée. L’alternance avec l’histoire du bâtard et l’histoire de son descendant dans les années 1900 est toujours de mise, et c’est d’une efficacité redoutable. D’ailleurs on perçoit que les deux trames se rapprochent de plus en plus. On retrouve le ton malin et joueur d’un personnage attachant et en même temps qui se cherche toujours. Notamment des informations sur sa mère qu’il peine à trouver. Le bâtard et sa troupe de mercenaires se retrouve donc à Cologne dans ce tome, au milieu des problèmes que posent d’un côté l’inquisition et de l’autre de mystérieuses sorcières traquées justement par cette même inquisition. Le mélange d’approche historique, de péripéties et de tractations en tout genre fonctionne une nouvelle fois. Il me reste le quatrième livre dans ce cycle prenant qui ne s’essouffle pas.

Le Marteau des sorcières, Ed. Folio, 8,90 euros, 464 pages.

14 Juillet / Éric Vuillard

Un court roman qui offre un nouveau regard sur cette date.

Une plongée saisissante dans les coulisses du 14 juillet 1789. Eric Vuillard donne une visibilité au petit peuple, celui que les livres d’histoire ne citent pas. Celui qui a eu un rôle important et pourtant oublié. L’auteur avec une plume imagée et en même temps accessible écrit un petit bouquin vraiment bien amené. On sent l’atmosphère de révolte monter dans les rues de Paris. Une découverte.

14 Juillet, Ed. Actes Sud, coll. Babel, 8,30 euros, 208 pages.

La révolte de la psychiatrie / Mathieu Bellahsen Rachel et Knaebel

Les ripostes à la catastrophe gestionnaire.

Passionnant cet essai de Mathieu Bellahsen et Rachel Knaebel. Comme en écho au livre d’Emmanuel Venet que j’ai lu l’année dernière « Manifeste pour une psychiatrie artisanale », ce livre « La révolte de la psychiatrie » prolonge à merveille la réflexion en apportant de nombreux exemples de pratiques qui renouvellent la psychiatrie. Des pratiques en réponse à une gestion étatique qui détruit petit à petit les hôpitaux publics (suppression des lits, suppression des dispositifs comme les clubs thérapeutiques, normes des ARS toujours plus nombreuses à respecter dans les soins, moins de temps pour le relationnel, pour l’écoute, des protocoles qui se multiplient, des services qui ferment, des structures de soins qui fusionnent en rendant l’accès plus difficile en terme de distance pour les patients, etc.). La première partie du livre s’attache de son côté à dresser un panorama des évolutions rencontrées par la psychiatrie ces dernières décennies. On y découvre les effets des politiques mises en place. Cela permet de contextualiser et de comprendre comment la logique néolibérale (« du temps compressé et de l’urgence ») fait autant de dégâts aujourd’hui dans les services de soins et comment « la casse de l’hôpital public » (pour reprendre l’expression du livre de Frédéric Pierru et Pierre-André Juven) touche aussi la psychiatrie.

À noter la réflexion intéressante sur le fait que la négociation avec l’État est devenue inutile et qu’il est plus aisé aujourd’hui de mettre en place des contre-pouvoirs localement (agir/expérimenter au quotidien sur les terrains).

« La psychiatrie est un observatoire privilégié de l’évolution de la société dans sa tolérance aux plus fragiles, aux plus déviants et « hors normes ». Elle peut aussi être un lieu d’expérimentation, à partir de cette marge, de formes démocratiques nouvelles, de nouvelles façons d’instituer la société où l’existence de tout un chacun serait à la fois respectée et moteur d’une transformation collective, aussi minimale soit-elle. »

« […] il faut revenir sur cette idée que la personne délirante « marche sur la tête », car marcher sur la tête quand le monde est à l’envers constitue peut-être une façon raisonnable de s’y mouvoir. »

« Destruction des services publics, réduction des espaces de négociation démocratique, atteintes aux libertés, fichage… Ce qui mine la psychiatrie est un miroir grossissant de ce qui se passe dans l’ensemble des sphères sociales et politiques. »

La révolte de la psychiatrie, Ed. La Découverte, 19 euros, 246 pages.

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