Sugrhue est détective et se retrouve à pister Trahaerne, un auteur à succès qui a un léger penchant pour la picole. Ce dernier s’égare de bar en bar au gré des fugues dont il est coutumier. Une fois Trahaerne retrouvé dans un bar de la côte ouest, Sugrhue s’engage dans une nouvelle enquête afin de retrouver Betty Sue Flowers, une jeune fille disparue dix ans auparavant. Les deux personnages vont se trouver des centres d’intérêt commun et c’est à deux qu’ils se lancent dans cette nouvelle enquête aux multiples pistes et surprises.
James Crumley écrit un roman noir poisseux et bien sombre. On y découvre un privé cynique et porté sur la boisson qui se laisse embarquer dans des péripéties qui le dépassent parfois, mais qui ne l’empêchent pas de garder sa gouaille et sa répartie d’enfer. James Crumley a aussi le sens des images. On visualise les scènes facilement sans s’empêtrer dans des descriptions à rallonge. La première scène du livre avec un bouledogue qui picole en est une parfaite illustration. L’ambiance est posée. Crumley crée des personnages complexes que l’on n’oublie pas et notamment de très beaux personnages féminins. Dans ce roman noir, on y rencontre des paumés à la façon d’un Harry Crews ou d’un Donald Ray Pollock. Le tout forme un polar très bien construit avec une traduction de Jacques Mailhos de qualité. Une vraie réussite (et une belle découverte pour ma part). Un peu comme Abdel Hafed Benotman dont je parlais récemment, James Crumley et son œuvre mériteraient plus de visibilité.
Le Dernier Baiser, ed. Gallmeister, 23,50 euros, 384 pages.