« Le bloc » aborde l’ascension d’un parti d’extrême droite du même nom. Jérôme Leroy s’attarde sur deux personnages ambivalents et complexes. Stanko, homme de main redoutable du parti au passé trouble et qui se retrouve traqué au début du roman. Responsable du service d’ordre pendant une période, le parti approchant du pouvoir suite à des tensions à travers le pays, l’homme de main qui s’occupe habituellement des basses oeuvres fait tache. Et de l’autre, Antoine le mari d’Agnès, la présidente du Bloc. Un intellectuel ambivalent qui prend un malin plaisir à prendre de haut la majorité des troupes du parti. Proche de Stanko il a aussi une grande affection pour la violence. « Le bloc » est un roman noir qui peut rendre mal à l’aise, qui décrit avec une précision rare les méthodes des adhérents d’un parti d’extrême droite. Violence, racisme, propos dégradants, combines, tout se recroise dans la montée irrémédiable du parti qui s’apprête à signer un accord avec le gouvernement en place. Un parti aux portes du pouvoir et qui se sert des tensions dans les villes entre forces de l’ordre et population pour avancer dans les sondages. L’État est dépassé par les évènements. Les médias s’en emparent lorsqu’un décompte macabre des morts est mis en place pendant les informations. Le roman noir de Jérôme Leroy est aussi un polar qui résonne avec l’actualité. Comme dans « L’Ange gardien », chacun sert ses intérêts et certains sont prêts à tout pour cela. On retrouve l’écriture singulière de l’auteur que ce soit dans les scènes d’action où l’on pense à Manchette ou dans la narration. Une lecture marquante qui laisse à penser.
Jérôme Leroy dans un portrait de Libé, en parlant du roman noir : «c’est là où se fait la littérature aujourd’hui», considère-t-il, «un formidable terrain d’expérimentation». Il a commencé à en écrire «parce qu’il fallait que je parle de ce que j’observais sur le terrain, la violence dans les rapports humains et politiques, les émeutes urbaines que je voyais arriver. Le polar, c’est le roman de l’inquiétude».
Le Bloc, ed. Gallimard, coll. Série Noire, 17,75 euros, 304 pages.