Les mots nus / Rouda

Voir grandir un gamin des quartiers dans les années 90 puis 2000.

Ben est un collégien lambda de banlieue qui traîne son ennui et ses potes dans un quotidien plutôt morose. Le lecteur le voit grandir dans les années 90 et assister à des évènements marquants de cette décennie puis de la suivante. De La Brousse son quartier d’où il vient jusqu’à Belleville, Ben grandit et apprend de la vie, des bons moments comme des désillusions. Le personnage de Rouda devient attachant au fil des pages et ce bouquin est une très bonne surprise au final. J’ai été embarqué par l’écriture de l’auteur qui sonne juste. Il parsème son texte de quelques belles images. On a envie de suivre cet ado qui lutte avec ses sentiments ou avec le monde qui l’entoure jusqu’aux premières émeutes de 2005 et celles qui vont suivre. Un roman plein d’humanité à découvrir sans hésiter.

Les mots nus, ed. Liana Levi, 17 euros, 160 pages.

Trois lucioles / Guillaume Chamanadjian

Capitale du Sud, tome 2.

On retrouve Nohamux alias Nox, l’épicier dans ce second volet de la trilogie « Capitale du Sud ». Un personnage débrouillard et attachant que l’on a découvert dans « Le sang de la cité » le premier tome. Guillaume Chamanadjian poursuit sur sa lancée avec « Trois lucioles » et l’intrigue va dépasser les murs de la ville dans ce second roman rythmé. Moins contemplatif que le premier mais toujours aussi bien amené, ce roman de fantasy démontre une nouvelle fois tout le talent de l’auteur pour les dialogues et pour la construction de son univers. Le Duc Servaint, celui qui a élevé le jeune commis d’épicerie est en danger et plus d’un personnage veut sa peau. Nox, qui a développé des compétences redoutables (notamment lorsqu’il passe dans son monde parallèle mais instable) est missionné pour l’éliminer. Il se retrouve face à un dilemme et c’est un des multiples choix que le personnage va devoir faire. La cité de Gémina dans laquelle il vit, voit les tensions se multiplier. Nox essaie d’y voir clair dans les différentes intrigues qui régissent la ville et ses clans mais c’est loin d’être une partie de plaisir. On sent que des évènements tragiques guettent et on est pris par l’histoire de cette suite, encore plus enlevé que le premier tome. Une nouvelle réussite à découvrir.

Trois lucioles, ed. Aux forges de Vulcain, 20 euros, 416 pages.

Beyrouth-sur-Seine / Sabyl Ghoussoub

Un roman qui tend vers l’introspection avec en toile de fond la guerre du Liban.

Le journaliste franco-libanais se penche sur le passé de ses parents, une vie qui débute au Liban puis qui doit faire face à la guerre à partir de 1975. Avec une plume sensible, on découvre comment la guerre du Liban a été vécue par les Libanais et notamment sa famille, qui arrive ensuite en France. Un récit documenté, avec de courts chapitres. On est touchés par l’histoire de la famille du narrateur qui se cherche entre une France stigmatisante et un pays en guerre qui s’effrite sous leurs yeux et qui n’est plus que l’ombre de lui même. On voit comment les parents réagissent lorsque l’auteur souhaite creuser leurs passés pour ce livre. Des choses ressortent, des sentiments se mélangent, le père et la mère n’ont pas les mêmes réactions face à des souvenirs qui refont surface. L’auteur ne passe pas à côté des ambivalences que sa démarche fait émerger auprès de ses proches. « Beyrouth-sur-Seine » est un très beau bouquin de Sabyl Ghoussoub, teinté de nostalgie. Un texte fort sur la filiation.

Beyrouth-sur-Seine, ed. Stock, 20,50 euros, 320 pages.

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