Rien, plus rien au monde / Massimo Carlotto

Un roman coup de poing sur une famille touchée par la précarité de plein fouet.

La narratrice raconte sa vie de famille prolétaire à Turin, son mari a perdu son job chez Fiat et les fins de mois sont compliquées. Ajoutez à cela des tensions avec sa fille de 20 ans et vous avez le tableau complet. Massimo Carlotto manie l’art du roman noir avec beaucoup de talent et c’est encore le cas dans ce court roman qui dresse le portrait d’une société Italienne peu reluisante. On sent que la mère de famille est prise dans un engrenage et on le comprend au fil des pages. Le racisme, la précarité et le statut des femmes dans une société italienne qui déraille sont abordées. En peu de pages l’auteur dresse un polar réaliste et redoutable.

Rien, plus rien au monde, ed. Métailié, 6 euros, 72 pages.

De notre monde emporté / Christian Astolfi

Le roman d’un monde ouvrier, celui d’un chantier naval à la Seyne-sur-Mer.

Narval est ouvrier dans une usine de la Seyne-sur-Mer. Une usine qui répare les bateaux et qui fait vivre toute une région dès les années 70. Ce livre retrace les premiers pas du jeune Narval dans son travail, avant de découvrir les années qui vont suivre et qui vont être traversées par des luttes. Les franches amitiés et la fierté d’appartenir à une industrie crée ce sentiment d’appartenance au groupe, un groupe de potes autour de Narval que l’on suit jusqu’aux années 2000. Ce roman de Christian Astolfi campe des personnages marquants et rend un vibrant hommage au monde ouvrier. Cette histoire c’est aussi celle plus sombre des conditions de travail et plus particulièrement des revendications autour de l’amiante. L’amiante comme un autre fil directeur du roman qui est bien là, en toile de fond, et qui a de plus en plus de place dans l’histoire tout en ayant de plus en plus d’impact sur les corps des anciens ouvriers du chantier avec les années. On découvre au fil du bouquin la relation de Narval avec son père, un ancien ouvrier lui aussi. L’admiration du personnage pour son paternel est d’ailleurs palpable. Dans la région, l’usine rayonne au début du roman puis petit à petit la concurrence amène les licenciements et les temps deviennent difficiles. « De notre monde emporté » fait penser à « A la ligne » de Jospeh Ponthus dans son atmosphère, dans ce qu’il dégage. Un roman qui questionne le sens du travail ouvrier, les désillusions, à travers une écriture qui touche. Un vrai coup de coeur que j’avais hâte de découvrir et qui remue.

De notre emporté, ed. Le bruit du monde, 19 euros, 192 pages.

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