Bart est un homme qui n’a plus grand-chose à perdre. Il décide de tout quitter pour vivre dans le palais de justice de Paris. Il s’installe sur place pour assister à différentes affaires la journée et dormir dans le faux plafond la nuit. Entre temps, il grignote deux trois petites choses à la cafétéria en déambulant de salle d’audience en salle d’audience. C’est à travers le regard de ce personnage effacé que Joy Sorman décrit tout un monde dans « Le témoin », un monde dans lequel le lecteur découvre les ressorts d’une justice parfois expéditive, parfois violente. On y tient un langage bien spécifique et les procédures le sont tout autant. Bart est plein de lucidité sur les affaires qu’il découvre et parfois il ne peut s’empêcher d’entrer en empathie avec les acteurs qu’il observe. À travers son regard c’est aussi les fonctionnements (et parfois les non-sens) d’une société qui défilent sous les yeux du lecteur. « Le témoin » est un roman qui décrit des vies cabossées avec réalisme, des vies face à l’injustice.
Le témoin, ed. Flammarion, 21 euros, 288 pages.