Le jour et l’heure / Carole Fives

« Et si soigner c’était apprendre à mourir ? »

Edith connaît le jour et l’heure de sa mort car elle est atteinte d’une maladie dégénérative, et elle a choisit la mort volontaire assistée. Elle se rend pour cela en Suisse avec toute sa famille et les courts chapitres du livre vont s’enchaîner en livrant les points de vue de chacun des membres de sa famille. On est touchés par l’histoire d’Edith, de ses proches qui se confrontent à la mort le temps d’un weekend qui ne ressemblera à aucun autre. Les enfants ne réagissent pas tous de la même façon tout comme son conjoint Simon. Ils naviguent au gré des souvenirs et malgré la gravité du thème ce roman est loin d’être dénué d’humour. Car la vie continue. « Le jour et l’heure » apporte une réflexion et un regard vraiment intéressants sur la fin de vie et sur la mort. On y questionne son statut dans la société, l’impact que cela peu avoir sur une cellule familiale. En quoi elle est dérangeante et jusqu’à qu’elle point. On voit aussi comment les relations se recomposent, car les enfants sont devenus adultes et par la force des choses ils vont repasser du temps ensemble pendant ce weekend en Suisse. Caroles Fives écrit un roman qui sonne juste et qui touche.

Le jour et l’heure, ed. JC Lattès, 17 euros, 144 pages.

Le Livre de l’Una / Faruk Sehic

Une biographie teintée de mélancolie, à l’écriture unique.

À la faveur d’une séance d’hypnose, un vétéran de la guerre de Bosnie (1992-1995) revoit ses souvenirs ressurgir. Au fil de sa plume on découvre une enfance, une vie qui s’apprête à croiser la guerre, une vie dans laquelle l’eau et plus particulièrement le fleuve de l’Una revêt une importance particulière. L’écriture est là tout au long du bouquin comme pour panser une plaie. Une plaie qui cicatrise difficilement suite à cette guerre civile, à une confrontation avec la violence. « Le livre de l’Una » est un très beau bouquin à la langue unique, une biographie qui retranscrit comme rarement les émotions et les sensations de l’auteur. J’avais quelques réserves sur la forme avec la séance d’hypnose et finalement on se laisse complètement porter par cette langue pour découvrir un pays et un conflit assez méconnu. Un livre comme une charge contre la guerre, contre son absurdité. J’ai rarement lu un livre qui restitue avec cette justesse les conséquences d’un conflit, la condition de soldat.

extraits : « Vu le nombre de mes blessures dans lesquelles on ne peut jeter un œil qu’à la nuit tombée, car la nuit ne trahit pas les secrets, je passe très vite à la suivante. »

« Les éclats d’obus dans les arbres croissent en même temps que le tissu du bois, seuls les animaux craignent la mort comme les hommes. Les oiseaux s’envolent vers des lieux plus sûrs, vers l’arrière apaisant. »

Le Livre de l’Una, ed. Agullo, 22,50 euros, 248 pages.

Notes sur le chagrin / Chimamanda Ngozi Adichie

Un court livre où la colère et la tristesse de l’autrice se mêlent.

Les mots sont parfois nécessaires. Écrire sur ce que l’on ressent, sur ce que l’on vit, permet de prendre une distance par rapport à un évènement marquant. On a la sentiment que c’est ce que fait Chimamanda Ngozi Adichie dans ces « Notes sur le chagrin ». Un court livre écrit lorsque l’autrice apprend la mort de son père au Nigeria en juin 2020. Elle ne peut s’y rendre avec la pandémie et est encore plus impactée par cette nouvelle. C’est un texte très fort où les émotions de l’autrice transparaissent. Un texte dur sur la mort, le deuil et les conventions sociales qui en découlent.

Notes sur le chagrin, Ed. Gallimard, 9,90 euros, 98 pages.

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