Le Grand Soir / Gwenaël Bulteau

La disparition d’une jeune fille de bonne famille dans le Paris du début XXème siècle.

Le livre débute en janvier 1905 avec l’enterrement de Louise Michel, une façon de rappeler que les acquis quel qu’il soit sont fragiles. L’auteur l’explique très bien dans une interview avec Patrick Cagnelotti dans son émission « Des polars et des notes ». Comme dans l’excellent « La République des faibles », on fait aussi un bon en arrière au début du XXeme siècle dans « Le Grand Soir ». Une jeune femme de bonne famille Jeanne Desroselles disparaît lors de cet enterrement et un an plus tard, sa cousine Lucie Desroselles décide d’entreprendre ses propres recherches de son côté. Elle découvre un Paris où la révolte gronde que ce soit pour les droits des femmes ou pour les droits des travailleurs. En parallèle, le lecteur découvre François un ouvrier régulièrement gréviste qui fait des petits boulots par ci par là pour arrondir ses fins de mois. L’auteur construits des personnages réalistes et attachants et qui se retrouvent face à leurs contradictions tout au long du bouquin. Gwenaël Bulteau mène vraiment bien sa barque et comme dans son précédent roman, à peine démarré on est au coeur de l’époque et des troubles qui l’agitent.

Le Gand Soir, ed. La Manufacture de livres, 20,90 euros, 368 pages.

Nickel Boys / Colson Whitehead

Une maison de correction en Floride dans les 60’s devient le sombre reflet de la société ségrégationniste américaine.

Colson Whitehead s’inspire d’une histoire vraie pour mettre en scène une maison de correction appelée la Nickel Academy. Un établissement qui « remet les hommes dans le droit chemin ». La population réserve aux noirs un traitement tout particulier dans la Floride ségrégationniste des années 60, et la Nickel Academy ne fait pas exception. A l’intérieur même de la maison de correction, les traitements entre les blancs et les noirs sont différents. De son côté, le jeune Elwood Curtis réussit sa scolarité et tout en s’inspirant des discours de Martin Luther King, se dirige à son rythme vers l’université pour la suite de ses études afin de continuer ses réflexions. Malheureusement les choses vont rapidement se compliquer lorsqu’il est victime d’une erreur judiciaire qui l’envoie dans la Nickel Academy. Ces espoirs douchés, il tente de survivre dans un endroit qui fait subir les pires atrocités à ses pensionnaires. Il y rencontre Turner, un autre résident avec qui il va se lier d’amitié dans cet enfer.

Ce roman est porté par le très beau personnage d’Elwood, doté d’une capacité de résilience hors norme et qui tente de garder sa dignité malgré le racisme qu’il subit et qui règne dans l’État de Floride. C’est aussi un roman sur une amitié forte entre Turner et Elwood, qui ne sont pas toujours d’accord sur les façons d’agir mais qui se soutiennent. Colson Whitehead écrit une fiction qui remue et qui lève le voile sur une face cachée de l’Amérique.

Nickel Boys, ed. Le livre de poche, 7,40 euros, 264 pages.

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