La prochaine que tu mordras la poussière / Panayotis Pascot

Le récit de soi et d’une relation au père.

En revenant sur son parcours et sur sa relation à son père, Panayotis Pascot écrit un récit autobiographique dans lequel chaque mot est pesé. L’auteur est un fin observateur de nos comportements et ça se sent. Que ce soit lorsqu’il revient sur son enfance ou sur ses premières découvertes de la sexualité, Panayotis Pascot se livre sans détour en choisissant l’image juste, en mettant en évidence le ressenti qu’il a perçu à ce moment-là de sa vie. Il est aussi question de nos contradictions, à commencer par les siennes. Ce récit plein de lucidité touche le lecteur, notamment cette relation à son père qui évolue, mais qui est loin d’être simple. Passer à l’écriture, poser des mots sur ses sentiments, il a très tôt procédé de la sorte et cela fonctionne très bien dans « La prochaine fois que tu mordras la poussière ». Après avoir travaillé pour la télé puis après avoir tourné avec son spectacle, l’humoriste prend le temps de s’arrêter sur sa vie, sur ses épreuves. Le temps de l’écriture a toute son importance. La lecture est fluide et on prend beaucoup de plaisir à suivre les pensées de ce narrateur qui se cherche.

extrait : « Moi aussi j’avais cet équilibre « ça ne sort pas, ça ne rentre pas ». Puis j’ai décidé de me battre contre. J’ai commencé à vouloir faire l’inverse de mon père, à vouloir tout faire sortir. Et j’ai choisi ce métier. Parler de soi, tout le temps, partout. Vider son sac, sur scène, à la télé, dans un bouquin. Ça me fait du bien, ça m’aide à me comprendre, à me sentir, à me constater, comme on constate un accident. On voit là où il y a des dégâts puis on essaie de combler, de repeindre, de réparer. On répare mieux quand c’est dehors, quand c’est visible, concret. »

La prochaine fois que tu mordras la poussière, ed. Stock, 19,50 euros, 240 pages.

Et par endroits ça fait des nœuds / Camille Reynaud

Une autofiction où la maladie de l’autrice l’amène à expérimenter différentes formes d’écriture.

Camille Reynaud est en voyage en Espagne à 23 ans lorsqu’elle est touchée par un AVC. Elle va alors entamer un long parcours de soins et en même temps une réflexion sur sa nouvelle condition, notamment un nouveau rapport à son corps. Ce livre est le fruit de cette réflexion et est écrit dans sa forme avec beaucoup d’originalité. En effet l’autrice choisit l’autofiction pour relater ce qu’elle a traversé. Elle se documente et ne s’arrête pas à retranscrire simplement ce qu’elle vit. Cela donne un mélange où l’on croise des documents, des morceaux de brèves journalistiques, des anecdotes ou encore des références livresques, d’Amandine Dhée à Maylis De Kerangal en passant par le Lambeau de Philippe Lançon. De nombreuses lectures étayent son récit et c’est aussi intéressant de découvrir par ce biais de nouveaux textes.

Ce livre est une façon pour elle d’appréhender ce qu’elle a vécu et Camille Reynaud ne cache pas d’ailleurs ses expérimentations, notamment sur son écriture, un autre point intéressant qu’elle questionne. À l’arrivée ça donne un texte singulier dans sa forme et qui touche le lecteur par la sincérité de son propos.

Et par endroits ça fait des nœuds, Ed. Autrement, 16,90 euros, 320 pages.

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