Toujours vivantes / Nicolas Leclerc

La trajectoire de deux jeunes migrants Guinéens qui tentent de rejoindre l’Angleterre.

Sékou et Aïssatou tentent de traverser la France pour rejoindre un proche en Angleterre. Partis de Guinée, on retrouve au début du roman les deux personnages à leur arrivée en France dans la région de Nice. On se rend compte rapidement de l’enfer qu’ils traversent depuis leur départ de Guinée. Nicolas Leclerc alterne les chapitres avec des retours en arrière qui retracent l’histoire des deux jeunes guinéens puis des chapitres en France au présent où l’on suit la suite de leur parcours. Un parcours semé d’embuches dans lequel Sékou et Aïssatou vont rencontrer un racisme crasse et une politique migratoire écœurante. Leur origine et leur statut de migrant agissent comme une double sanction. Sans parler de leur jeunesse qui les rend encore plus malléables. Ils vont pourtant faire preuve d’une force de caractère hors du commun.

La suite prend la forme d’une longue fuite en avant. On se retrouve au carrefour du roman noir et du thriller dans ce troisième livre de Nicolas Leclerc. Un auteur qui construit toujours aussi bien ses intrigues et qui ne lâche pas son lecteur. La documentation conséquente permet de mettre en évidence une économie souterraine sous différents angles. Celle des passeurs, celle des hommes qui profitent de la détresse des migrants. Mais il y a aussi dans ce roman aux thèmes multiples des questions autour des violences envers les femmes, de la réception de leur discours dans les commissariats notamment. Malgré les différents thèmes traités, rien n’est laissé au hasard et Nicolas Leclerc écrit un roman noir prenant. Un grand merci à Babelio pour la découverte de ce nouveau titre de l’auteur, qui paraitra le 25 mars.

Toujours vivantes, ed. Seuil, coll. Cadre noir, 19 euros, 352 pages.

Nickel Boys / Colson Whitehead

Une maison de correction en Floride dans les 60’s devient le sombre reflet de la société ségrégationniste américaine.

Colson Whitehead s’inspire d’une histoire vraie pour mettre en scène une maison de correction appelée la Nickel Academy. Un établissement qui « remet les hommes dans le droit chemin ». La population réserve aux noirs un traitement tout particulier dans la Floride ségrégationniste des années 60, et la Nickel Academy ne fait pas exception. A l’intérieur même de la maison de correction, les traitements entre les blancs et les noirs sont différents. De son côté, le jeune Elwood Curtis réussit sa scolarité et tout en s’inspirant des discours de Martin Luther King, se dirige à son rythme vers l’université pour la suite de ses études afin de continuer ses réflexions. Malheureusement les choses vont rapidement se compliquer lorsqu’il est victime d’une erreur judiciaire qui l’envoie dans la Nickel Academy. Ces espoirs douchés, il tente de survivre dans un endroit qui fait subir les pires atrocités à ses pensionnaires. Il y rencontre Turner, un autre résident avec qui il va se lier d’amitié dans cet enfer.

Ce roman est porté par le très beau personnage d’Elwood, doté d’une capacité de résilience hors norme et qui tente de garder sa dignité malgré le racisme qu’il subit et qui règne dans l’État de Floride. C’est aussi un roman sur une amitié forte entre Turner et Elwood, qui ne sont pas toujours d’accord sur les façons d’agir mais qui se soutiennent. Colson Whitehead écrit une fiction qui remue et qui lève le voile sur une face cachée de l’Amérique.

Nickel Boys, ed. Le livre de poche, 7,40 euros, 264 pages.

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