Le Livre de l’Una / Faruk Sehic

Une biographie teintée de mélancolie, à l’écriture unique.

À la faveur d’une séance d’hypnose, un vétéran de la guerre de Bosnie (1992-1995) revoit ses souvenirs ressurgir. Au fil de sa plume on découvre une enfance, une vie qui s’apprête à croiser la guerre, une vie dans laquelle l’eau et plus particulièrement le fleuve de l’Una revêt une importance particulière. L’écriture est là tout au long du bouquin comme pour panser une plaie. Une plaie qui cicatrise difficilement suite à cette guerre civile, à une confrontation avec la violence. « Le livre de l’Una » est un très beau bouquin à la langue unique, une biographie qui retranscrit comme rarement les émotions et les sensations de l’auteur. J’avais quelques réserves sur la forme avec la séance d’hypnose et finalement on se laisse complètement porter par cette langue pour découvrir un pays et un conflit assez méconnu. Un livre comme une charge contre la guerre, contre son absurdité. J’ai rarement lu un livre qui restitue avec cette justesse les conséquences d’un conflit, la condition de soldat.

extraits : « Vu le nombre de mes blessures dans lesquelles on ne peut jeter un œil qu’à la nuit tombée, car la nuit ne trahit pas les secrets, je passe très vite à la suivante. »

« Les éclats d’obus dans les arbres croissent en même temps que le tissu du bois, seuls les animaux craignent la mort comme les hommes. Les oiseaux s’envolent vers des lieux plus sûrs, vers l’arrière apaisant. »

Le Livre de l’Una, ed. Agullo, 22,50 euros, 248 pages.

Paris-Brest / Tanguy Viel

Une lutte des classes au sein même d’une famille.

On entre dans l’intimité d’une famille dans ce roman de Tanguy Viel. Un roman étonnant qui tend vers le roman noir, dans lequel une famille se délite et où l’un des deux fils est le narrateur de l’histoire. C’est bien amené lorsque l’auteur aborde les relations entre parents et enfants. Tout commence à Brest lorsqu’un vieux bonhomme décide de léguer à la grand-mère du narrateur toute sa fortune après sa mort. 18 millions. Rien que ça. Le lecteur n’a plus qu’à découvrir ensuite les non-dits et autres secrets qui vont découler de cet évènement. Chacun se jauge et cherche à savoir ce que l’autre pense. Les personnages sont réussis à commencer par le narrateur qui décide de coucher tout cela sur papier pour y voir plus clair. On se retrouve alors avec une histoire dans l’histoire. Tanguy Viel écrit avec Paris-Brest un roman prenant et malin.

Paris-Brest, ed. de Minuit, 14,20 euros, 192 pages.

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