Grand seigneur / Nina Bouraoui

Un livre émouvant sur la relation entre l’autrice et son père.

Nina Bouraoui écrit dans « Grand Seigneur » avec beaucoup de justesse sur la relation avec son père, une figure paternelle qui a eu beaucoup d’importance dans sa vie. Une influence parfois ambivalente, complexe, mais une influence certaine en participant par exemple au lien avec l’Algérie de son enfance. Le livre débute sur une période de sa vie dans laquelle la mort de son père approche. Une période qu’elle a traversée et qui a vu son père hospitalisé en soins palliatifs à Paris, dans la maison médicale Jeanne Garnier du 15e arrondissement de Paris. L’autrice décode au fil de l’hospitalisation comment les souvenirs reviennent durant ces dix jours. C’est aussi un livre qui saisit comme rarement l’atmosphère d’un service en soins palliatifs, qui pose des mots sur les souffrances, les relations, les soins qui traversent une telle unité. Elle croise des soignants, des patients, cherche à comprendre ce qui se joue dans ce lieu si proche de la mort et en même temps singulier sur de nombreux points. « Grand Seigneur » est un récit chargé en émotion, sans détour, qui renvoie à plusieurs reprises à notre rapport à la mort. Un très beau texte.

Grand seigneur, ed. JC Lattès, 20,90 euros, 250 pages.

Les gratitudes / Delphine de Vigan

Les mots et les maux.

Je ne serais pas allé naturellement vers ce genre de livre à l’époque où je dévorais des polars à la suite et ça aurait été dommage. Cette lecture est un très bon moment. Ce roman à l’écriture concise et aux chapitres courts, aborde des thèmes que j’ai trouvés très touchants.

Une femme âgée en maison de retraite se retrouve en difficulté avec sa voix et avec la parole (elle inverse des mots, buttent sur certains, perd la mémoire). Elle va alors rencontrer deux personnes qui vont l’aider à surmonter ses difficultés. C’est un livre qui aborde la fin de vie, le quotidien des personnes âgées en maison de retraite mais aussi la vie des soignantes, des soignants et des proches. L’ensemble de ces thèmes est important pour moi pour diverses raisons et ce n’est bien sûr pas étranger au fait que j’ai beaucoup apprécié cette lecture. Les dialogues très bien sentis touchent et restituent l’atmosphère de cette maison de retraite. Les chapitres sont écrits en étant dans la tête d’un des personnages, une idée maîtrisée par l’autrice et qui sert à merveille le propos. On peut aussi discerner plusieurs lectures, avec une réflexion sur la fin de vie (et ce que représenterait un soin palliatif par exemple) mais aussi une réflexion sur la maladie ou encore sur le pouvoir des mots, de la langue, des échanges entre générations.

Et oui, tout ça à la fois. Parfois les lectures courtes et qui apparaissent peu denses au premier abord le sont en réalité bien plus qu’on ne le pense.

Les gratitudes, ed. JC Lattès, 17 euros, 192 pages.

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