Dernière station avant l’autoroute / Hugues Pagan

Le classique de Pagan, pur roman noir.

Un député est retrouvé mort dans sa chambre d’hôtel. L’homme s’est suicidé et a laissé derrière une lui une disquette avec des données importantes que personne ne retrouve. Le commandant divisionnaire du 12ème arrondissement de Paris et qui travaille de nuit se rend sur les lieux et s’occupe de cette affaire. Malheureusement ces données vont attirer toutes les convoitises et elles demeurent introuvables. Le commandant devient une cible lorsque l’on apprend qu’il est arrivé le premier sur les lieux et qu’il a potentiellement embarqué avec lui cette fameuse disquette (une autre époque). L’intrigue n’est pas forcément des plus originales mais tout le sel des romans d’Hugues Pagan ne se trouve pas là. L’auteur écrit avec des images marquantes et campe comme dans « Le carré des indigents » son dernier roman noir en date, une ambiance pesante et poisseuse. Son personnage a bien d’autres problèmes à traiter que cette histoire de disquette et l’on apprend à le connaître au fil du roman. Un homme désabusé, torturé, en quête de sens dans son quotidien et mélomane à ses heures perdues. Un homme qui connaît comme personne la misère humaine et qui décèle avec une acuité rare les parts d’ombre chez ses interlocuteurs. Il travaille de nuit et ça lui va très bien. Il est embarqué à son insu dans cette histoire de disquette et même si au début il en a strictement rien à faire, les choses ne vont pas se simplifier pour lui. « Dernière station avant l’autoroute » est un polar bien sombre, plein de poésie dans lequel on retrouve le ton unique et travaillé de Pagan.

Dernière station avant l’autoroute, ed. Rivages, coll. Rivages noir, 8,50 euros, 432 pages.

Un hiver de glace / Daniel Woodrell

L’aînée de la famille tente de retrouver son père pour survivre avec ses deux petits frères et sa mère malade.

À la suite de l’entretien entre Cunégonde de la Haute et Émeric Cloche sur Instagram, j’ai découvert ce roman noir de Daniel Woodrell. J’avais déjà entendu de très bons retours sur l’auteur au détour d’une ancienne interview de François Guérif.

Dans ce polar rural on suit une jeune fille qui tente de retrouver son père. La jeune aînée de 16 ans élève ses deux frères et s’occupe de sa mère qui est atteinte de troubles psychiques. Elle doit retrouver son père qui va et vient et qui est rarement chez eux (la famille sait rarement ce qu’il trame). Ce dernier est convoqué par le tribunal pour une affaire de drogue et Ree doit le retrouver car s’il ne répond pas à cette convocation, la maison pourrait être enlevée à la famille et la mise en liberté conditionnelle du père levée.

On est dans le vif du sujet dès le début en se représentant les Ozarks où se déroule l’histoire. Daniel Woodrell décrit très bien l’ambiance de cette région unique et j’ai été frappé par la justesse des images qui se dégagent des (courtes) descriptions. La neige, la solitude des habitants dans certaines vallées ou la rudesse du climat. On sent tout de suite que la quête de la jeune fille ne va pas être de tout repos. À la manière d’un Benjamin Whitmer ou d’un David Vann, Woodrell s’attarde sur ces familles isolées dans un monde rural qui les isole encore plus. Des phrases courtes et des tournures sans fioritures permettent à l’intrigue d’avancer irrémédiablement. Je ne regrette pas d’avoir dégoté ce Rivages noir, un sombre roman qui n’épargne rien à ses personnages.

Traduction de Frank Reichert.

Un hiver de glace, ed. Rivages noir, 8,15 euros, 224 pages.

Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer