Presqu’îles / Yan Lespoux

Tribulations dans un médoc sombre et loin des cartes postales.

Ce recueil de nouvelles paru chez Agullo et une très belle surprise. Je suis lecteur du blog dédié au roman noir de Yan Lespoux depuis des années et j’étais curieux de voir ce que ça allait donner. On peut tout de suite dire que c’est réussi. Le lecteur est plongé dans une région de la France. Yan Lespoux écrit sur les marginaux et sur les habitants qui sont là toute l’année. Il porte son regard sur les campagnes reculées et les bords de mer loin des touristes. On sent l’influence d’autres auteurs de nouvelles comme Larry Brown. Hervé Le Corre prend le temps de détailler ces influences dans sa préface. On passe du tragique à la beauté, d’un texte à l’autre et le tout compose un très bon recueil. Pour celles et ceux qui apprécient le polar rural à la mode américaine, n’hésitez pas à vous pencher sur ce petit bouquin pour retrouver des similitudes, mais dans une région française. À noter le travail éditorial soigné des éditions Agullo sur un format que je trouve vraiment intéressant.

Presqu’îles, ed. Agullo, 11,90 euros, 184 pages.

La proie / Deon Meyer

Une nouvelle enquête de Benny Griessel et Vaughn Cupido entre Le Cap et Bordeaux.

Afrique du Sud. Le Cap. Un cadavre est retrouvé le long d’une voie ferrée où un train de luxe passe régulièrement. Ce cadavre est celui d’un ancien des services où travaillent Benny Griessel et Vaughn Cupido. Les deux compères, personnages récurrents chez Deon Meyer, font partie de la brigade des Hawks et s’occupent des affaires criminelles. Ils se retrouvent à enquêter sur ce cas épineux. Est-ce un suicide ? Un assassinat ? En parallèle à cela, un mystérieux personnage tente de se construire un quotidien banal à Bordeaux en France, en faisant table rase du passé. Un passé où il a été un ancien combattant de la branche militaire de l’ANC (l’African National Congress), autrement dit un agent de la lutte armée contre l’Apartheid.

Deux intrigues pour deux histoires qui cheminent de chapitres courts en chapitres courts comme souvent chez Deon Meyer. Les péripéties se déroulent en Afrique du Sud et en France, ce qui rend dynamique le récit. C’est efficace, prenant, avec jusque ce qu’il faut d’action sans être transcendant non plus dans les dialogues et dans les vannes. L’auteur aime toujours autant son pays mais ne peut s’empêcher de porter un regard désabusé, notamment sur sa politique.On sait à quoi s’attendre chez Deon Meyer et pourtant on se laisse porter et on y retourne. La recette est connue, certains clichés sont là et pourtant ça fonctionne. Un bon petit polar.

La proie, ed. Gallimard, coll. Série Noire, 18 euros, 576 pages.

Traverser la nuit / Hervé Le Corre

Un polar très sombre sur les violences faites aux femmes.

Sombre et poisseux, le dernier roman noir d’Hervé Le Corre met une jolie claque lors de sa lecture. Une jeune femme, Louise, élève seule son fils et tente de survivre à un compagnon violent qui revient inlassablement l’agresser. Jourdan de son côté, commandant de police de son état, enchaîne les affaires sordides où des femmes sont les victimes d’hommes violents et sans scrupules, que ce soit dans le cadre de violences conjugales ou dans le cadre de proxénétisme. Le commandant est désabusé et marqué par ces affaires qui se suivent et qui finissent par l’affecter. Pourtant il ne peut s’empêcher de laisser affleurer une colère sourde à chaque affaire qu’il rencontre, une colère sourde contre ces hommes qui prennent les femmes pour des moins que rien. Un des personnages qui n’est autre que le tueur va encore plus loin dans cette aversion pour les femmes. Le commandant s’engage alors dans une enquête à rebondissements qui va révéler de nombreuses zones d’ombres.

Hervé Le Corre n’a pas son pareil pour camper une scène, une atmosphère. Les phrases concises font apparaître des images aux lecteurs en quelques lignes et c’est fort. Les personnages ne sont pas en reste et construit sans manichéisme, ils font preuve d’ambiguïté dans leurs décisions et dans leurs actions.

Ce polar est plus que recommandable. Si vous ne connaissez pas la plume de cet auteur il ne faut pas hésiter une seconde.

Traverser la nuit, ed. Rivages, 20,90 euros, 320 pages.

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