De purs hommes / Mohamed Mbougar Sarr

Un roman poignant sur la quête d’une identité dans la société sénégalaise.

Ndéné Gueye est professeur de lettres au Sénégal et il a du mal à trouver du sens dans ce qu’il fait. Il est déçu par le décalage entre l’image qu’il se fait de la profession et la réalité. Il est aussi désabusé lorsqu’il voit la société dans laquelle il vit et dans laquelle il a du mal à se retrouver. Une société aux avis tranchés et où la tolérance n’est pas le maître mot, à commencer par celle de son père. Un jour il tombe sur la vidéo virale d’un cadavre qui est déterré d’un cimetière par un groupe. Perplexe dans un premier temps, il finit par découvrir que l’homme en question est homosexuel et stigmatisé pour ça. A-t-il été déterré en raison de son orientation sexuelle ? Pourquoi de tels extrêmes ? Le personnage principal va petit à petit développer une obsession pour cette histoire derrière la vidéo. Il se questionne alors sur l’identité de jeune homme et finit par questionner la sienne. « De purs hommes » est un très beau roman sur la construction d’une identité, sur la lutte pour vivre comme on l’entend dans une société qui ne le permet pas. On retrouve la plume de Mohamed Mbougar Sarr qui fait sonner le tout avec beaucoup de justesse. Je m’attendais pas un tel souffle dans ce court roman de l’auteur, je vous le conseille sans hésiter.

De purs hommes. Ed. Le livre de poche, 7,70 euros, 192 pages.

Tibi la blanche / Hadrien Bels

Radiographie d’un quartier de Dakar à travers les voix de trois lycéens.

Ce roman c’est l’histoire de Tibi la blanche et de ses deux compères, Issa qui veut devenir styliste et Neurone qui a un temps d’avance en cours au lycée et un avenir (doré) tout tracé dans l’entreprise de son père. Tout se passe dans la banlieue de Dakar, peu de temps avant les résultats du bac. Les lycéens commencent à se faire des films sur l’avenir, mais commencent aussi à voir leurs amitiés chamboulées par cet avenir justement. Chacun va alors prendre un chemin de gré ou non, à commencer par Tibi qui souhaite étudier en France, mais qui va se rendre compte que les choses ne vont pas être si simples. Issa de son côté ne jure que par les marabouts et il veut se faire un nom dans le monde de la mode et compte bien ne pas y renoncer malgré des résultats scolaires tout juste. Neurone enfin, ultra privilégié à la base, se rend compte que son parcours tout tracé va l’éloigner de son trio et notamment de Tibi, alors qu’il n’a des yeux que pour elle. Hadrien Bels à travers une langue rythmée et imagée, dresse les portraits d’une jeunesse Dakaroise contemporaine. C’est un plaisir de retrouver le ton de l’auteur comme dans « Cinq dans tes yeux ». Les dialogues ne sont pas en reste et sonnent juste. On découvre l’envers du décor et l’histoire du Sénégal, notamment un passé colonial qui laisse des traces. Un bouquin qui offre la photographie d’une jeunesse sénégalaise avec beaucoup de réalisme.

Tibi la blanche, ed. L’Iconoclaste, 20 euros, 256 pages.

La plus secrète mémoire des hommes / Mohamed Mbougar Sarr

2018, un écrivain en herbe met la main sur un manuscrit oublié à Paris et se met en tête de retrouver son auteur.

Un mystérieux manuscrit et son auteur que personne n’a vu depuis bien longtemps sont au centre de ce singulier roman. Un roman qui aborde à la fois une réflexion sur l’écriture et la littérature tout en permettant au lecteur de suivre la quête de Diégane Latyr Faye un écrivain en herbe. La quête d’un mystérieux auteur qui va le faire voyager d’Amsterdam au Sénégal en passant par Buenos Aires. J’ai trouvé très intéressants les passages où Diegane et les personnages qu’il rencontre dans sa quête les amènent à digresser avec un regard aiguisé sur le monde. Les saillis sur l’écriture notamment sont à méditer. Ces regards portent sur les relations humaines (la relation parents/enfant au fil du temps, l’amour dans un couple, l’amitié, le poids des traditions) mais aussi sur l’importance de la littérature dans une vie, qui peut parfois sembler bien futile. J’ai pourtant rencontré quelques difficultés à entrer dans ce roman de Mohamed Mbougar Sarr, qui part à certains moments dans tous les sens. J’avais peut peut être trop d’attente mais je n’ai finalement pas été plus emporté que cela. Pas évident de savoir exactement pourquoi.

La plus secrète mémoire des hommes, ed. Philippe Rey, 22 euros, 448 pages.

Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer