Les Portes étroites / Simon François

Un roman noir qui dépote, des plateaux de cinéma aux intérêts d’une grande firme pharmaceutique.

Une intrigue bien retorse avec des personnages qui traînent leur lot de casserole, mais qui rêvent d’une vie meilleure, c’est le genre d’atmosphère qui se dégage d’un roman noir comme celui de Simon François. De la jeune journaliste qui cherche à travailler pour un média d’investigation malgré ses addictions, au vieux musicos en bout de course qui travaille sur des plateaux de cinéma, chacun a ses raisons, chacun a son passé, mais l’objectif est de continuer à avancer coûte que coûte. Ajoutez à cela des bandits de premier ordre, plus ou moins importants dans les hautes sphères du pouvoir et l’on obtient un polar rythmé aux dialogues qui sonnent. C’est souvent une bonne idée d’aller piocher du côté des éditions du Masque, on y retrouve des romans noirs sombres et qui percutent, un peu à la manière d’un Jacky Swartzmann ou d’un Benjamin Dierstein.

Les Portes étroites, ed. du Masque, 20 euros, 264 pages.

Inestimable / Zygmunt Miloszewski

Un récit haletant et rythmé qui fait voyager de Paris à Abidjan.

Tout démarre dans une quête à la Indiana Jones. Zofia est une directrice de musée de renom qui va s’associer en début de roman à Bogdan, un scientifique taciturne et mystérieux. Les deux personnages se lancent dans une aventure qui débute sur l’île de Sakhaline, un environnement plutôt hostile, et qui doit permettre de mettre la main sur une collection d’artefacts. Le lecteur se retrouve petit à petit au milieu d’un conflit de plus grande ampleur entre grandes firmes pharmaceutiques et des scientifiques indépendants. Ce polar rythmé et très bien documenté permet de faire le plein de péripéties en tout genre, d’une attaque de pirate en pleine mer à une drôle de de rencontre avec un ours en passant par une course poursuite en plein Paris. On ne s’ennuie pas une seconde sans tomber dans certains clichés sur les scènes d’action. Zygmunt Miloszewski recoupe plusieurs thématiques contemporaines dans son bouquin, notamment des réflexions intéressantes sur l’espérance de vie, la maladie ou le climat. L’auteur a le bon dosage je trouve entre action et scènes plus posées. « Inestimable » est une belle surprise, un polar haletant teinté d’humour noir.

Inestimable, ed. Fleuve Noir, 21,90 euros, 492 pages.

Le Gibier / Nicolas Lebel

Un polar très bien construit qui se joue du lecteur du début à la fin.

Yvonne Chen et Paul Starski forment un duo détonnant. Le commissaire Starski est empêtré dans ses affaires personnelles d’un côté, de la maladie de son chien à des relations compliquées avec sa femme. Tandis que de l’autre, Chen est une policière taciturne et d’un pragmatisme à toutes épreuves, qui vit sa vie comme elle l’entend. Un personnage que je trouve particulièrement réussi, qui n’hésite pas à mettre les pieds dans le plat et qui ramène son coéquipier sur terre dans l’enquête qui va les occuper. Les deux protagonistes sont appelés au début du roman dans un appartement où se déroule une prise d’otage. La prise d’otage dégénère et deux hommes sont retrouvés morts à l’intérieur. C’est à partir de là que Nicolas Lebel entraîne le lecteur de rebondissements en rebondissements dans une enquête bien plus complexe qu’elle n’en a l’air. Des intérêts des grands labos pharmaceutiques à des éléments liés à l’Apartheid en Afrique du Sud en passant par la chasse à courre, le duo n’est pas sorti des ronces. Et il faut reconnaître que l’auteur a beaucoup de talent pour mener le lecteur par le bout du nez. Starski perd pied dans cette enquête qui va le toucher personnellement et Chen tente de surnager pour deux. On pense savoir où l’enquête se dirige et à chaque fois on se plante complètement. Un excellent polar.

Le Gibier, ed. du Masque, 21,90 euros, 396 pages.

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