Le passeur / Stéphanie Coste

Un passeur de la frontière Libyenne voit ressurgir son passé en Érythrée lors d’un évènement inattendu.

Au cœur des trafics où les passeurs gagnent beaucoup d’argent en organisant les traversées des migrants jusqu’en Italie, Stéphanie Coste écrit un court roman en forme d’uppercut, rythmé. Dans une langue économe et sans détour, l’autrice dresse un portrait réaliste d’un commerce où l’humanité a déserté. En arrière plan on y distingue des pays abimés notamment par les guerres (entre l’Éthiopie et l’Érythrée par exemple) qui favorisent ces passages.

Seymoun est passeur sur la côte Libyenne et son commerce fonctionne jusqu’au jour où un passé inattendu refait surface lors de l’organisation d’un énième passage. Un évènement le ramène dans le passé et sa carapace face aux émotions vacillent. Les souvenirs le submergent et font volet en éclat le sinistre quotidien qu’il a construit. On comprend petit à petit lors de plusieurs flash back dans le roman que Seymoun a perdu sa famille à cause de la dictature en Érythrée, qu’il a séjourné dans l’ancienne base militaire de Sawa avant de devenir passeur ou encore qu’il a eu une relation à l’époque qu’il peine à oublier. Stéphanie Coste livre une réflexion en sous texte sur les différents acteurs qui participent aux passages et parfois il suffit d’un rien pour faire ressurgir un semblant d’humanité ou un passé meurtri. Un récit important, toujours d’actualité.

Le passeur, ed. Gallimard, 12,50 euros, 136 pages.

Laisser un commentaire

Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer