L’Ile de Yule / Johana Gustawsson

Un manoir avec ses secrets sur une petite île suédoise, pas de doute on est bien sur un bon petit polar.

Emma Lindahl se rend sur une ile non loin de Stockholm pour estimer les biens d’une richissime famille. Des biens qui valent une fortune et qui sont accumulés dans le manoir de la famille en question. Le cadre idéal pour que les choses dérapent et qu’une intrigue prenne racine. Une femme a été retrouvée morte pendue il y a neuf ans dans le domaine et lorsqu’Emma se rend sur place pour estimer les biens, une nouvelle femme est retrouvée noyée non loin de là, ce qui laisse à penser que l’assassin rôde toujours. Karl, un commandant mis sur la première affaire il y a neuf ans remet le nez dans l’enquête lorsque la deuxième victime est retrouvée. Johana Gustawsson écrit un pur thriller, très bien construit et qui s’avère être une belle surprise dans l’efficacité avec laquelle il embarque le lecteur. Les chapitres courts défilent et on se doute que les faux semblants ne sont pas bien loin, ce qui n’empêche pas de poursuivre. Sans être forcément un roman qui se démarque par son originalité, « L’ile de Yule » fonctionne très bien et offre un bon moment de lecture pour celles et ceux qui aiment les ambiances mystérieuses dans les manoirs qui le sont tout autant.

L’Ile de Yule, ed. Livre de poche, 8,90 euros, 336 pages.

Libre comme l’air / Sara Lövestam

Un versant plus sombre de la capitale suédoise.

Un peu comme chez Sara Gran et sa détective de La Nouvelle-Orléans Claire DeWitt, on retrouve dans « Libre comme l’air » de Sara Lövestam un détective privé pas comme les autres. Kouplan est demandeur d’asile et sans domicile fixe, il tente de survivre au jour le jour et pour gagner un peu d’argent, il rend des services en menant de petites enquêtes. Kouplan est doté d’une empathie développée et on s’attache très vite à ce personnage qui s’agrippe tant bien que mal à ce que la ville de Stockholm lui propose. C’est-à-dire pas grand-chose puisque les procédures pour les demandes d’asile sont complexes et pleine d’embuches. On découvre aussi un passé en Iran qui donne de l’épaisseur au personnage et qui amène d’autres questionnements au fil de l’histoire.

Dans cette nouvelle enquête, Kouplan est amené à suivre un mari qui est suspecté par sa femme d’avoir une relation. Toute la question pour le jeune détective de 26 ans est de lever le voile sur les agissements du mari. Sara Lövestam a une façon bien à elle de monter l’intrigue et cela permet de dévoiler les facettes les moins reluisantes de la société suédoise, mais aussi de notre monde plus globalement. On fait la connaissance d’un nouveau personnage qui sort des sentiers battus et rebattus du roman noir. Les questionnements abordés par l’autrice sont rarement rencontrés dans le genre. Pour la première lecture de l’année, c’est une belle découverte qui mérite qu’on s’y attarde. Un réel plaisir de lecture.

extrait : « Vivre, c’est construire, disait son voisin. Brique après brique. C’est ce qui procure de la satisfaction. Kouplan ne sait pas ce qu’il construit. Si, un corps de plus en plus masculin et poilu, un visage de plus en plus anguleux. Mais sa vie n’est qu’un flottement dans une étendue d’eau indéfinie, sans fond sur lequel rebondir. Son filet de sécurité – ses parents à Téhéran – est désormais rompu. Et quand il se permet d’éprouver un quelconque sentiment, il a l’impression de dériver loin, très loin. »

Libre comme l’air, ed. Pocket, 7,95 euros, 398 pages.

3 heures / Anders Roslund

Un page-turner efficace.

Le commissaire Suédois Ewert Grens fait une découverte macabre à Stockholm. De son côté, le mercenaire Piet Hoffmann pense en avoir terminé avec une mission de sécurité et il va enfin pouvoir retrouver sa famille pour deux semaines. Sauf que non. Ce serait trop simple. La découverte macabre du commissaire va déclencher une série de péripéties que ni l’un ni l’autre n’a anticipées.

Direction « 3 heures », le thriller d’Anders Roslund édité chez Mazarine (très belle couverture au passage). Un roman rythmé et très bien ficelé. Le lecteur fait défilé les chapitres et on a une furieuse envie de savoir la suite, que l’on s’attache ou non aux personnages.

Le thème des réfugiés nous fait réfléchir sur la situation actuelle dans nos sociétés. J’ai retrouvé dans ce roman une façon de mêler réalité et fiction de manière efficace. Un peu à la manière d’Olivier Norek dans « Entre deux mondes » qui était aussi une belle découverte. Thriller ou roman noir, là n’est pas la question et Roslund dévoile toutes les facettes d’un trafic d’être humain dans ce roman avec ses paradoxes, ses personnages détestables ou encore ses enjeux politiques. Le livre peut se lire indépendamment des deux précédents (« 3 secondes » et « 3 minutes » car il fait partie d’une trilogie). Je vous le conseille !

3 heures, ed. Mazarine, 22,90 euros, 448 pages.

Traduit du suédois par Philippe Bouquet et Catherine Renaud.

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